Allons-nous pouvoir passer à autre chose ? L'élection présidentielle américaine devrait rendre son verdict cette semaine, en désignant Joe Biden 46e Président des Etats-Unis, en renforçant l'emprise Démocrate sur la Chambre des représentants et en lui conférant une courte majorité au Sénat. Voilà pour le scénario qui rassurerait pas mal de monde et qui permettrait aux instituts de sondage de quitter leur habit d'opérateur de jeux de hasard pour redevenir des bureaux d'études. La réalité pourrait être plus compliquée : résultats contestés, absence de "vague bleue", désordres civils… J'en passe et des meilleures. Tout a été écrit sur l'élection présidentielle américaine. Et tout sera à nouveau écrit après la nuit de mercredi (le vote est prévu mardi), si toutefois une tendance suffisamment claire se dégage.

Pendant ce temps, le coronavirus fait à nouveau des ravages en Europe et il n'y a aucune raison pour qu'il ne fasse pas de même aux Etats-Unis. La pandémie a joué un rôle majeur dans l'affaiblissement de Donald Trump. Sans Covid-19, le Président sortant serait peut-être en train de tailler des croupières à Joe Biden. La seconde vague entraîne à peu près les mêmes réactions que la première, la lassitude en plus. Les populations et les médias sont toujours aussi sceptiques vis-à-vis de leurs gouvernants. Que ce soit d'ailleurs par rapport aux décisions ordonnées de l'Allemagne, au capharnaüm français ou à la cacophonie britannique, pour ne citer que ces trois pays.

La semaine dernière, les marchés financiers ont été logiquement secoués par le retour des restrictions sanitaires. Le télescopage de la dégradation des chiffres du coronavirus avec l'élection américaine risque encore de provoquer des remous cette semaine, alors que les publications trimestrielles d'entreprises vont continuer à pleuvoir. Aux Etats-Unis, 64% des sociétés du S&P500 avaient publié en date de vendredi dernier. Le pourcentage est un peu inférieur en Europe. Grosso modo, 50% des grandes entreprises occidentales doivent encore révéler des chiffres dans les jours qui viennent, même si les annonces les plus attendues ont déjà eu lieu.

Comme nous ne sommes pas à un paradoxe près actuellement, la planche de salut des marchés financiers est chinoise. L'embellie de l'économie locale a déjà contribué à porter les indices et à sauver les résultats de certaines entreprises, on pense notamment aux constructeurs automobiles allemands. Ce matin, Caixin et Markit ont indiqué que la trajectoire positive continue : l'indicateur des directeurs d'achats PMI de l'industrie manufacturière chinoise est même monté à un plus haut depuis 2011 (!). Je cite l'économiste Wang Zhe, de Caixin : "Pour résumer, reprise est le mot d'ordre macroéconomique, avec une épidémie domestique sous contrôle. L'offre et la demande manufacturières se sont améliorées en même temps. Les entreprises se sont montrées très enclines à augmenter leurs stocks. Les prix ont eu tendance à être stables. Les opérations commerciales se sont améliorées et les entrepreneurs étaient confiants". 

Comme chaque lundi, quelques informations qu'il ne fallait pas rater ce weekend :

  • La polémique sur l'ouverture des petits commerces entraîne la décision du gouvernement de fermer les rayons "non-essentiels" des grandes surfaces. Ou comment des compromis sur des compromis aboutissent toujours à des solutions idiotes.
  • Donald Trump promet d'avoir recours à des avocats en cas de dépouillement prolongé, redoutant la fraude électorale.
  • En France, les élèves sont à nouveau confrontés à une rentrée très particulière.
  • Plus de 80 morts en Turquie après le séisme qui a frappé la région de la Mer Egée vendredi.
  • Nouveau round de négociations sur le Brexit à partir d'aujourd'hui.
  • Au Royaume-Uni, le sympathique Nigel Farage veut relancer le parti du Brexit en le transformant en parti anticonfinement. Quand on est contre, on peut bien être contre n'importe quoi.
  • S'il avait encore été parmi nous, James Bond aurait probablement évité la propagation du coronavirus et aidé la CIA à empêcher la fragmentation de la société américaine. RIP Sean Connery.

Le CAC40 grappille 0,2% à 4602 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Grosse séance de publication d'indicateurs PMI aujourd'hui en Asie, en Europe puis aux Etats-Unis. A suivre aussi aux Etats-Unis, l'ISM manufacturier (15h45) et les dépenses de construction (16h00). Le PMI Manufacturier officiel chinois d'octobre a atteint 51,4 points, un peu au-dessus du consensus de 51,3 points. Quant à celui calculé par Caixin, il remonte à 53,6 points, nettement au-dessus des attentes et sur un pic de 10 ans.

Sous pression, l'euro recule à 1,1640 USD. L'once d'or reprend quelques cents à 1882 USD. Le pétrole rebondit à 34,50 USD le WTI et 36,70 USD le Brent. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 0,86%. Le Bitcoin s'échange 13 700 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • Amplifon : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 34 à 36 EUR.
  • Applus : Jefferies reste acheteur avec un objectif relevé de 9,50 à 10,30 EUR.
  • Barco : Kempen passe d'achat à neutre en visant 16 EUR.
  • Basic-Fit : Kempen passe d'achat à neutre en visant 40 EUR.
  • Dufry : UBS reprend le suivi à neutre.
  • Elisa : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 42,50 EUR.
  • Getlink : Kempen passe d'achat à neutre en visant 13,10 EUR.
  • GlaxoSmithKline : Liberum passe de conserver à acheter en visant 1730 GBp.
  • H&R GmbH : DZ Bank passe de vendre à conserver en visant 4,30 EUR.
  • International Consolidated Airlines : Berenberg reste acheteur avec un objectif abaissé de 260 à 180 GBp.
  • JDE Peet's : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 36 EUR.
  • Nestlé : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 110 à 125 CHF.
  • Nexans : Credit Suisse passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 39 à 54 EUR.
  • Recordati : Goldman Sachs passe d'achat à neutre en visant 49 EUR.
  • Safran : Goldman Sachs reste acheteur avec un objectif relevé de 103 à 104 EUR.
  • Tarkett : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 14,80 à 15 EUR.
  • Unifiedpost : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 28 EUR.
  • United Utilities : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 900 GBp.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des entreprises

  • Imerys : le spécialiste des minéraux industriels ne fournit pas de prévisions 2020, à cause du contexte actuel. Le chiffre d'affaires a reculé de 15,7% au troisième trimestre, entraînant le bénéfice net en repli de près de 40% à 39 M€.
  • Unibail-Rodamco-Westfield : les résultats sur neuf mois sont en baisse, naturellement, et le reconfinement qui s'installe aura, naturellement, des conséquences sur les comptes. Le bénéfice net se chiffre toutefois à 945 M€ (-30%). L'actif net réévalué EPRA de reconstitution ressort à 180,90 EUR par action. Le taux de recouvrement des loyers atteint 72% au T3.

Annonces importantes

  • La polémique sur l'ouverture des petits commerces entraîne la décision du gouvernement de fermer les rayons "non-essentiels" des grandes surfaces.
  • Sodexo tient une journée investisseurs.
  • Les immatriculations de voitures neuves en baisse de 9,5% en octobre en France, selon le CCFA. La baisse atteint 2,8% chez Peugeot et 9,7% chez Renault.
  • Sanofi rachète Kiadis Pharma pour 308 M€ (5,45 EUR par action en numéraire).
  • HighCo cède ses activités in-store au Benelux à un groupe d’investisseurs belges de la grande distribution.
  • Elis rachète trois blanchisseries au Brésil.
  • L'EMA valide le dépôt de la demande de mise sur le marché de Viaskin Peanut par DBV Technologies.
  • Lagardère finalise la vente de ses studios à Mediawan.
  • Navya renforce sa gouvernance.
  • Albioma publie les résultats de son augmentation de capital réservée aux salariés.
  • Le plan d'aide à KLM (Groupe Air France-KLM) suspendu aux Pays-Bas à cause d'un blocage sur les salaires des pilotes.
  • Le directeur général de FNAC Darty ferme les espaces culture de ses magasins, "face au constat de l’impossibilité d’une ouverture de l’ensemble des acteurs de la vente de livres".
  • FIPP exerce un nantissement sur la Foncière Paris Nord.
  • Un PGE de 10 M€ pour Carmat.
  • Solocal vend Mappy à la RATP.
  • Thermador reprend une communication de crise en raison de la Covid.
  • MND, Acheter-Louer.fr, Eurogerm, Auplata, Logic Instrument, Adthink, Hybrigenics, Le Bélier, Ordissimo, Biosynex, Uniti, Le Tanneur, Aquila, Anevia, D.L.S.I ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Ryanair : la compagnie ne peut fournir de prévisions pour l'exercice 2020/2021, mais les pertes seront plus lourdes au S2 qu'au S1. Un S1 qui s'est soldé par une perte de 197 M€ à cause de revenus en baisse de 78%.
  • Siemens Healthineers : au quatrième trimestre de l'exercice 2019/2020, le bénéfice net a reculé à 432 M€. Cela reste supérieur aux attentes du consensus, même si le chiffre d'affaires est légèrement en deçà des attentes. Sur le nouvel exercice, la croissance organique devrait se situer entre 5 et 8%. Le bénéfice net est attendu entre 1,58 et 1,72 EUR, après 1,61 EUR sur l'exercice qui vient de s'achever.
  • Westpac Banking : les bénéfices annuels se contractent de 66% à 2,29 MdsAUD. Un dividende final de 0,31 AUD sera toutefois proposé.

Annonces importantes

  • Nexi négocierait le rachat du danois Nets au fonds Hellman & Friedman pour quelque 8,6 Mds€, alors qu'il est en train de fusionner avec SIA, a appris Reuters.
  • Inspire Brands veut s'offrir Dunkin' Brands pour 11,3 Mds$.
  • Les USA donnent leur feu vert à la fusion entre Upjohn (Pfizer) et Mylan dans les génériques.
  • Londres accélère l'examen du candidat vaccin d'AstraZeneca.
  • Olympus Corporation rachète le français FH Ortho.
  • Nielsen Holdings vend sa division spécialisée dans les données sur les consommateurs à Advent pour 2,7 Mds$.
  • Walmart remet finalement les armes dans ses rayons, après avoir annoncé leur retrait temporaire suite aux tensions raciales aux Etats-Unis, et à l'approche de l'élection présidentielle.
  • Nestlé prend le contrôle de la société de livraison de repas Freshly, sur la base d'une valorisation de l'entreprise de 950 M$, plus un earn-out de 550 M$. Le Suisse détenait jusque-là 16% du capital.
  • Pacific Drilling se place sous la protection de la loi américaine sur les faillites (Chapter 11).
  • Achiko finalise son augmentation de capital.

Ça publie. PayPal, The Estée Lauder Companies, Mondelez, Siemens Healthineers, Ryanair, Erste Group, Imerys, Vilmorin

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