PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi et Wall Street évoluait dans le rouge face à de multiples craintes sur le plan économique, politique et monétaire.

À Paris, le CAC 40 a cédé 0,61% à 6.477,66 points. Le Footsie britannique a perdu 0,23% et le Dax allemand a abandonné 0,79%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,96%, le FTSEurofirst 300 de 0,46% et le Stoxx 600 de 0,47%.

A Wall Street, les principaux indices boursiers étaient dans le rouge au moment de la clôture en Europe, le Nasdaq affichant une perte supérieure à 2% alors que les investisseurs délaissaient les valeurs technologiques face à la hausse en séance des rendements des bons du Trésor.

L'appétit pour le risque sur les marchés mondiaux reste miné par plusieurs incertitudes, à l'image de celles aux Etats-Unis sur le plafond de la dette, l'adoption des plans budgétaires, la politique commerciale à l'égard de la Chine de l'administration Biden ou encore les tensions entre Washington et Pékin autour de Taiwan.

Le dossier Evergrande, le géant immobilier chinois lourdement endetté, et son implication pour l'économie chinoise a également joué en défaveur des actions ce lundi.

François Savary, directeur général adjoint chez Prime Partners, a déclaré que les marchés évaluaient de plus en plus un scénario de 'stagflation', caractérisé par une croissance terne et une inflation élevée, un vent contraire pour les actions qui ont enchaîné des records à la hausse.

"Vous pouvez vous accommoder de marchés très valorisés si vous avez la perspective d'une croissance économique à venir. Mais si vous pensez que la 'stagflation' devient un problème et que la seule option est un resserrement de politique (...) c'est mauvais pour les actions", a-t-il dit.

VALEURS EN EUROPE

Dans le sillage de Wall Street, le secteur européen de la technologie (-2,21%) a été nettement délaissé après avoir déjà nettement reculé la semaine dernière sur fond de remontée des rendements obligataires. A Paris, STMicroelectronics (-3,38%) a fini dernier du CAC 40.

A l'inverse, le compartiment de l'énergie (+0,92%) a été soutenu par la hausse des cours pétroliers à la suite de l'accord de l'Opep+ de s'en tenir à une augmentation modérée de la production le mois prochain.

TechnipFMC a gagné 6,5%, la plus forte hausse du Stoxx 600.

La chaîne britannique de supermarchés Morrisons a reculé de 3,74% après que le groupe de capital-investissement Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) a remporté les enchères pour son rachat en offrant sept milliards de livres sterling (8,2 milliards d'euros).

En hausse, Ryanair a pris 3,00% profitant d'une information du Sunday Telegraph sur une éventuelle réduction du nombre de pays placés sur "liste rouge" par le Royaume-Uni de 54 à neuf.

CHANGES

Le dollar cède du terrain face à un panier de devises internationales (-0,26%) mais reste proche du pic d'un an atteint la semaine dernière.

Ricardo Evangelista, analyste d'ActivTrades, estime que le billet vert pourrait repartir de l'avant avec "l'attente croissante d'une réduction progressive des taux d'intérêt par la Réserve fédérale en novembre" et le repli de l'appétit pour le risque, motivé par "l'anxiété des investisseurs concernant la crise Evergrande et son potentiel de contagion à d'autres marchés, ainsi que les problèmes logistiques mondiaux et la hausse des prix de l'énergie".

L'euro en profite pour avancer à 1,1621 dollar.

TAUX

Les rendements de référence sont temporairement repartis à la hausse avant de se stabiliser: celui du dix ans américain a atteint 1,508% avant de revenir 1,4755% et son pendant allemand a fini quasiment inchangé.

Le vice-président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos, a averti lundi que certains des facteurs du récent pic inflationniste, comme les goulets d'étranglement et la hausse des prix de l'énergie, avaient un impact "structurel" et pourraient conduire à des revendications salariales alimentant encore l'inflation.

PÉTROLE

Le marché du pétrole progresse nettement après que l'Opep et ses alliés ont décidé de s'en tenir à leur accord actuel d'une hausse de la production de 400.000 barils par jour (bpj) à compter de novembre, malgré les pressions en faveur d'une hausse substantielle de l'offre. [L8N2R04AD]

Le Brent gagne 2,76% à 81,47 dollars le baril, au plus haut en trois ans, et le brut léger américain a atteint un plus haut depuis novembre 2014 à plus de 78 dollars.

(Reportage Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)

par Laetitia Volga