Un avertissement de Société générale a pesé sur la tendance en Europe alors que la publication des résultats des banques américaines s'est poursuivie avec ceux de Morgan Stanley, inférieurs aux attentes.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 0,34% à 4.794,37 points. Le Footsie britannique a perdu 0,4% et le Dax allemand 0,12%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,26% mais le FTSEurofirst 300 est stable (+0,06%) et le Stoxx 600 aussi (+0,04%).

Au Royaume-Uni, le Parlement se prononcera le 29 janvier sur le "plan B" que va lui présenter la Première ministre Theresa May après le rejet massif de l'accord de Brexit qu'elle a négocié avec Bruxelles, a annoncé jeudi la ministre des Relations avec la Chambre des communes, Andrea Leadsom.

Ce "plan B" sera dévoilé lundi prochain et débattu toute une journée avant d'être soumis au vote des députés.

Sur le front commercial, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine pourraient repartir après la décision d'un groupe bipartisan de parlementaires américains de présenter mercredi un texte visant à interdire la vente de composants électroniques de fabrication américaine à Huawei, ZTE et aux autres groupes de télécommunications chinois qui ne respectent pas les lois et sanctions américaines.

Pékin a dénoncé l'"hystérie" américaine sur ces deux groupes et appelé le Congrès des Etats-Unis à renoncer à cette initiative.

Les investisseurs craignent que cette décision ne complique les négociations commerciales entre Washington et Pékin avant la visite du vice-Premier ministre Liu He à Washington à la fin du mois.

En Allemagne, le quotidien Handelsblatt a fait savoir que le gouvernement envisageait d'imposer des conditions plus strictes de sécurité, ou d'autres moyens d'exclure Huawei de la construction de réseaux mobiles de cinquième génération (5G).

Sur le front du conflit commercial entre Bruxelles et Washington, Charles Grassley, un sénateur proche du président américain, a déclaré mercredi que Donald Trump envisageait toujours d'imposer des droits de douane élevés sur les véhicules européens importés aux Etats-Unis, une mesure qui pourrait inciter l'Union européenne à accepter un nouvel accord avec Washington.

"L'attention des investisseurs est retenue par les propos de (Charles) Grassley concernant les droits de douane sur l'automobile et aussi par le fait qu'il n'y a pas eu beaucoup de progrès lors des négociations entre Washington et Pékin la semaine dernière", dit Derek Halpenny, de Bank of Tokyo Mitsubishi.

"Il y a de toute évidence eu beaucoup d'optimisme depuis le début de l'année et l'appétit pour les actifs à risque a tenu un certain temps, mais on commence à se poser des questions."

VALEURS

Le secteur bancaire (-1,2%) a été pénalisé par la baisse de Société générale (-5,66%) qui a averti d'un repli de 20% des revenus de ses activités de marchés au quatrième trimestre, qu'elle explique par la forte volatilité des marchés financiers.

La banque française a entraîné dans son sillage ses concurrentes Credit agricole (-1,86%) et BNP Paribas (-3,85%).

L'automobile a perdu 0,87% en réaction aux déclarations du sénateur américain Charles Grassley sur les droits de douane.

Les médias sont délaissés après une note négative de Bank of America Merrill Lynch sur les groupes de télévision européens, en perte de vitesse dans un environnement de plus en plus concurrentiel. L'indice Stoxx perd 0,21%, parmi les plus fortes baisses sectorielles en Europe.

Le spécialiste des aciers spéciaux Voestalpine signe l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600 (-4,17%) après un nouvel avertissement sur ses résultats annuels.

Rare secteur européen dans le vert, l'indice Stoxx de l'agroalimentaire a gagné 1,01%, porté par le conglomérat britannique AB Foods qui a bondi de 6,98%, l'une des plus fortes hausses du Stoxx 600, à la suite de l'annonce d'une croissance de son chiffre d'affaires trimestriel et de la confirmation de ses prévisions annuelles.

A WALL STREET

Les grands indices américains font également de la résistance, après une démarrage en baisse, et se maintiennent autour de leurs pics d'un mois atteints la veille, la bonne tenue des secteurs de la santé et de la consommation compensant les pertes des secteurs financier et de l'énergie.

Morgan Stanley (-4,35%) pèse sur la tendance après avoir publié un bénéfice trimestriel inférieur aux attentes. La banque a raté le consensus pour la première fois en huit trimestres, en soulignant que la volatilité des marchés financiers avaient pesé sur ses revenus. Le titre était en hausse en avant-Bourse avant ses résultats, surfant sur les bonnes performances de Goldman Sachs et de Bank of America.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux USA, les indicateurs ont contribué à soutenir le marché.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué dans la semaine au 12 janvier, contrairement aux attentes, confirmant une vigueur du marché du travail qui devrait continuer à soutenir l'économie américaine.

De même, la croissance de l'activité économique dans le nord-est des Etats-Unis a augmenté bien plus que prévu en janvier, montre jeudi l'enquête de conjoncture mensuelle de la Réserve fédérale de Philadelphie.

CHANGES

Le dollar s'est orienté en hausse après la publication des indicateurs économiques américains supérieurs aux attentes.

La livre sterling gagne encore du terrain alors que les responsables politiques britanniques cherchent une solution pour le Brexit, de nombreux investisseurs tablant sur des tentatives d'un Brexit plus souple.

"Rien de ce qui s'est passé au cours des 24 heures qui viennent de s'écouler ne nous détourne de notre point de vue selon lequel nous nous dirigeons vers un report de l'Article 50, un Brexit assoupli ou pas de Brexit du tout", dit Ray Attrill, responsable de la stratégie sur les changes chez NAB.

L'euro se traite autour de 1,1380 dollar, en baisse de 0,15%.

TAUX

Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à dix ans a légèrement augmenté, les indicateurs meilleurs que prévu ayant contrebalancé le retour des tensions entre la Chine et les Etats-Unis pour freiner la quête de sécurité. Il est à 2,7378% contre 2,729% mercredi en fin de journée.

Le 10 ans allemand est quasiment stable à 0,24% après la confirmation des chiffres d'inflation de décembre.

PÉTROLE

Les cours du brut sont en baisse de l'ordre de 2% au lendemain de l'annonce par l'Agence américaine d'information sur l'énergie d'une production record de pétrole aux Etats-Unis en 2018 et dans l'inquiétude concernant la demande de pétrole, notamment face au conflit commercial sino-américain.

Le brut léger américain cède 1,6% et revient sous 51,50 dollars et le Brent abandonne 0,95% autour de 60,75 dollars le baril.

L'Opep, de son côté, a annoncé jeudi avoir fortement réduit sa production en décembre, avant même l'entrée en vigueur du nouvel accord d'encadrement des pompages conclu avec d'autres pays. [L8N1ZH3MV]

A SUIVRE VENDREDI 17 JANVIER:

LA SITUATION SUR LES MARCHÉS

(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)

(Avec Marc Jones et Caroline Valetkevitch, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Juliette Rouillon