Wall Street a finalement décroché en fin de parcours hier, alors que les élections de mi-mandat n'ont pas encore rendu leur verdict aux Etats-Unis. S'il n'y a pas eu de "vague rouge", les républicains restent en position de remporter la majorité dans les deux chambres. En clôture, le S&P500 a perdu 2,1% et le Nasdaq 100 quelque 2,4%. En Europe, les indices avaient mieux résisté quelques heures plus tôt, avec un Stoxx Europe 600 en baisse modérée de 0,3% et même quelques places haussières, à l'image de Zurich, grâce à ses valeurs défensives, Milan ou Madrid. A Paris, le CAC40 a limité ses pertes à 0,2%, avec des variations contenues et une bonne résistance du luxe.

Quelques mots sur les élections américaines, les "midterms". Le parti aux affaires est souvent châtié outre-Atlantique lors de ce scrutin intermédiaire. Cette fois, il n'y a pas eu de déculottée, mais les démocrates pourraient malgré tout perdre le contrôle du Congrès. A l'heure où j'écris, les républicains ont repris dix sièges à leurs adversaires à la chambre des représentants, ce qui est encore insuffisant pour atteindre la majorité fixée à 218 sièges sur 435. Mais les projections laissent penser qu'il pourraient virer en tête dans les prochaines heures. Au Sénat, la situation est plus confuse. Les démocrates ont 48 sièges et les républicains 49. Il en reste trois à pourvoir. Il faudra recourir à un second tour le 6 décembre en Géorgie, tandis que les duels sont trop serrés en Arizona et au Nevada pour déterminer un vainqueur pour l'instant.

Impossible de ne pas parler des cryptomonnaies cette semaine, avec un nouveau séisme en cours. Avant de me faire injurier par les crypto-gardiens du temple, je précise que j'ai toujours bien aimé l'idée du bitcoin, cette monnaie alternative permettant de s'affranchir du système existant. Je crois que c'est aussi parce que son inventeur présumé s'est évaporé. Il a peut-être disparu corps et âme. Ou juste choisi de s'effacer. En tout cas, il y a quelque chose de respectable là-dedans.

Mais mon intérêt pour la cryptomonnaie a rapidement fait place à une forme de consternation, quand j'ai vu à quelle vitesse l'armada des profiteurs a débarqué dans l'écosystème pour en faire un bon gros casino. On est parti d'une idée disons mathématique et libertaire pour aboutir grosso modo à une ultra-financiarisation de tout, à un niveau tel que les plus gros requins de la finance n'auraient même pas oser rêver. La spéculation décérébrée a très vite remplacé tout le reste. Beaucoup de gens se sont enrichis et, c'est vrai, ont permis à des particuliers d'en profiter. En renforçant au passage le mythe de l'argent facile, comme je peux le constater à chaque fois que je fais un entretien avec un candidat-stagiaire. Mais c'est une autre histoire.

La complaisance vis-à-vis de l'univers des cryptomonnaies a atteint son apogée il y a un an presque jour pour jour, lorsque le bitcoin a flirté avec 69 000 USD. A cette époque, les grandes maisons de Wall Street et un certain nombre d'institutionnels avaient fini par se décider de prendre le train en marche : pas question de ne pas en être s'il y a de l'argent à se faire. Tout allait bien pour tout le monde puisque tout montait. Et puis le temps de l'abondance monétaire a tiré sa révérence et des montages pyramidaux grossiers ont commencé à s'écrouler. De petits poissons, puis des moyens, sont passés à la trappe. Puis de plus gros. Jusqu'à la plateforme FTX cette semaine, un empire qui s'effondre en quelques heures.

On ignore ce qui va se passer par la suite. JPMorgan alerte déjà sur une onde de chocs d'appels de marge dans le secteur. La solidarité intra-crypto n'a plus l'air de fonctionner parce que les sommes en jeu dépassent ce qu'une institution raisonnable est prête à risquer. Le concurrent Binance pompier-pyromane pressenti pour voler au secours de FTX, a finalement passé son chemin. "Dans ces batailles de l'argent, sourdes et lâches, où l'on éventre les faibles, sans bruit, il n'y a plus de liens, plus de parenté, plus d'amitié", écrivait Emile Zola dans l'Argent. C'était en 1891. La cryptomonnaie est en train de nous refaire toute la partie sombre du capitalisme financier en ultra-accéléré. A priori, il faudrait 8 Mds$ pour sauver le soldat FTX, sans quoi une faillite se profile, avec le sang et les larmes habituels. Et en un temps record avec ça. Le bitcoin est passé de 21 300 USD le weekend dernier à 15 820 USD hier soir. Ce matin, il tente un rebond de 5% à 16 700 USD. Je me répète mais dans ce domaine comme dans d'autres, c'est notre propre complaisance qui aboutit à créer ce genre de monstre. Et celle des autorités aussi, puisqu'elles se montrent totalement incapables de gérer ce Far-West.

Hors FTX et élections américaines, l'actualité du jour est dominée par le compte à rebours avant l'annonce des chiffres de l'inflation aux Etats-Unis à 14h30. Je ne refais pas toute l'explication pour éviter de faire fuir les lecteurs réguliers, mais c'est un déterminant majeur de la politique à venir de la banque centrale américaine. Les investisseurs prient pour que les hausses de taux cessent le plus vite possible et un ralentissement de la surchauffe des prix serait le meilleur moyen de les rassurer sur ce point. Il y a encore beaucoup de publications d'entreprises aujourd'hui des deux côtés de l'Atlantique.

Les marchés d'Asie Pacifique baissent de façon plus ou moins prononcée. La fête à l'air finie à Hong Kong où le Hang Seng perd encore 2%. C'est un peu mieux à Tokyo (-1%) et encore mieux à Sydney (-0,5%). Mais on reste en baisse. Les indicateurs avancés européens sont baissiers puisqu'il y a un décalage à combler avec Wall Street. Le CAC40 démarre la séance en baisse de 0,5% à 6399 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et les chiffres de l'inflation d'octobre seront publiés à 14h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro reste ferme à 1,0033 USD. L'once d'or tient bon après son rebond, autour de 1710 USD. Le pétrole recule encore, avec un Brent de Mer du Nord à 92,44 USD le baril et un brut léger américain WTI à 85,60 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans varie peu à 4,09%. Le bitcoin se reprend un peu après sa chute, de 5% à 16 680 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aston Martin : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 175 GBp.
  • Covestro : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 40 EUR.
  • Dufry : Julius Bär reste à conserver avec un objectif réduit de 45 à 40 CHF.
  • Idorsia : Crédit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 15 CHF.
  • Swiss Life : CFRA passe d'acheter à conserver en visant 510 CHF.
  • Zur Rose : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 23 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Aperam : prévoit une baisse de son Ebitda au T4 mais se montre confiant dans l'avenir.
  • ArcelorMittal : le bénéfice au troisième trimestre dépasse les attentes grâce aux économies d'énergie.
  • Arkema : confirme son objectif d'Ebitda pour 2022 après un T3 meilleur que prévu.
  • Crédit Agricole : baisse de 10% du résultat net trimestriel.
  • Engie : relève sa fourchette indicative d'Ebitda et d'Ebit pour 2022.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Allianz : dépasse les prévisions de bénéfices trimestriels et affiche des perspectives plus favorables pour 2022.
  • AstraZeneca : les prévisions annuelles sont relevées.
  • Bpost : réduit ses perspectives en raison de l'incertitude liée aux fêtes de fin d'année.
  • Delivery Hero : ce sera du bas de fourchette.
  • Deutsche Telekom : relève à nouveau ses perspectives pour l'exercice 2022.
  • Generali : les objectifs 2024 devraient être atteints.
  • Hapag-Lloyd : le bénéfice du groupe logistique s'envole au troisième trimestre en raison de la hausse des taux de fret.
  • Merck KGaA : les bénéfices dépassent le consensus grâce aux équipements de laboratoire et aux ventes de médicaments.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures