L'institut national de recherche économique et sociale souligne que les risques pour la croissance sont "lourdement orientés à la baisse" alors qu'il estime à 40% la probabilité d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord.

Boris Johnson, favori pour prendre la tête cette semaine du Parti conservateur et devenir le prochain Premier ministre, a dit qu'il accélèrerait les préparatifs en vue d'une sortie sans accord afin de forcer l'UE à amender le compromis de divorce négocié par la Première ministre Theresa May et désavoué par le parlement britannique à trois reprises.

Le NIESR a déjà estimé que l'économie britannique s'était contractée au deuxième semestre. Un nouveau trimestre de contraction correspondrait techniquement à une récession, la première depuis la grande crise financière de 2008-2009.

L'Office for Budget Responsibility (OBR), organisme indépendant qui détermine le cadre macroéconomique du budget, a dit la semaine dernière que le pays pourrait entrer en récession.

Dans un rapport publié lundi, le NIESR dit que les perspectives des prochains trimestres sont entourées de risques majeurs.

"Les perspectives au-delà du mois d'octobre, au terme duquel le Royaume-Uni doit quitter l'Union européenne, sont vraiment très sombres avec le risque d'une contraction sévère en cas d'un Brexit sans accord et désordonné", prévient l'institut.

Le NIESR a abaissé sa prévision de croissance de l'économie britannique à 1,2% en 2019 et 1,1% en 2020 contre respectivement 1,4% et 1,6% précédemment.

Il attache une probabilité de 30% à un scénario de contraction de l'activité en 2020, sur la base des différentes hypothèses de Brexit qu'il retient.

"Il n'y aura pas de croissance tangible pendant quelques années après un Brexit sans accord", a déclaré son directeur général Jagit Chadha, lors d'une conférence de presse.

Même en cas d'accord conclu par le prochain Premier ministre, les finances publiques souffriront, prévoit le NIESR.

"Un certain relâchement des finances publiques apparaît inévitable et nous nous attendons à ce que le déficit public atteigne 2% du PIB avec le risque de dépassements substantiels des objectifs budgétaires du gouvernement en cas de Brexit sans accord."

Les deux prétendants à la succession de la Première ministre, Boris Johnson et son rival Jeremy Hunt, ont promis d'augmenter les dépenses publiques, s'attirant les critiques de l'actuel ministre des Finances, Philip Hammond.

(David Milliken, Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)