Il n'empêche, les marchés actions ont enregistré une nouvelle progression hebdomadaire, mais la fête a été gâchée par une séance de vendredi compliquée aux Etats-Unis. Voilà pour la couche superficielle. En entrant dans le détail, il s'est passé pas mal de choses au cours des dernières séances, dont je vais m'employer à citer ici les plus importantes. Voici donc ce que l'on a appris la semaine dernière, en respectant le timing des événements :

  • Primo, la première décision de politique monétaire de la Fed en 2023 était conforme aux attentes, avec une petite hausse de taux. Mais Jerome Powell s'est montré moins combatif que prévu, ce qui a renforcé l'appétit pour le risque des investisseurs, qui pensent que la banque centrale américaine se rapproche d'une politique plus favorable. Retenez bien ce "primo", parce que je vais m'en resservir plusieurs fois par la suite.
  • Deuzio, les gros groupes technologiques américains comme Apple, Alphabet et Amazon ont publié des résultats trimestriels médiocres. Ne craignez rien pour eux, ils continuent à amonceler les milliards. Mais ils fanfaronnent moins parce que les chiffres d'affaires sont moins fringants. Je rappelle au passage qu'il est compliqué de faire paraître un chiffre d'affaires plus beau qu'il ne l'est réellement. Alors qu'il est assez aisé de faire correspondre un bénéfice par action avec les attentes du marché avec un minimum d'ingéniosité comptable et quelques rachats d'actions bien sentis. Ceci dit à la fin de la séance concernée, tout le monde se fichait de la qualité des résultats, à cause du "primo" précité.
  • Tertio, le rapport sur l'emploi mensuel américain publié vendredi a mis à mal le "primo" sur la base du bon vieux principe "un bonne nouvelle pour l'économie n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les marchés financiers". Parce que l'économie américaine continue à fonctionner à fond la caisse, en tout cas du point de vue du marché du travail où les créations d'emplois sont explosives et le taux de chômage au plancher (pour un éclairage plus nuancé, lire ici un papier de l'économiste James Knightley). Ecrit comme ça, ça a l'air d'une bonne nouvelle. Et c'est probablement le cas. Mais pas du point de vue des banquiers centraux américains, qui craignent que cette dynamique ne mette à mal leurs efforts pour sabrer durablement l'inflation. A ce stade, il n'y a pas de signaux d'un spirale prix-salaires (la hausse des prix entraîne une hausse des salaires, qui entraîne une hausse des prix, qui… vous avez compris quoi). Enfin pas dans les mêmes proportions : les salaires montent, mais moins que les prix. Mais la statistique a douché le bel optimisme entrevu sur les séances de mardi, mercredi et jeudi. Les rendements obligataires ont vivement accéléré sur le 10 ans US, ça c'est le signe du retour d'une certaine crispation sur la trajectoire de la politique monétaire. Mais ne soyons pas dans l'excès : ces rendements restent très loin des niveaux de l'automne 2022, lorsque l'incertitude sur l'évolution de l'inflation était à son comble.

Malgré les soubresauts de fin de semaine dernière, on reste quand même sur le schéma waouh du début de l'année. Le marché action et le marché obligataire sentent que les banques centrales se rapprochent de la fin de leur cycle de hausse de taux. Mais quelques doutes subsistent et les investisseurs naviguent à vue au gré des statistiques infirmant ou confirmant ces doutes. On retrouve parmi ces inconnues principales :

  • Le niveau précis du pic de taux.
  • La durée de maintien des taux au niveau du pic (et par ricochet la question de la date de la première baisse du cycle).
  • Et les conséquences économiques profondes des niveaux de taux actuels (sur l'immobilier, sur le financement des entreprises, sur la consommation des ménages…).

Pour en revenir à la performance de la semaine dernière, les marchés actions occidentaux ont affiché des gains généralement compris entre 1 et 2%, porté à plus de 3% pour le Nasdaq 100, le grand indice qui symbolise le mieux l'appétit pour le risque. Il faut noter la belle performance du CAC40 français, qui s'est adjugé près de 2%. L'indice parisien a été propulsé par sa poche technologique et son exposition au luxe, qui est un excellent miroir du redressement chinois.

La Chine, parlons-en justement parce que Hong Kong et Shanghai font grise mine ce matin, sur des baisses marquées. La faute au regain de tension géopolitique entre Washington et Pékin après l'affaire du ballon d'observation chinois qui dérivait dans le ciel des Etats-Unis la semaine dernière. Sa découverte avait d'abord étonné, puis la Chine a expliqué qu'il s'agissait d'un ballon civil qui s'était égaré, ce que personne n'a cru. Le ballon a fini par être abattu : l'Amérique ne pouvait se permettre de laisser divaguer un engin chinois dans son espace aérien. Pékin s'en est offusqué. On est dans le jeu d'action-réaction typique de ce genre de situation. Il n'empêche, cette affaire tombe au mauvais moment, puisque les deux puissances avaient prévu de discuter à haut niveau.

Parmi les autres nouvelles du weekend, l'Inde va interdire les applications de paris et de prêts liées à la Chine. L'UE impose un plafonnement aux exportations de diesel russe et un violent séisme a frappé le sud de la Turquie et la Syrie. Le calendrier macroéconomique sera surtout fourni en Asie cette semaine, mais mon petit doigt me dit que les investisseurs ont surtout cerclé de rouge une allocution que le patron de la Fed doit prononcer demain à 18h00. Fera-t-il passer un message précis après avoir semblé être passé à côté de son sujet la semaine dernière ? Telle est la question. Côté résultats de sociétés, la liste est encore particulièrement longue cette semaine. J'en cite quelques-unes pour vous mettre dans l'ambiance : Linde, BP Plc, BNP Paribas, Carlsberg (mardi), Walt Disney, TotalEnergies, CVS Health, Uber, AP Moller Maersk, Adyen, Société Générale, Akzo, Amundi (mercredi), AbbVie, PepsiCo, AstraZeneca, L'Oréal, Philip Morris, Unilever, S&P Global, PayPal, Siemens, Vinci, Compass, KBC, Legrand, Crédit Agricole (jeudi). Enfin, on signale quelques opérations capitalistiques, dont les offres de rachat "non-sollicitées" de Newcrest par Newmont Corporation (ça c'est dans les mines d'or) et de Life Storage par Public Storage (ça c'est dans l'entreposage individuel).

En Asie-Pacifique ce matin, le rouge domine hormis au Japon où le Nikkei 225 clôture en hausse de 0,7% sur fond de faiblesse du yen. La Chine broie du noir, comme indiqué précédemment, et la Corée du Sud ne vaut guère mieux. L'Inde, qui avait rebondi modestement la semaine dernière malgré l'affaire Adani, reperd du terrain. En Australie, l'ASX se contracte de 0,25%. L'Europe est attendue en baisse. Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 0,9% à 7171 points.

Les temps forts économiques du jour

Les commandes d'usines allemandes en décembre (8h00) et les ventes de détail dans la zone euro en décembre (11h00) animeront la séance. Tout l'agenda ici.

L'euro est repassé juste sous 1,08 USD. L'once d'or a pris une claque, à 1877 USD. Le pétrole est lui aussi sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 80,08 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,44 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans rebondit à 3,55%. Le bitcoin recule autour de 22 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aalberts : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 59 EUR.
  • AMS-Osram : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 6 à 8,50 CHF.
  • Banca Generali : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 41,30 EUR.
  • Banca Mediolanum : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 11,40 EUR.
  • Brenntag : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 88 à 86 EUR.
  • Caixabank : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 5 EUR.
  • Carl Zeiss : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 138 EUR.
  • DWS : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 40 à 39 EUR.
  • Elekta : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 55 à 64 SEK.
  • Equasens : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 87,30 à 92,90 EUR.
  • FinecoBank : Jefferies démarre le suivi à sousperformance en visant 14,80 EUR.
  • Holmen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 380 à 433 SEK.
  • Intesa : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 2,40 à 2,60 EUR.
  • Julius Bär :Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 58 à 66 CHF.
  • Lonza : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 722 à 665 CHF. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 550 à 605 CHF.
  • LVMH : RBC reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 800 à 890 EUR.
  • Melexis : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 55 à 65 EUR.
  • Meyer Burger : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 0,96 CHF.
  • Mithra Pharmaceuticals : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 25 à 18 EUR.
  • OC Oerlikon : UBS passe d'acheter à neutre en visant 6,60 CHF.
  • Outokumpu : Inderes passe d'accumuler à alléger en visant 4,80 EUR.
  • Paradox Interactive : ABG reprend le suivi à conserver en visant 210 SEK.
  • Roche : CFRA reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 380 à 320 CHF.
  • Siemens Healthineers : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 50 à 49 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault, Nissan et Mitsubishi Motors recalibrent en profondeur leur alliance.
  • EDF, Engie et TotalEnergies devraient assumer environ la moitié du dispositif de plafonnement des prix de l'énergie pour les PME. Par ailleurs, le Conseil d'Etat a rejeté le recours d'EDF contre les prix de l'Arenh.
  • Le patron de TotalEnergies a rencontré le président du Mozambique au sujet de la reprise du projet Mozambique LNG.
  • Saint-Gobain et AGC s'associent pour accélérer la décarbonation de la fabrication du verre plat.
  • Concordia veut sortir Rothschild de la cote à 48 EUR l'action (dividende attaché).
  • Air France-KLM et Lufthansa intéressées par un rachat de Flybe, rapporte le Telegraph.
  • Nexans entre en négociation exclusive avec Syntagma Capital en vue de la cession de son activité Telecom Systems.
  • Eurazeo se dote d'un directoire composé de deux présidents, Christophe Bavière et William Kadouch-Chassaing, accompagnés de Sophie Flak et Olivier Millet. Sophie Morgon vers la sortie.
  • Stahl (Wendel) va acquérir ICP Industrial Solutions Group.
  • Captana (SES-Imagotag) conclut un accord pour l’acquisition de Belive.ai.
  • TVM Capital est sorti du capital d'Abionyx Pharma.
  • Delta Drone va distribuer les produits et systèmes AEE Aviation Technology en Europe et dans une partie de l'Afrique de l'Ouest.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Delfingen

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures