PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en hausse mercredi, résistant à la nouvelle baisse des indices de Wall Street après l'annonce d'une forte accélération de l'inflation le mois dernier aux Etats-Unis qui renforce les craintes d'une normalisation plus rapide qu'anticipé de la politique monétaire de la Réserve fédérale.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,19% à 6.279,35 points. Le Footsie britannique a pris 0,82%, soutenu par le rebond plus important que prévu du produit intérieur brut britannique en mars (+2,1%), et le Dax allemand a avancé de 0,2%.

L'indice EuroStoxx 50 a fini en hausse de 0,03%, le FTSEurofirst 300 de 0,47% et le Stoxx 600 de 0,3%.

Au moment de la clôture européenne, le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq Composite perdaient de 0,9% à 1,7% et l'indice mesurant la volatilité implicite prenait plus de 11%, au plus haut depuis le 9 mars.

La crainte des marchés financiers d'un emballement des prix entraînant un resserrement monétaire prématuré a été alimentée par l'annonce d'une hausse de 4,2% sur un an en avril de l'indice des prix à la consommation (CPI), sa plus forte hausse depuis 2008.

"Cela fait plusieurs mois que nous mettons en garde contre la perspective d'une inflation plus élevée et plus durable aux États-Unis mais même nous n'avions pas prévu cela", a déclaré James Knightley, chef économiste chez ING.

"Nous doutons de plus en plus de la position de la Réserve fédérale selon laquelle cette situation est de courte durée et nous pensons qu'elle finira par relever ses taux bien avant 2024", a-t-il ajouté.

Les responsables de la banque centrale ne cessent pourtant de répéter que l'économie avait encore besoin du soutien de l'institution.

Il faudra encore un certain temps avant que l'économie américaine soit suffisamment rétablie pour permettre à la Fed de réduire ses achats d'actifs, a ainsi déclaré mercredi son vice-président, Richard Clarida, qui estime que l'inflation devrait encore un peu augmenter avant de s'apaiser plus tard dans l'année.

Au rang des bonnes nouvelles, la Commission européenne a relevé ses prévisions de croissance pour la zone euro cette année et en 2022 avec les campagnes de vaccination et la levée progressive des restrictions.

VALEURS

Alors que les banques (+0,91%) ont profité de la remontée des rendements des emprunts d'Etat, le secteur technologique (-1,50%) en a pâti et a accusé la plus forte baisse du jour.

Au CAC 40, BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale ont pris de 1,43% à 2,08% tandis que Dassault Systèmes, STMicro et Atos perdaient de 1,44% à 2,29%.

Plusieurs résultats ont par ailleurs animé la cote. Certains ont été salués, comme ceux d'EDF (+1,42%), Bayer (+7,24%) ou Commerzbank (+8,56%), d'autres sanctionnés, à l'image de ceux d'ABN Amro (-5,84%).

L'éditeur de jeux vidéo Ubisoft a chuté de 11,06% après des prévisions annuelles inférieures aux attentes des analystes en raison des investissements nécessaires au lancement de nouveaux titres.

TAUX/CHANGES

En réaction à l'inflation américaine, le rendement des Treasuries à 10 ans gagne six points de base à 1,6826%, au plus haut depuis deux semaines.

Son équivalent allemand a suivi le mouvement pour atteindre en séance un pic de deux ans à -0,119%.

Le dollar gagne 0,58% face à un panier de devises de référence et l'euro recule d'autant, à 1,2072 dollar.

LES INDICATEURS DU JOUR

Outre les prix à la consommation aux Etats-Unis, l'inflation allemande harmonisée aux normes européennes (IPCH) a atteint 2,1% sur un an en avril, dépassant pour le deuxième mois d'affilée l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE).

En France, elle s'est élevée à 1,6% en rythme annuel, selon des données définitives.

PÉTROLE

Les cours du pétrole sont en hausse grâce aux signes de reprise économique et aux prévisions optimistes concernant la demande de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de l'Agence internationale de l'énergie.

Cette dernière a annoncé dans son rapport mensuel que la demande de brut dépassait déjà l'offre et que le déficit devrait se creuser dans l'année.

Le brut léger américain gagne 1,59% à 66,32 dollars de baril et Le baril de Brent 1,52% 69,59 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)

par Laetitia Volga