Mais démarrons avec le feuilleton de l'hiver. Histoire de confirmer que Donald Trump est bien le président des extrêmes, il devient le premier locataire de la Maison-Blanche à affronter deux procédures de destitution au cours du même mandat. L'histoire nous dira rapidement s'il est aussi le premier président des États-Unis à triompher deux fois d'un impeachment. Hier, la chambre des représentants à majorité démocrate, aidée par dix francs-tireurs républicains, a voté à 232 voix contre 197 en faveur d'une mise en cause de Donald Trump, pour "incitation à l'insurrection". Comme nous sommes tous devenus des experts en politique américaine ces derniers mois, vous savez sans doute que pour que la procédure aille plus loin, il faut un vote favorable du sénat, qui ne pourra examiner le dossier avant le 19 janvier. Autant dire que l'affaire sera tranchée après l'investiture de Joe Biden le 20 janvier. Une majorité des deux-tiers est requise à la chambre haute, ce qui signifie que 17 des 50 sénateurs républicains doivent clouer Trump au pilori avec les 50 démocrates pour ce qui constituerait une "destitution à posteriori". Cela pourrait toutefois empêcher le 45e président des Etats-Unis de briguer un nouveau mandat dans quatre ans… et au-delà.

Vous me pardonnerez j'espère d'enfoncer une porte ouverte en rappelant que l'actualité politique américaine à de fortes implications sur les marchés financiers. La victoire un peu inattendue des postulants-sénateurs démocrates en Géorgie, qui a entraîné le basculement du sénat en bleu, apporte de l'eau au moulin de ceux qui pensent que l'inflation va faire son retour, et que cela posera un sérieux problème aux marchés financiers. Quelques mots du mécanisme. Si le plan se déroule sans accroc, pour paraphraser Smith (Hannibal, pas Adam), la pandémie s'éteint lentement grâce aux vaccins, l'économie redémarre sur les chapeaux de roues et les prix aussi. Puis l'inflation reprend un rythme à peu près normal, voire même un peu supérieur à la moyenne. Mais les banques centrales ont expliqué qu'elles seraient plus tolérantes que d'habitude face aux hausses de prix, i.e. qu'elles n'augmenteront pas leurs taux de sitôt. Je rappelle que ce qui fait le plus peur aux investisseurs, c'est qu'une hausse des taux intervienne en marquant la fin de l'abondance de liquidités sur les marchés. Tout le monde connaît à peu près ce scénario. Le fait que les démocrates aient mis le grappin sur la Maison Blanche et les deux chambres du Capitole laisse penser que Joe Biden aura les coudées franches pour déployer un programme politique plus dispendieux que prévu. Une relance plus vigoureuse pourrait ainsi avoir un effet plus important sur les prix.

En gros, la question se pose de savoir si nous allons connaître une simple période de rattrapage des prix ou une nouvelle ère d'inflation marquée et durable. Dans le premier cas, les banques centrales n'auront pas grand-chose à changer à leurs politiques et les investisseurs ne craindront pas l'assèchement des liquidités. Dans le second, elles pourraient être forcées d'agir sur les taux à la hausse, de quoi contrarier les marchés financiers et provoquer des bouleversements dans les allocations d'actifs et sans doute au-delà dans la façon dont les Etats et les entreprises se financent.

Voilà le débat qui risque de dominer dans les semaines à venir, et qui explique pourquoi les financiers regardent à nouveau les courbes de taux et continuent à décortiquer les discours des banquiers centraux. Dans le reste de l'actualité, la situation politique en Italie se dégrade à nouveau après la démission de deux ministres liés à Matteo Renzi, qui met à mal la coalition au pouvoir. Les tractations ont démarré pour trouver une sortie par le haut en maintenant Giuseppe Conte à la tête de l'exécutif. Ces remous ont pesé sur le parcours de l'euro et expliquent son accès de faiblesse face au billet vert notamment.

Enfin, je pense qu'il faut décerner la palme de l'hypocrisie rétrospective au patron de Twitter, le sympathique Jack Dorsey, qui a expliqué que la décision de bannir Trump du réseau était la "bonne solution", mais que cela crée un précédent qui lui "semble dangereux". Ce qui me semble le plus dangereux, c'est de pouvoir décider du jour au lendemain qui est fréquentable et qui ne l'est pas en fonction de la pression sociale du moment, alors qu'on a toléré des tombereaux d'âneries pendant des années avec bienveillance, pour ne pas menacer la croissance de la notoriété du réseau. Quant à tenter de le justifier par la suite en expliquant que c'est peut-être mal, c'est, comment dire, probablement encore plus idiot.

Le CAC a finalement ouvert autour de l'équilibre à 5660 points.

Les temps forts économiques du jour

L'indice des prix à la consommation français (8h45) sera suivi des nouvelles demandes d'allocation chômage hebdomadaires aux Etats-Unis (14h30). Ce matin, la Chine a annoncé un excédent commercial record, grâce à une vive progression de ses exportations, dopées par les besoins créés par la pandémie.

L'euro reste plutôt faible à 1,2146 USD. L'once d'or recule à 1839 USD. Le pétrole a perdu du terrain hier après ses gains récents, à 55,90 USD le baril de Brent et à 52,82 USD le baril WTI. Le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans s'établit à 1,11%. Le Bitcoin est remonté à 37 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 9 EUR.
  • Adidas : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 325 EUR.
  • Aegon : Société Générale passe de conserver à vendre.
  • Anglo American : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 2900 GBp. Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 3500 GBp.
  • Antofagasta : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 1170 GBp.
  • Asos : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 5700 à 6200 GBp.
  • Assicurazioni Generali : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 18 EUR.
  • AXA : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 27,50 à 26 EUR.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 53 EUR.
  • Boliden : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 335 SEK.
  • Bureau Veritas : Deutsch Bank passe de conserver à acheter en visant 26 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11,40 à 12,10 EUR.
  • Deutsche Telekom : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 17,20 à 18,50 EUR.
  • Glencore : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 290 GBp.
  • LafargeHolcim : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 51 CHF.
  • Natixis : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 3,10 EUR.
  • Nordex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 23 à 30 EUR.
  • Proximus : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 14,90 à 13,10 EUR.
  • Saint-Gobain : Berenberg démarre le suivi à vendre en visant 33 EUR.
  • Signify : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 33 à 37 EUR.
  • Sika : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 245 à 265 CHF.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20 à 22 EUR.
  • Swisscom : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 406 CHF.
  • Telefonica : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 3,20 EUR.
  • Tryg : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 201 DKK.
  • Vodafone : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 159 à 170 GBp.
  • Worldline : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 90 à 100 EUR.
  • Zalando : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 111 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Annonces importantes

  • Le gouvernement français est réticent un éventuel rachat de Carrefour par Alimentation Couche-Tard.
  • Renault présente aujourd'hui son plan de redressement baptisé "Renaulution". Tous les détails ici.
  • Les ventes mondiales de PSA (Peugeot) ont chuté de 27,8% en 2020, à 2,5 millions de véhicules.
  • AccorInvest (Accor) envisage 1900 suppressions d'emplois en Europe, dont 770 en France, via un PSE.
  • Saint-Gobain lance au Brésil une nouvelle division produits pour les plafonds et solutions acoustiques.
  • Pierre Anjolras nommé président de Vinci
  • Le gouvernement mènera un débat spécifique au Parlement concernant l'avenir d'Electricité de France.
  • Gaumont décale la sortie de quatre de ses films.
  • Icade Promotion vend 261 logements en VEFA à Aberdeen Standard Investments pour 64 M€.
  • Keyrus s'offre C17 Engineering.
  • Marie Brizard lance une augmentation de capital de 105,3 M€ à 1,50 EUR l'action.
  • Olympique Lyonnais prête Moussa Dembélé à l'Atlético de Madrid et accueille Islam Slimani.
  • Implanet négocie l'acquisition d'un fabricant européen d'implants destinés à la chirurgie du rachis et signe un nouveau financement convertible dilutif.
  • Energisme équipe Babcock Wanson.
  • Sidetrade renforce sa présence sur le marché britannique.
  • Carbios renforce ses brevets.
  • Vergnet lance un système léger et autonome de potabilisation de l'eau et de désinfection.
  • Roctool a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • La nouvelle rumeur en provenance des États-Unis voudrait que Washington laisse les investisseurs américains se positionner sur des actions comme Alibaba, Tencent et Baidu.
  • Intel se sépare de son CEO Bob Swan au profit du patron de VMWare Pat Gelsinger.
  • Taiwan Semiconductor a publié ce matin des résultats plus élevés que prévu au T4.
  • Bruxelles a validé le rachat de Refinitiv par London Stock Exchange pour 27 Mds$.
  • Le PDG de Twitter défend le ban de Trump mais y voit un dangereux précédent, tandis que Snap bannit à son tour le président américain.
  • Johnson & Johnson devrait commencer à livrer son vaccin en mars s'il passe la dernière étape d'efficacité, avec pour objectif 1 milliard de doses en 2021.
  • Equinor remporte un gros contrat éolien offshore à New York.
  • Bombardier et CAF choisis pour de nouveaux RER, face à Alstom dans le cadre d'un contrat de 2,56 Mds€ pour 146 nouveaux trains.
  • L'agence de sécurité routière américaine demande à Tesla de rappeler 158 000 véhicules vendus entre 2012 et 2018 pour accroître la mémoire de l'ordinateur de bord.
  • Selon Bloomberg, Cargill négocie une sortie du trading de sucre.
  • Swissquote va dépasser ses objectifs 2020.
  • Stadler vend des trains de sauvetage en Autriche.

Ça publie aujourd'hui. BlackRock, Fast Retailing, Barrick Gold, Tesco, Partners Group, Delta Air Lines, Geberit, OMV, Chr. Hansen, Whitbread, Boohoo

Lectures