La France s'habitue peu à peu au confinement général. Si je prends mon cas personnel, tout se passe à peu près bien. Mon épouse, qui a consenti à me prêter la moitié de son bureau à domicile, ne m'a pas encore étranglé. Les enfants suivent le programme qui se met progressivement en place grâce aux efforts de l'éducation nationale et à la débrouillardise des enseignants. J'ai la chance d'habiter un village des Alpes, entre lac et forêt. Ça aide. Un village dont les résidences secondaires, en général vides à cette époque de l'année, se sont remplies en début de semaine de véhicules immatriculés 75, 92 ou 69.

Pendant que la ville se réfugie à la campagne - un paradoxe de l'époque sur lequel il serait bon de s'interroger quand le climat se sera apaisé - les marchés financiers continuent de se vider malgré les digues d'argent frais que les banques centrales et les gouvernements bâtissent en hâte. La Fed a renforcé son arsenal en soutenant le marché des fonds communs, pour tenter de stopper l'hémorragie. Dernière initiative en date, celle de la Banque centrale européenne, qui a porté hier soir de 120 à 870 Mds€ l'enveloppe dédiée aux rachats d'actifs. Au total, 1 050 Mds€ vont être injectés sur les marchés européens au cours des 9 prochains mois, a calculé Arthur Jurus, économiste chez Landolt & Cie (870 Mds€ plus 240 Mds€ déjà annoncés en septembre dernier), soit 116 Mds€ par mois. Mais l'argent ne soigne pas, en tout cas pas directement.

Donald Trump est en train d'en faire l'expérience. Le Président américain pouvait faire vaciller le monde d'un simple tweet il y a encore quelques semaines. Mais cette époque est révolue et les Américains ne lui pardonneront peut-être pas ses déclarations à l'emporte-pièce du début de la crise du coronavirus, ni ses réactions tardives. Et peut-être encore moins la chute des marchés, mais c'est une autre histoire. L'argent ne soigne pas, les tweets non plus.

La fin du chaos économique dépend presque uniquement de la régression du Covid-19. En Chine, pour la première fois de l'année, aucun cas d'infection n'a été enregistré dans la province d'Hubei hier. C'est un signal positif pour la politique de confinement. Le pays compte toutefois 34 nouveaux cas, tous des malades "importés", c’est-à-dire des personnes revenant de voyages extérieurs. C'est là aussi une indication positive pour la politique de confinement. En occident, le laboratoire de cette stratégie est l'Italie, où l'on espère voir poindre dans les jours qui viennent des signaux positifs, alors que le pays a connu hier un record de décès mais fait front dans l'adversité. 

Nous en sommes donc toujours réduits à guetter les courbes de contamination et à espérer une avancée médicale, soit via un vaccin (l'attente sera longue), soit via un traitement existant susceptible d'accélérer les guérisons (les tests sont en cours). Plus ce délai sera court, moins les dégâts économiques seront importants.  

A court terme, les dernières annonces n'ont pas totalement apaisé les craintes des marchés financiers. Les indicateurs avancés sont toutefois passés de la baisse à la hausse en peu de temps ce matin. Le rebond du Nikkei a été avorté, avec une clôture à -1,04%. Le CAC40 grappillait 0,5% à 3773 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

La Banque d'Australie a réduit son principal taux directeur à un plancher historique en le passant de 0,50 à 0,25%, tandis que la Banque du Brésil a ramené le sien de 4,25 à 3,75%. A 9h30, le marché attend la décision de politique monétaire de la Banque nationale suisse. Aux États-Unis, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie et les inscriptions hebdomadaires au chômage seront annoncés à 13h30, avant l'indice des indicateurs avancés du Conference Board à 15h00. 

L'euro recule à 1,0898 USD. L'once d'or reperd 2% à 1465 USD. Le pétrole a continué à s'enfoncer hier avant de se reprendre, à 26 USD le Brent et 23,2 USD le WTI, alors que des rumeurs commencent à circuler sur de possibles discussions entre l'Arabie Saoudite et la Russie pour faire cesser la mascarade. Le taux de l'obligation d'État américaine à 10 ans remonte à 1,24%. Le Bitcoin résiste tant bien que mal, à 5306 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Almirall : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20 à 19 EUR.
  • Bellway : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 4180 GBp.
  • Bodycote : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1030 à 700 GBp.
  • Ceconomy : Baader Helvea passe d'acheter à alléger avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 2 EUR.
  • Compagnie financière Richemont : Credit Suisse réduit de 69 à 52 CHF son objectif de cours.
  • CTS Eventim : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 63 à 47 EUR
  • Deutsche Telekom : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 10,60 EUR.
  • Eiffage : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 112 à 85 EUR.
  • Flutter : Citigroup passe de vendre à neutre.
  • Groupe ADP : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 169 à 107 EUR.
  • Lagardère : AlphaValue passe d'acheter à alléger avec un objectif de cours réduit de 18,50 à 8,50 EUR.
  • Landis+Gyr : Vontobel passe d'alléger à conserver en visant 69 CHF.
  • Lanxess : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 63 à 45 EUR.
  • Nanobiotix : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 16 à 13 EUR.
  • National Grid : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1065 GBp.
  • Prada : Citigroup passe de vendre à acheter.
  • Reworld : GreenSome Finance suspend sa recommandation et son objectif.
  • Rheinmetall : Oddo BHF passe de neutre à achat en visant 62 EUR.
  • Schindler : RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 205 CHF.
  • Siemens : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 110 EUR.
  • Sogeclair : GreenSome Finance met sa recommandation et son objectif de cours sous revue.
  • Solvay : Berenberg passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 110 à 70 EUR.
  • STMicroelectronics : Citigroup passe de neutre à achat.
  • Vinci : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 117 à 93 EUR.
  • Wärtsilä : RBC passe de sousperformance à surperformance en visant 1300 GBp.
  • Yara : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 399 NOK.

L’actualité des sociétés

Michelin fait état d'un marché tourisme camionnette mondial en recul de 9% et d'un marché Poids lourd en baisse de 16% en février et adapte son organisation à la crise du coronavirus. Total entre dans un projet éolien offshore au Royaume-Uni. La FFP a bouclé une opération de couverture d'equity swap sur un achat d'actions Peugeot, qui pourrait porter sur 18,1 millions d'actions (2% du capital) pour 228 M€. La situation continue à se tendre pour RecylexSolocal ouvre une procédure de conciliation pour re-re-re-rediscuter avec ses créanciers. Imerys maintient le versement de son dividende. Publicis, Argan, Carmila, Aperam, Gaussin, Figeac Aero, Amplitude Surgical, Boostheat, CNP Assurances, Groupe Pizzorno ont publié des mises à jour sur leur adaptation aux conditions économiques actuelles. Stef a demandé au gouvernement de classer en utilité publique le secteur du transport des produits alimentaires. Les produits d'Amoeba sont en cours d'évaluation par De Sangosse. GeNeuro reporte temporairement son essai clinique de phase II avec temelimab dans la sclérose en plaques en Suède, "afin de donner la priorité aux ressources de santé dans la lutte contre le COVID-19 et réduire le risque pour les patients atteints de SEP". Deinove lance la commercialisation de BIOME Oleoactif, un nouvel actif cosmétique codéveloppé avec Hallstar. Invibes lève 2,5 M€ dans le cadre de la seconde tranche de son augmentation de capital. Parrot, Drone Volt, Theradiag, Sogeclair, Reworld, Lanson-BCC, Umalis, Trigano, Wendel, Clasquin ont publié leurs comptes.

Le New York Stock Exchange va provisoirement fermer ses salles de marchés pour passer aux échanges 100% électroniques à partir du 23 mars. General Motors, Ford et Fiat Chrysler ont annoncé la suspension de leur production de voitures en Amérique du Nord. Des salariés d'Amazon.com appellent leur employeur à fermer ses entrepôts durant la période de confinement, notamment en France. KKR va racheter la division déchets de Pennon pour 4,2 Mds£. Le CEO de Starbucks, Kevin Johnson, veut rassurer les investisseurs en leur expliquant avoir une certaine expérience du coronavirus pour les États-Unis après la situation gérée en Chine. Softbank s'effondre à la bourse de Tokyo, sur fond de craintes sur la solidité financière de la société. La dette d'Occidental Petroleum passe en junk chez Moody's. Qantas stoppe la totalité de ses vols internationaux. ENI abandonne ses rachats d'actions 2020 et 2021. Osram renonce à ses objectifs 2020, comme la plupart des autres entreprises cotées. Alimentation Couche-Tard reste intéressé par Caltex Australia malgré la chute des marchés. Valora reporte son assemblée générale. Ocado a connu un surcroît d'activité chez Ocado Retail à cause du coronavirus.