Les vagues successives de taxes douanières décidées par les Etats-Unis contre la Chine ont, chacune, une typologie dominante. La première portait surtout sur des ressources issues du processus de production primaire, comme l'acier et l'aluminium. La seconde vague (250 Mds$) portait majoritairement sur des intrants (éléments servant à la production de produits finis). La troisième, qui entrera en vigueur le 1er septembre, concernera 300 Mds$ de produits finis, notamment dans les domaines des jouets, des vêtements et des chaussures.
 

Où l'on découvre que les Etats-Unis sont parapluie-dépendants de la Chine (Source Wells Fargo)
 
"Les prix plus élevés que les importateurs auront à payer seront synonymes de tarifs plus élevés pour les consommateurs ou de marges réduites pour les entreprises", estime l'économiste Tim Quinlan, de Wells Fargo, qui s'attend à un impact modeste sur l'inflation, qui ne devrait pas faire dérailler la consommation des ménages américains, mais risque de peser sur la confiance. "Les vêtements, les jouets et les chaussures n'ont pas encore été assujettis à des droits de douane, mais les importations en provenance de Chine représentent entre 33% et 53% du total des importations américaines de ces produits", souligne Quinlan, soit près de 70 Mds$ en cumulé. "Cette exposition plus directe des consommateurs donne à cette série de tarifs douaniers un potentiel accru d'incidence sur l'inflation et les dépenses de consommation aux États-Unis par rapport aux séries précédentes", juge l'économiste.
 
Petit effet direct
 
Concrètement, l'impact sur l'inflation pourrait se limiter à 0,1% estime Wells Fargo. Il faut dire que le CPI américain est composé à 75% de services, qui ne sont pas vraiment sensibles aux surtaxes douanières. Sur la totalité de l'inflation US, l'habillement représente 2,3%, les chaussures 0,7%, les jouets 0,2% et les livres 0,2%. Heureusement, les parapluies n'ont qu'un impact marginal. Ceci dit, la guerre commerciale, en devenant plus visible pour les consommateurs américains, va nécessairement peser.

Heureusement, la cavalerie n'est jamais loin : pour Wells Fargo, la Réserve Fédérale n'en a sans doute pas fini avec son "ajustement de milieu de cycle". D'ailleurs, au cas où elle aurait besoin d'une piqure de rappel, Donald Trump a toujours une seringue à portée de la main. Pas plus tard que ce lundi, le Président américain a accusé la Chine de manipuler le yuan, qui a reculé sur des planchers de dix ans contre le dollar. Sans manquer d'interpeler sa propre banque centrale. "Tu entends ça, Réserve Fédérale ?", a-t-il twitté.