MADRID, 9 juin (Reuters) - Le gouvernement espagnol a présenté mardi un projet de loi obligeant les Espagnols à signaler tout cas de maltraitance infantile et allongeant de facto la période de prescription pour les violences aux mineurs.

Selon les statistiques officielles, près de 38.000 mineurs ont été victimes de violences en Espagne en 2018 mais le gouvernement estime que ce nombre pourrait être cinq fois plus élevé, en raison de l'absence de signalement dans 80% des cas.

"C'est une étape majeure pour les générations actuelles et futures d'enfants et d'adolescents qui grandiront libérés de la violence", a déclaré le ministre des Droits sociaux et vice-président du gouvernement Pablo Iglesias, mardi à l'issue du conseil des ministres.

En Espagne, la loi prévoit pour l'instant qu'une victime, dès qu'elle devient majeure à 18 ans, a entre cinq et vingt ans pour dénoncer un crime, en fonction de sa gravité.

Le nouveau projet prévoit que ce compte à rebours pourra être enclenché plus tard, jusqu'à l'âge de 30 ans pour les crimes les plus sérieux.

Le projet a été baptisé loi "Rhodes", du nom du pianiste classique britannique James Rhodes, victime d'abus sexuels dans sa jeunesse, qui vit désormais en Espagne et a conseillé le gouvernement sur la rédaction du texte de loi. (Emma Pinedo, Nathan Allen, version française Jean-Stéphane Brosse)