Après le bilan positif de la semaine précédente, la journée de lundi est plutôt partie en quenouille pour les marchés actions. Toute l'Europe a baissé, de -0,05% pour le SMI suisse très défensif à -1,1% pour le FTSE MIB italien plus cyclique. Le repli a été alimenté par les manifestations en Chine contre le pouvoir et sa politique zéro-covid, sans que l'on ait une idée précise des conséquences de ce mouvement. Aura-t-il des répercussions profondes ? Sera-t-il étouffé dans l'œuf ? Accélèrera-t-il la réouverture du pays ? Pèsera-t-il sur une dynamique économique déjà abîmée ? Notez que ces questions existentielles, les investisseurs n'ont plus l'air de se les poser ce matin puisque les marchés chinois, Hong Kong et Shanghai, s'offrent un très gros rebond, nettement supérieur aux pertes de la veille. Il est biberonné à un allègement des restrictions visant les groupes immobiliers du pays. Ils pourront à nouveau lever des fonds sur le marché. Pékin a multiplié les gestes d'assouplissement envers les promoteurs ces dernières semaines, pour tenter de relancer un secteur immobilier en proie à une crise historique.

Mais avant le rebond chinois du jour, qui n'est d'ailleurs pas plus inspirant que ça pour les autres places de la région, Wall Street a flanché hier soir. Les trois indices ont perdu environ 1,5%, pénalisés par la nette baisse des actions pétrolières après la chute du prix du baril (qui remonte d'ailleurs en flèche ce matin) et par la méforme de certaines grosses capitalisations. Apple en tête, qui a cédé 2,4% après les informations selon lesquelles la grogne sociale chez l'assembleur chinois Foxconn allait amputer la production d'iPhone de quelques millions d'unités dans les semaines à venir. Vous avez l'impression que ça part dans tous les sens au moindre frémissement ? Vous n'avez pas totalement tort.

Pour être parfaitement exact, l'agitation chinoise n'est pas la seule cause de la baisse des indices américains. Il faut y ajouter une escadrille de faucons de la Fed hier. Dans le bestiaire financier, les faucons sont les membres de la banque centrale qui défendent une ligne dure. Les investisseurs considèrent généralement qu'ils ne sont pas suffisamment pro-marchés et leur préfèrent les colombes, c’est-à-dire les membres de la Fed qui sont plus dociles. Parmi les membres du comité de politique monétaire de l'institution, certains sont étiquetés faucons, d'autres colombes, avec différentes nuances de fermeté ou de souplesse. Actuellement, être faucon signifie dire au marché "arrête de rêver, les hausses de taux ne sont pas finies et elles vont faire encore mal. Prends ça dans ta face". Être colombe est plus du genre "on a déjà fait la majeure partie du chemin avec de bons résultats, on entrevoit le bout du tunnel. Tu veux un câlin ?". Si vous aimez les bêtes, les marchés hébergent aussi des taureaux, des ours, des loups, des cygnes noir, des chats morts, des moutons, des tortues et même des licornes. Je vous en parlerai un jour.

Mais revenons à nos faucons. Quatre membres de la Fed se sont exprimés hier et ils n'étaient pas vraiment jouasses, même ceux qui prodiguent des câlins en temps normal. John Williams, qui n'a rien à voir avec le compositeur de musiques de films bien connu, entrevoit des taux plus élevés qu'il ne le pensait jusque-là. James Bullard, l'ultra-faucon du moment, a re-re-re-reprévenu que le marché se met le doigt dans l'œil bien profondément en étant confiant sur la trajectoire de l'inflation. Lael Brainard a mis en garde contre un excès d'optimisme sur l'évolution des prix et Loretta Mester a surenchéri en indiquant qu'aucune pause n'est envisagée sur le chemin de la hausse des taux. Si c'est pas une campagne de communication de rabat-joie, ça y ressemble rudement. On le sait, la Fed orchestre, avec ou sans John Williams d'ailleurs, le message qu'elle veut envoyer au marché, en utilisant les interventions publiques de ses membres pour l'affiner. On peut donc dire qu'elle a envoyé quelques coups de semonce hier, en attendant une allocution de son patron, Jerome Powell, demain en soirée.

Dans le reste de l'actualité, l'Allemagne publiera à 14h00 la première estimation de son inflation annuelle de novembre, qui devrait se dégonfler un peu après le +11,6% enregistré en octobre sous le coup de la flambée des prix de l'énergie. Pour autant, Christine ne baisse pas la garde, puisque la patronne de la BCE a clairement indiqué hier que l'inflation n'est pas encore au pic dans la zone euro. Le pétrole fait toujours le yoyo avec un gros rebond après une grosse claque ce weekend. La tendance de fond reste toutefois plutôt baissière, craintes récessionnistes obligent, même si je n'ai aucun diplôme susceptible de vous garantir que ce que je dis est solide. J'ajoute les deux informations qui font la une des médias financiers ce nuit. La chute de FTX a fait de nouvelles victimes, BlockFi, qui dépose le bilan et Bitfront, qui va fermer ses portes. Pendant ce temps, Elon Musk engage le duel avec Apple, qui menacerait de bannir Twitter de son AppStore, aux dires du jacassier milliardaire.

En Asie Pacifique ce matin, la Chine flambe donc avec un Hang Seng en hausse de près de 4% à Hong Kong et un CSI300 qui s'adjuge 2,9% à Shanghai. Le KOSPI coréen en profite pour reprendre 1%. L'ASX australien est plus mesuré (+0,3%). Le Nikkei 225 japonais est lui en baisse de 0,5%. Les marchés occidentaux restent circonspects. L'ouverture européenne s'annonce haussière ce matin. Le CAC40 gagnait 0,4% à 6693 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice de confiance des affaires de novembre en Europe (11h00) sera suivi de la première estimation de l'inflation allemande de novembre (14h00). Aux Etats-Unis, le marché prendra connaissance de l'indice des prix immobiliers (15h00) et de l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board de novembre (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte légèrement à 1,0375 USD. L'once d'or se maintient autour de 1750 USD. Le pétrole rebondit, avec un Brent de Mer du Nord à 85,75 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,71 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,71%. Le bitcoin s'échange autour de 16 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Admiral : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 2400 GBp.
  • Arkema : HSBC réduit son objectif de cours de 119 à 87 EUR.
  • Atlas Copco : ABG passe d'acheter à conserver en visant 140 SEK.
  • Barclays : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 299 à 318 GBp.
  • Boohoo : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 45 GBp.
  • Brenntag : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 65 EUR.
  • Cadeler : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 55 NOK.
  • DiaSorin : Stifel démarre le suivi à conserver en visant 130 EUR.
  • Discoverie Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 930 à 1030 GBp.
  • Forbo : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1770 à 1650 CHF.
  • Fresenius Medical Care : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 51,80 à 49,05 EUR.
  • IMI : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1510 GBp.
  • Kardex : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 192 à 184 CHF.
  • Koné : ABG passe de conserver à acheter en visant 56 EUR.
  • LondonMetric : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 185 GBp.
  • Prada : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 48,50 HKD.
  • Rotork : UBS passe de neutre à acheter.
  • Soitec : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 175 à 200 EUR.
  • Solaria Energia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 21,50 à 20 EUR.
  • Solvay : Credit Suisse passe de surperformance à sousperformance en visant 87 EUR.
  • Subsea 7 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 125 NOK.
  • Synlab : Stifel passe de conserver à acheter en visant 17 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole brocardées par Disclose pour leur rôle indirect dans la déforestation au Brésil.
  • ALD lance une augmentation de capital de 1,2 Md€ pour racheter LeasePlan, la Société Générale se laissera diluer de 80 à 53% du capital.
  • Vinci met en service une centrale solaire dans un aéroport portugais.
  • Balenciaga (Kering) dans l'embarras après une campagne de publicité mêlant des enfants et des accessoires connotés sexuellement.
  • Technip Energies remporte un contrat pour la raffinerie TotalEnergies de Grandpuits.
  • Electricité de France a annoncé la nomination d'Anne-Marie Descôtes au sein de son conseil d'administration, en remplacement de Jean-Bernard Lévy.
  • Nexans cible une production de cuivre plus responsable.
  • Atos nommé partenaire GSI de l'année pour la région EMEA par AWS.
  • Esker obtient un brevet aux Etats-Unis pour sa solution d'automatisation de la gestion.
  • Ipsos vend son unité de performance de la distribution à la société américaine RetailNext.
  • Jean-Louis Martin nommé directeur général de PCAS par intérim.
  • Groupe Berkem renforce sa collaboration avec Barentz.
  • Capelli vend six programmes pour 60 M€.
  • Metavisio a levé 3,5 M€ via un placement privé et PrimaryBird, à 4,28 EUR l'action.
  • Le Havre Seine Métropole choisit les capteurs Adeunis pour assurer l’efficacité énergétique et une maintenance optimisée du Stade Océane.
  • Inventiva obtient un brevet élargissant la protection de la propriété intellectuelle de lanifibranor aux États-Unis.
  • TME Pharma doit trouver un nouveau directeur général.
  • Lexibook lance de nouveau véhicules radiocommandés.
  • Medesis présente un poster scientifique lors d'une conférence sur Alzheimer à San Francisco.
  • Autres publications : BigBen

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Nestlé affine sa prévision de croissance organique 2022 de "environ 8%" à "de 8 à 8,5%". Le groupe a par ailleurs annoncé qu'il va limiter ses pratiques de marketing pour les enfants de moins de 16 ans.
  • Microsoft a prévu de proposer des concessions à l'UE pour emporter le feu vert antitrust à l'acquisition d'Activision Blizzard.
  • Apple menace de bannir Twitter de son App Store, affirme Elon Musk.
  • Chez Walt Disney, Bob Iger donne la priorité à la créativité et à la rentabilité du streaming.
  • EasyJet réduit ses pertes au terme de l'exercice 2021/2022.
  • John Wood Group confirme ses prévisions de revenus pour l'exercice 2022.
  • Des banques américaines, dont JPMorgan Chase et Wells Fargo, élaborent un plan pour indemniser les victimes d'escroqueries sur le réseau de paiement Zelle.
  • Shell va racheter le danois Nature Energy Biogas pour près de 2 Mds$.
  • BT Group propose une augmentation du salaire pour son personnel britannique afin de mettre fin aux grèves.
  • Microchip Technology réitère ses prévisions de ventes pour le troisième trimestre fiscal.
  • AstraZeneca rachète Neogene Therapeutics pour 320 M$.
  • ASM International relève ses prévisions de ventes pour le quatrième trimestre après des résultats plus solides que prévu en Chine.
  • Siemens Healthineers remporte une commande de 140 M$ pour des équipements médicaux.
  • Shanghai Fosun Pharmaceutical songerait à céder sa filiale indienne Gland Pharma, a appris Bloomberg.
  • Exxon Mobil quittera la Guinée équatoriale en 2026.
  • Bossard se renforce au Canada avec une acquisition.
  • Contemporary Amperex Technology serait bien placé pour l'acquisition de la société en faillite Yajiang Snowway Mining Development.
  • Northvolt, soutenu par Volkswagen, envisage de retarder son nouveau site de batteries en Allemagne en raison des coûts élevés de l'énergie.
  • Les employés de Snap travailleront depuis leur bureau à partir de février.
  • Principales publications du jour : Wise, Motor Oil Hellas, Aroundtown, Trigano, Dottikon, Shaftesbury, EasyJetTout l'agenda ici.

Lectures