Les prix à la consommation dans les 19 pays partageant l'euro ont augmenté de 10,0 % ce mois-ci après une hausse de 10,6 % en octobre, ce qui est bien inférieur aux attentes de 10,4 % d'un sondage Reuters auprès des analystes.

Le tableau général est toutefois plus nuancé, car les prix de l'énergie ont représenté la majeure partie du ralentissement, tandis que l'inflation des prix des denrées alimentaires, une préoccupation majeure, a continué de s'accélérer, selon les données d'Eurostat publiées mercredi.

L'inflation étant plus de cinq fois supérieure à son objectif de 2 %, la BCE a relevé ses taux d'intérêt au rythme le plus rapide jamais enregistré cette année et une série de hausses au cours des prochains mois reste probable, car il faudra des années pour maîtriser la croissance des prix.

Mais après deux hausses consécutives de 75 points de base, certains responsables politiques ont récemment plaidé en faveur d'une hausse de 50 points de base le 15 décembre, arguant que l'inflation a finalement atteint un pic et que la BCE a fait suffisamment de progrès pour justifier des mesures plus modestes.

Alors que la baisse des prix globaux, la première depuis plus d'un an dans la zone euro, renforce les arguments en faveur d'une action plus mesurée de la BCE le mois prochain, les données de mercredi pourraient également alimenter les craintes que l'inflation se révèle plus persistante que prévu.

La croissance des prix sous-jacents, excluant les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, est restée élevée, ce qui est susceptible de déclencher des avertissements de la part des banquiers centraux conservateurs, tandis que la croissance des prix de l'alimentation, une préoccupation clé pour les gouvernements, montre peu de signes de pic.

En excluant les coûts de l'alimentation et du carburant, l'inflation est passée de 6,4 % à 6,6 %, défiant les attentes d'une baisse, tandis qu'une mesure encore plus étroite qui exclut également l'alcool et le tabac est restée stable à 5,0 %.

L'inflation pour les aliments transformés, l'alcool et le tabac, une catégorie clé, s'est quant à elle accélérée, passant de 12,4 % à 13,6 %.

Une autre complication est que la croissance économique ne souffre pas autant que certains l'avaient prévu, de sorte que l'impact déflationniste d'une récession hivernale imminente sera probablement plus modeste qu'on ne le pensait.

D'abord alimentée par les goulots d'étranglement de l'offre lors de la réouverture post-pandémie, l'inflation est maintenant alimentée par la flambée des prix des denrées alimentaires après une mauvaise récolte et par les coûts faramineux de l'énergie dans les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine.

Elle pourrait encore remonter dans les mois à venir, en particulier au tournant de l'année lorsque les contrats énergétiques seront réévalués, mais elle devrait baisser tout au long de 2023 et revenir aux alentours de 2 % d'ici la fin de 2024.

Une baisse aussi rapide n'a pas de précédent historique, avertissent certains responsables politiques, ce qui suggère que la petite baisse d'aujourd'hui ne devrait pas changer la donne quant à l'évolution des taux au cours du cycle de resserrement monétaire.