BERLIN (Reuters) - L'économie allemande a renoué avec la croissance sur les trois premiers mois de l'année, montrent les chiffres détaillés du produit intérieur brut (PIB) publiés mercredi, mais le contexte défavorable créé par la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19 risque de peser plus lourdement sur l'activité au deuxième trimestre.

Le PIB de la première économie d'Europe a progressé de 0,2% par rapport aux trois mois précédents et de 3,8% en rythme annuel en données corrigées des variations saisonnières (CVS), a annoncé Destatis, l'office fédéral de la statistique.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient des chiffres de 0,2% d'un trimestre sur l'autre et de 3,7% sur un an.

"Malgré une situation économique globale difficile, l'économie allemande a commencé l'année 2022 par une légère croissance", a déclaré Georg Thiel, le président de Destatis.

Le PIB allemand ayant reculé de 0,3% au quatrième trimestre 2021, la croissance de janvier-mars évite une entrée en récession puisque celle-ci se définit par deux trimestres consécutifs de recul de l'activité économique.

Le rebond du premier trimestre s'explique principalement par le dynamisme de l'investissement des entreprises alors que la consommation des ménages et la dépense publique sont restées quasi stables et que les exportations ont reculé.

L'activité de la construction, favorisée par un climat clément, a progressé de 4,6% par rapport aux trois mois précédents en dépit de la hausse des prix et les investissements dans les équipements industriels ont augmenté de 2,5%.

Pour autant, rien ne permet d'espérer une accélération au deuxième trimestre et Sebastian Dullien, directeur de l'Institut de politique macroéconomique (IMK), estime que l'impact de la guerre en Ukraine et des restrictions sanitaires en Chine - premier partenaire commercial de l'Allemagne l'an dernier - sera bien plus important au second trimestre.

Carsten Brzeski, économiste de la banque ING, a quant à lui confirmé tabler sur une légère contraction du PIB sur avril-juin.

"La reconstitution des stocks et la faiblesse de la consommation au premier trimestre, tout comme une confiance du consommateur très faible remettent clairement en question l'optimisme que reflètent actuellement les indicateurs avancés habituels", estime-t-il.

L'indice de confiance du consommateur de l'institut GfK, publié lui aussi mercredi, a légèrement progressé après être tombé le mois dernier à son plus bas niveau historique.

Le gouvernement allemand prévoit une croissance de 2,2% sur l'ensemble de cette année.

(Reportage Miranda Murray et Rene Wagner, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)