Le marché boursier évolue toujours sur un train de sénateur, train qui a permis hier de nouveaux gains modestes un peu partout. Hormis sur le Nasdaq, car les valeurs technologiques ont tendance à souffrir à chaque fois que les investisseurs pensent que le pari cyclique est toujours d'actualité. Sur ce point, j'attire votre attention sur le bazar qui règne depuis quelques jours dans les orientations stratégiques des grandes maisons de bourse. Jusqu'à présent, le courant de pensée dominant allait vers le "reflation trade", c’est-à-dire miser sur les entreprises bénéficiaires du rebond économique. Cette orientation n'a pas disparu bien sûr, mais on voit désormais un peu de tout en matière de conseil : préférer les valeurs défensives, revenir sur la croissance qualitative voire privilégier le compartiment technologique. Cette hétérogénéité est essentiellement la conséquence du maintien dans l'équation du coronavirus, alors que les scénarios de base ne l'incluaient plus qu'à la marge pour la rentrée 2021.

Ces divergences ne doivent pas masquer les performances indicielles exceptionnelles qui perdurent en dépit d'un environnement incertain. Il faut toujours relativiser, surtout lorsqu'on évolue dans un contexte boursier où les hausses à deux chiffres sont devenues la norme, ce qui favorise l'avidité. Quand j'écris que le Nasdaq souffre, il suffit de regarder un graphique pour comprendre que cette souffrance est toute relative.

Hier, les indices ont été tirés par le plan d'investissements publics validé par le Sénat américain. La partie infrastructures, qui a été votée avec l'appui d'une fraction des élus républicains, comprend 550 Mds$ pour remettre à niveau les installations de base du pays, des autoroutes aux chemins de fer en passant par les ouvrages d'art, notamment les ponts vétustes qui parsèment les Etats-Unis. C'est une victoire pour Joe Biden, comme vous le lirez un peu partout, même s'il a fallu sabrer dans les promesses qui avaient été faites durant la campagne électorale. Demander 100 pour obtenir 75, ou même plutôt 50 en l'occurrence, est une technique qui est utilisée jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.

Aux Etats-Unis toujours, le Wall Street Journal fait état des fissures qui apparaissent chez les démocrates concernant le renouvellement du mandat du patron de la Fed, Jerome Powell, en février prochain. Si vous suivez un peu les marchés financiers, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin pour expliquer l'importance du président de la banque centrale américaine, tour à tour économiste, gardien du temple, psychologue, funambule de la communication et pompier de service. Powell a été nommé pour quatre ans par Donald Trump, à qui il a courageusement tenu tête pour défendre l'indépendance de l'institution, au grand dam du précédent président américain qui n'a pas manqué de le tourmenter sur Twitter. Il a aussi eu à gérer l'inconnue covid-19, en mettant utilement à profit les enseignements de la crise de 2008. Par conséquent, il bénéficie d'une forte légitimité dans les deux camps aux Etats-Unis, et l'équipe Biden semble encline à renouveler son bail. Mais le WSJ note que l'aile gauche du parti n'apprécie pas le penchant pour la dérégulation financière de Powell. C'est un choix important, même si je vous accorde qu'il est un peu tôt pour spéculer sur l'identité du prochain homme fort de la Fed. Qui pourrait d'ailleurs être une femme forte, puisqu'en cas de mise au placard de Jerome Powell, c'est la membre du conseil des gouverneurs Lael Brainard qui tiendrait la corde successorale.

Aujourd'hui, les professionnels de l'investissement ont tous programmé leurs alertes pour 14h30, heure de la diffusion des chiffres de l'inflation du mois de juillet aux Etats-Unis. Les quatre dernières publications ont dépassé les attentes, en particulier celle de juin avec des prix en hausse de 0,9% par rapport à mai. Les économistes s'attendent à un ralentissement de la surchauffe, avec une progression de 0,5% en juillet par rapport à juin (et de 0,4% pour l'inflation "core", expurgée des éléments les plus volatils). Compte tenu de la dynamique économique aux Etats-Unis et de l'amélioration marquée du marché du travail, on peut raisonnablement penser qu'un taux d'inflation plus élevé que prévu conduira la Fed à accélérer le détricotage de ses mesures de soutien économique, pour éviter un dérapage trop important des prix. Cela créerait des ajustements sur certaines classes d'actifs, même si le marché a en partie intégré ce changement de paradigme.

Le CAC40 gagnait 0,3% à 6841 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Il sera donc beaucoup question de prix à la consommation aujourd'hui, allemands dès 8h00 puis américains à 14h30. Aux Etats-Unis, les stocks pétroliers hebdomadaires seront en outre annoncés à 16h30. Ce matin, Singapour a relevé sa prévision de croissance 2021, dans la fourchette 6 à 7%.

L'euro est toujours pressurisé à 1,1723 USD. L'once d'or se rebiffe légèrement à 1733 USD. Le pétrole, qui a rebondi hier, perd à nouveau du terrain à 70,40 USD le Brent et 68 USD le WTI. Le rendement du T-Bond remonte à 1,36 %, tandis que celui du Bund est inchangé à -0,46%. Le Bitcoin navigue toujours autour de 45 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AXA : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 26,50 à 28 EUR.
  • Basler : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 140 EUR.
  • Bpost : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 14 à 11 EUR.
  • Faurecia : Barclays reste à surpondérer mais réduit son objectif de cours de 70 à 60 EUR.
  • Fresenius Medical Care : Jefferies passe d'acheter à renforcer en visant 78,20 EUR.
  • Hargreaves Lansdown : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1640 à 1350 GBp.
  • HelloFresh : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 104 à 109 EUR.
  • JDE Peet's : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 32 EUR.
  • Jeronimo Martins : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 15,40 à 16,70 EUR.
  • Leg Immobilien : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 147 à 158 EUR.
  • MTU Aero : Barclays passe de pondération en ligne surpondérer en visant 241 EUR.
  • Nexus : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 60 à 70 EUR.
  • Renault : Barclays reste à souspondérer mais relève son objectif de cours de 32 à 36 EUR.
  • Schindler : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à surperformance en visant 355 CHF.
  • Siemens Healthineers : AlphaValue passe de vendre à alléger en visant 54,80 EUR.
  • SSE : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1680 à 1710 GBp.
  • Swiss Prime Site : Baader Helvea reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 85 à 95 CHF.
  • Travis Perkins : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2150 à 2168 GBp.
  • Umicore : Jefferies reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 53,20 à 54,90 EUR.
  • Wacker Neuson : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 29 EUR.

En France

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  • Vivendi a cédé à Pershing Square Holdings 7,1% du capital d’UMG pour un prix de 2,8 Mds$ sur base d’une valeur d’entreprise de 35 Mds€.
  • Les offres sur Hella tourneraient autour de 60 EUR par action, selon Reuters. Faurecia, Compagnie Plastic Omnium et Mahler seraient sur les rangs.
  • Claranova annonce un investissement de 65 M€ par deux fonds, via une augmentation de capital et une OCEANE, pour racheter les minoritaires d'Avanquest. Les objectifs 2023 sont réitérés.
  • Verimatrix en lice pour deux prix CSI 2021.

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