Tokyo (awp/afp) - La croissance du Produit intérieur brut (PIB) du Japon a ralenti à 0,3% au troisième trimestre, signant néanmoins un septième trimestre d'expansion d'affilée avec le soutien des exportations, selon des chiffres préliminaires publiés mercredi par le gouvernement.

Le Japon, troisième économie mondiale longtemps freinée par la déflation, connaît ainsi sa plus longue période de croissance ininterrompue depuis plus de 16 ans.

La progression du PIB de juillet à septembre par rapport au trimestre précédent est toutefois légèrement en-deçà des attentes des économistes du consensus Bloomberg, qui escomptaient une hausse de 0,4%. Elle avait aussi été plus robuste au deuxième trimestre (+0,6%).

En rythme annualisé, l'activité économique au troisième a progressé de 1,4%.

"Globalement, l'économie japonaise se dirige vers une reprise graduelle", a commenté auprès de l'AFP Yoshiki Shinke, économiste en chef au Dai-ichi Life Research Institute.

La croissance de juillet à septembre a été essentiellement portée par les exportations de biens et services, qui ont augmenté de 1,5%, alors qu'elles avaient diminué entre avril et juin. Les investissements non-résidentiels des entreprises ont eux aussi augmenté (+0,2%), quoique à un rythme plus faible qu'au deuxième trimestre.

Mais le PIB nippon a été pénalisé par une rechute de la consommation des ménages (-0,5%), contrastant avec la hausse de 0,7% observée au deuxième trimestre, tandis que la demande publique a reflué de 0,6%, alors qu'elle avait fortement progressé sur la période précédente, dopée par les investissements publics relatifs à la préparation des Jeux olympiques de Tokyo 2020.

Ce coup de pouce ne s'est visiblement pas reproduit au troisième trimestre, où les investissements publics ont baissé de 2,5%, contre une hausse de 5,8% le trimestre précédent.

'ILLUSION'

Au total la demande intérieure, qui pèse environ 60% du PIB japonais, s'est contractée de 0,2%, alors qu'elle avait augmenté de 0,9% au deuxième trimestre.

M. Shinke a évoqué une météo estivale défavorable au Japon qui a miné la demande intérieure, surtout dans les services, et pense que le moteur de la croissance au quatrième trimestre restera les exportations.

Le scénario d'une reprise tirée par la demande intérieure, qui avait connu une embellie au deuxième trimestre, "s'est révélé être une illusion" avait commenté l'économiste en chef de SMBC Nikko Securities, Yoshisama Maruyama, dans une note avant la publication des données préliminaires du PIB.

"A long terme, en moyenne, la consommation intérieure augmente lentement" soutenue d'un côté par un taux de chômage particulièrement bas (2,8% de la population active en septembre) mais ralentie de l'autre par des augmentations de salaires qui n'ont "toujours pas accéléré", avait ajouté M. Maruyama.

La politique économique mise en place par le gouvernement de Shinzo Abe depuis fin 2012, les "abenomics", consiste à réveiller la croissance et l'inflation en relançant les dépenses de l'Etat et en assouplissant drastiquement la politique monétaire, pour stimuler le crédit et l'investissement des entreprises et des ménages.

Cependant la troisième composante des "abenomics", des réformes structurelles pour améliorer notamment les salaires, a jusqu'à présent peu progressé.

Les prix à la consommation augmentent au Japon depuis le début de l'année, mais leur hausse reste encore loin de l'objectif de 2% fixé par le gouvernement et la Banque du Japon.

Par ailleurs, l'inflation provient surtout de la hausse des prix de l'énergie et n'est donc toujours pas portée par une réelle dynamique de hausse de la demande par rapport à l'offre.

La Banque du Japon a relevé fin octobre sa prévision de croissance pour l'exercice 2017/18 en cours (clos fin mars prochain), à 1,9% sur un an contre 1,8% précédemment, tout en abaissant - une nouvelle fois - sa prévision d'inflation pour l'exercice, à 0,8% contre 1,1% précédemment.

De son côté le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance du PIB nippon de 1,5% sur l'année calendaire 2017.

afp/ol