L'attentisme était palpable en Europe hier, où les indices ont à nouveau terminé dans des marges étroites. L'explication commode, c'est l'immobilisme général en attendant Jackson Hole, qui a laissé la Bourse de Paris en légère baisse et qui a limité les gains de Londres et Francfort à la portion congrue. En réalité, l'explication ne fonctionne pas vraiment puisqu'aux Etats-Unis, le S&P500 a repris 1,4%, tiré par la totalité des secteurs, notamment les moins défensifs. Wall Street a clairement joué l'anticipation d'un discours porteur du patron de la Fed, Jerome Powell, depuis les Montagnes Rocheuses. Allez, c'est parti pour la séquence histoire.

Chaque année vers la fin août, les banquiers centraux importants de la planète migrent vers le Wyoming et s'installent au Jackson Lake Lodge pour discuter pendant trois jours de leurs petits tracas et des grands problèmes du monde avec des universitaires, des financiers et des journalistes. Et ça provoque un beau tapage. Pour vous donner une idée, quand je me penche sur la base de données Zonebourse, je retrouve 285 occurrences du terme "Jackson Hole" sur les 5 derniers jours dans les dépêches et les articles en français. Dont quelques-unes, je dois bien l'avouer, qui me sont imputables.

C'est la Fed de Kansas City qui a lancé l'événement en 1978. Les quatre premières éditions avaient été organisées à Kansas City, à Denver et à Vail. Comme elles étaient consacrées à l'agriculture, elles ne passionnaient pas les foules. Mais, je constate que le symposium de Denver, en 1979, était titré "la ressource en eau dans l'ouest américain, problèmes à venir et politique alternatives", ce qui montre que les problèmes d'aujourd'hui avaient déjà été abordés il y a plus de quarante ans. Sans lendemains, rassurez-vous, on anticipera la prochaine fois.

Le symposium migre à Jackson Hole, encore plus loin de la civilisation, en 1982. Cette année-là, la venue du patron de la Fed d'alors, Paul Volcker, scella la notoriété de l'événement. Alors que paradoxalement Volcker était aussi populaire en 1982 aux Etats-Unis qu'Harald Schumacher en France cet été-là, puisque le pays connut sa pire récession depuis la Grande Dépression et que les taux d'intérêts avaient flirté avec 20% pour, déjà, courber une inflation galopante. Par la suite, l'événement organisé dans le Wyoming devint un passage important pour les banquiers centraux.

Surtout à compter de 1989, qui marque la première présence d'un président de la Réserve fédérale, en l'occurrence Alan Greenspan, parmi les "speakers" officiels. Depuis, le symposium permet aux banquiers centraux de faire passer des messages importants ou d'être un peu visionnaires. Je citais l'exemple de l'eau un peu plus tôt, mais j'aurais pu avancer une autre thématique restée fameuse, "Logement, financement du logement et politique monétaire". C'était le thème de 2007, "considéré par certains invités comme ennuyeux au moment de son annonce", souligne la Fed de Kansas City, avant de rappeler qu'en août 2007, le marché immobilier américain était en train de s'effondrer avec les conséquences que l'on sait.

Bref, la vallée de Jackson Hole se transforme pour quelques jours chaque année en un événement incontournable pour le microcosme financier, qui sert à faire passer des messages forts entre l'autorité monétaire et les marchés. La notoriété du symposium a l'air d'avoir enflé avec la taille du bilan de la Fed. On est plus proche de Davos que du Wyoming sauvage et truculent de Craig Johnson.

Il y a un vrai côté show à l'américaine dans l'exercice, et une certaine servilité de notre part à nous, les médias, pour orchestrer le compte à rebours. Comme tous les êtres humains, nous autres journalistes sommes des gros flemmards prêts à sauter sur les solutions de facilité comme ces événements récurrents, qui nous offrent sur un plateau un truc à raconter. Mais trêve de cynisme, le fait est que les paroles prononcées par le patron de la Fed, surtout pendant les périodes de crise, ont une vraie portée non seulement sur la finance mais aussi sur l'économie réelle, donc sur notre vie quotidienne. Le discours sur les perspectives économiques de Jerome Powell est prévu à 16h00 heure de Paris, ce qui correspondra à un petit 8h00 du matin pour le patron de la Fed à l'heure du Wyoming. Les financiers espèrent qu'il se sera levé du bon pied.

Les actions d'Asie Pacifique ont suivi Wall Street pour clôturer dans le vert. Les indicateurs avancés européens sont haussiers, pour combler l'écart avec les indices américains, en attendant donc le rendez-vous majeur de cette fin août. La volatilité à l'approche du discours sera sans doute accentuée par la publication de l'inflation américaine de juillet dite "PCE" à 14h30, qui est une mesure affinée centrée sur le consommateur par rapport à l'inflation générale déjà publiée. C'est d'ailleurs la mesure de l'inflation favorite de la Fed. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,65% à 6423 points.

Les temps forts économiques du jour

Les marchés attendent les chiffres de l'inflation PCE de juillet à 14h30 puis l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan à 16h00. Jerome Powell doit démarrer son discours à 16h00. Tout l'agenda macro ici.

L'euro reste positionné légèrement sous la parité avec le dollar, à 0,9968 USD. L'once d'or est stable autour de 1756 USD. Le pétrole se reprend après avoir baissé hier, avec un Brent de Mer du Nord à 100,10 USD le baril et un brut léger américain WTI à 93,30 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans baisse à 3,05%. Le bitcoin est stable à 21 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 888 Holdings : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 370 à 320 GBp.
  • Alcon : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 80 à 76 CHF.
  • Alfen : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 98 à 120 EUR.
  • Continental : Bankhaus Metzler passe de conserver à vendre en visant 50 EUR.
  • Instalco : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 70 SEK.
  • Intercontinental Hotels : JPMorgan passe de surpondérer à neutre en visant 5900 GBp.
  • Lacroix : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif relevé de 51,10 à 51,50 EUR.
  • LEG Immobilien : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 93 EUR.
  • Merus Power : Inderes passe d'accumuler à alléger en visant 7,20 EUR.
  • Meyer Burger : Research Partners passe d'acheter à conserver en visant 0,60 CHF.
  • Plastiques du Val-de-Loire : Portzamparc reste à conserver avec un objectif réduit de 4,50 à 4,20 EUR.
  • Smartcraft : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 29 à 25 NOK.
  • Swiss Re : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif réduit de 88 à 85 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Il y aurait quelques frictions sur le prix dans le cadre du projet de rachat de Seagen par Merck, selon Bloomberg.
  • The Gap gagne 7% après la publication de ses résultats trimestriels.
  • SpaceX et T-Mobile US veulent mettre fin aux "zones blanches" grâce aux satellites.
  • Le canadien Open Text va racheter Micro Focus pour 532 GBp par action.
  • Novartis suspend provisoirement une étude avec le branaplam.
  • SAS AB annonce une perte plus importante au troisième trimestre en raison de la grève.
  • Xiaomi serait en pourparlers avec BAIC pour discuter de fabrication de voitures électriques, a appris Bloomberg.
  • Principales publications du jour : Meituan, China Life, Ubiquiti, SFS Group, Recticel … Tout l'agenda ici.

Lectures