En écrivant que la crise de l'énergie est bien partie pour durer, je ne prends pas le pari le plus risqué de ma carrière. Il est quand même assez étrange de constater que, dans la liste des menaces régulièrement citées par les investisseurs pour l'équilibre des marchés, l'évolution des prix de l'énergie ait été aussi longtemps reléguée en queue de classement, entre un krach du dogecoin et les disparitions de PDG chinois pour reprogrammation. D'autant plus étonnant que la transition écologique est omniprésente dans l'espace médiatique (moins dans l'espace réel) et qu'elle ne va évidemment pas être possible sans transition énergétique. On a un peu l'impression que le marché a bien conscience de l'existence de ces problématiques, mais qu'elles n'étaient pas suffisamment perturbantes pour l'intéresser. Il faut ici rappeler que le secteur financier ne s'empare d'un sujet qu'à partir du moment où il devient vraiment rémunérateur ou vraiment pénalisant. Ceci explique sans doute cela.

Le plus étonnant, c'est qu'il est encore difficile d'identifier les véritables gagnants de cette transition, même si on suppute que certains vont tirer les marrons du feu. Pour autant, il n'est jamais facile de désigner les bénéficiaires de long terme des tendances de fond. Tenez par exemple, qui aurait dit il y a 20 ans que les opérateurs de télécommunications seraient les parents pauvres, et quand je dis les parents pauvres je pèse mes mots, de la transition numérique ? Au final, toute l'économie numérique passe par leurs tuyaux, du moins pour le moment, mais ce sont les fournisseurs de services qui se goinfrent. Demandez à un actionnaire d'Orange. Puis à un actionnaire de Facebook. L'énergie, c'est un peu pareil. Certes, il y a eu un rattrapage récent – il paraît même que l'action EDF a progressé, c'est dire - mais toute cette industrie traditionnelle n'intéresse plus grand monde… pour le moment.

Le rapport 2021 sur les perspectives énergétiques publié par l'Agence internationale de l'énergie cette nuit tombe à point nommé pour relancer le débat. On peut notamment y lire que ce sont les gouvernements qui ne sont pas à la hauteur, et pas forcément les entreprises. Nous aurait-on menti ? Le directeur de l'organisation basée à Paris a expliqué au Financial Times que l'industrie pétrolière et gazière a aligné, au forceps, ses investissements sur des émissions nulles de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. Mais que les dépenses publiques n'en sont qu'à un tiers du niveau requis. Pour l'AIE, sans les engagements politiques nécessaires, les prix resteront volatils et les épisodes brutaux comme ceux que nous vivons actuellement ne pourront que s'intensifier. Et ce n'est pas en appliquant des stratégies pernicieuses de blocage de prix comme c'est le cas en Espagne ou en France que cela s'améliorera. Pendant ce temps, le pétrole et le gaz restent haut perchés et le prix du charbon atteint des records, pas pour des raisons de pression réglementaire mais parce que la demande est à son apogée, faute de sources alternatives suffisamment fiables.

Sur les marchés actions, la crise de l'énergie a l'air de s'ancrer dans le paysage. Mais aujourd'hui, les investisseurs s'intéressent en priorité aux résultats publiés par LVMH hier soir et à venir de JPMorgan Chase et BlackRock à la mi-journée. Ils se demandent comment la Chine a fait bondir ses exportations de septembre de 28% en dépit d'une production industrielle en pointillés, tout en se réjouissant du vote confirmatoire sur le relèvement du plafond de la dette américaine par la chambre des représentants. Ils ont pris acte d'une modération des prévisions de croissance du FMI à l'échelle mondiale. Surtout, ils se demandent quelle sera la teneur des chiffres de l'inflation américaine de septembre cet après-midi, et quelles pourraient être les conséquences sur la conduite de la politique monétaire de la Fed. Rendez-vous est pris pour 14h30.

Le CAC40 perd 0,15% à 6538 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

En Europe, la seconde lecture de l'inflation allemande de septembre (8h00) précèdera la production industrielle européenne d'août (11h00). Aux Etats-Unis, place à l'indice des prix à la consommation de septembre (14h30) et aux minutes de dernière réunion de la Fed (20h00).

L'euro a reculé aux portes de 1,152 USD, avant de se reprendre à 1,5524 USD. L'or tente une timide incursion au-dessus de 1760 USD, pendant que le pétrole se maintient à haut niveau, avec un Brent à 83,29 USD et un WTI à 80,50 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule légèrement à 1,58%, tandis que le Bund s'affiche à -0,09%. Le Bitcoin reste stable autour de 56 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : Barclays réduit son objectif de cours de 5,50 à 4,40 EUR.
  • Britvic : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1050 GBp.
  • BT Group : HSBC passe de conserver à alléger en visant 125 GBp.
  • Compleo : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 95 EUR.
  • Elior : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif relevé de 7 à 8,50 EUR.
  • Erste Group : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 41,50 EUR.
  • Gerresheimer : Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif réduit de 106 à 100 EUR.
  • Holcim : BofA passe d'acheter à neutre en visant 50 CHF.
  • Johnson Matthey : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 3800 à 3600 GBp.
  • Knorr-Bremse : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 113 à 110 EUR.
  • Melexis : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 100 EUR.
  • OCI : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 31 EUR.
  • Salzgitter : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 34 EUR.
  • Sodexo : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 75 EUR.
  • Teleperformance : Deutsche Bank relève son objectif de 355 à 404 EUR.
  • Voestalpine : Morgane passe de neutre à surpondérer en visant 41 EUR.
  • YouGov : Liberum reste acheteur avec un objectif réduit de 1455 à 1300 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • LVMH affiche une croissance organique de 40% sur neuf mois, légèrement meilleure que prévu.
  • Auchan aurait discuté avec le SPAC 2MX Organic avant d'entamer des pourparlers avec Carrefour, désormais terminés, selon Reuters.
  • Renault a réitéré auprès de ses syndicats l'ambition d'affecter neuf nouveaux véhicules aux usines françaises du groupe, pour produire plus de 700 000 véhicules par an dans l'Hexagone.
  • Le groupement Eiffage et Arcade-VYV désigné attributaire pressenti par le ministère des Armées pour la première concession de gestion de logements accordée en France.
  • Spie renonce à racheter Equans à Engie.
  • Sopra va racheter le spécialiste de la cybersécurité EVA Group.
  • Assystem acquiert Schofield Lothian.
  • Voltalia met en service le parc solaire de Laspeyres en Occitanie.
  • Carmat se réjouit de la publication d'un article sur le système d'autorégulation du cœur Aeson dans l'ASAIO Journal.
  • Latécoère et Devialet développent la première édition de Phantom adaptée à l'aéronautique.
  • Pixium Vision annonce des données positives de suivi à long terme de l'implant PRIMA issues de l'étude française de faisabilité du système Prima.
  • Cellectis présentera des données précliniques sur l'activité anti-tumorale de son produit candidat UCARTMESO à la réunion annuelle de la SITC.
  • Enensys va transformer une partie de sa dette obligataire en actions en mettant fin au contentieux en cours, sur la base d'un cours de 3,5005 EUR l'action.
  • Audacia entre en bourse à 6,75 EUR l'action.
  • OSE Immuno et Nicox vont participer à des conférences.
  • News Invest va quitter la cote à 2,28 EUR l'action.
  • NH TherAguix reporte son projet d'introduction en bourse sur le marché Euronext Growth à Paris.
  • Esker, Ekinops, Econocom, Mastrad, Eurobio, Pherecydes, Osmozis, Implanet ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • SAP relève ses perspectives 2021.
  • Apple devrait réduire ses objectifs de production d'iPhone alors que Broadcom et Texas Instruments sont confrontés à une pénurie de puces, selon Bloomberg.
  • Qualcomm va lancer un programme de rachat d'actions de 10 Mds$.
  • Tata Motors flambe après l'entrée de TPG et ADQ dans son projet de véhicules électriques.
  • L'UE va probablement ouvrir une enquête sur le projet de rachat d'Arm par Nvidia.
  • General Motors va récupérer 1,9 Md$ de LG après les rappels de véhicules pour batteries défectueuses.
  • Stadler Rail n'a pas perdu espoir sur le contrat autrichien dont Alstom a obtenu l'annulation.
  • Les commandes de Just Eat Takeaway en hausse de 25% au T3.
  • Invesco dément les allégations selon lesquelles elle aurait tenté de nuire aux intérêts des actionnaires de Zee.
  • Le CEO d'Hasbro, Brian Goldner, est décédé.
  • Coolblue repousse son IPO.
  • Verbund relève ses prévisions.
  • Contemporary Amperex Technology (CATL) affecte près de 5 Mds$ à une usine de recyclage de batteries.

Principales publications de résultats : JPMorgan Chase, BlackRock, Delta Air Lines, Just Eat Takeaway, Fraport, Vilmorin, Fagron

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