Je reprends l'image des montagnes russes évoquée mardi pour décrire la situation cette semaine sur les marchés financiers. La phase de détente constatée hier dans le bras de fer ukrainien a permis aux indices de rebondir, emmenés par les titres qui avaient été hachés menus ces derniers jours, notamment dans les poches cyclique et technologique. Nous sommes donc de retour dans une phase ascendante du petit wagonnet boursier. La question que tout le monde se pose est de savoir si le wagonnet va redescendre brutalement à la faveur d'un regain de tension entre Moscou et l'Occident, ou si le tour de manège est terminé parce que les protagonistes trouvent un terrain d'entente durable.

Résultat des courses, le CAC40 et le DAX, qui deviennent inséparables, ont repris 2%. Aux Etats-Unis, le Nasdaq a rebondi de 2,47%, deux fois plus que le Dow Jones. L'Asie en profite pour s'offrir une belle remontée, qui atteint 2% à Tokyo par exemple. Tous les secteurs progressent, à l'exception de l'énergie qui pâtit de la détente du mardi sur des cours pétroliers qui restent dans la zone des 90 à 100 USD pour les deux barils de référence, le Brent et le WTI. Pour relativiser un peu les secousses actuelles sur les marchés actions, notez que le CAC40 est à moins de 6% du record toutes catégories signé le 5 janvier dernier.

La crise ukrainienne a donc connu hier un nouveau soubresaut, avec le départ d'une partie des troupes russes massées à la frontière entre les deux pays et les commentaires jugés constructifs de Vladimir Poutine. Bon, dans le même temps, l'Ukraine était victime d'une vaste cyberattaque qu'on imagine mal orchestrée depuis le plateau du Larzac. Il faut s'y faire, le maître du Kremlin est aussi le maître du jeu pour les marchés boursiers occidentaux : ce sont ses déclarations, et pas celles de ses antagonistes, qui donnent des hauts le cœur aux marchés et des sueurs froides aux diplomates. Pour autant, le conflit est-ouest n'est pas un dialogue mélien, dans le sens où il n'y a pas un camp capable d'imposer sa volonté à l'autre sans discuter. Une issue négociée reste possible.

Comme je résiste rarement au plaisir d'expliquer une expression antique, je vais brièvement vous raconter d'où vient cette curieuse expression de "dialogue mélien" ou "d'ordre mélien" qui est fondamentale dans les rapports entre nations. Les puristes me pardonneront j'espère cette version très simplifiée. Durant la guerre entre Athènes et Sparte, les Athéniens furent confrontés aux habitants de la petite île de Mélos. Conscients de leur infériorité, les insulaires demandèrent à leur puissants rivaux de respecter leur neutralité. Mais Athènes répliqua que la justice ne s'applique qu'entre puissances égales et qu'en l'espèce, les faibles devaient se soumettre aux forts. Pour faire bonne mesure, tous les Méliens en âge de se battre furent passés au fil de l'épée et leurs familles réduites en esclavage. On retrouve bien sûr une morale proche dans la fable de La Fontaine Le Loup et l'Agneau ("La raison du plus fort est toujours la meilleure…"), empruntée à Esope.

La séance boursière du jour sera dominée par une batterie d'indicateurs aux Etats-Unis dans des domaines variés. Hier, les chiffres des prix à la production américains de janvier ont montré que la surchauffe économique est toujours d'actualité et que la banque centrale américaine va piocher pour reprendre le contrôle de l'inflation. D'ailleurs, le rendement des obligations d'Etat américaines à 10 ans est remonté brutalement au-dessus des 2% en réaction. Il y aura aussi une pleine brouette de résultats d'entreprises, notamment dans le domaine des semiconducteurs outre-Atlantique et de la consommation en Europe. Parmi les chouchous des marchés, on retrouve Air Liquide pour les bons pères de famille, Nvidia pour les investisseurs en herbe ou Carrefour pour le parfum un peu fané de la spéculation.

Les indicateurs avancés laissent entrevoir une ouverture boursière en hausse en Europe ce matin. L'indice VIX qui nous accompagne à nouveau depuis quelques jours dans cette chronique a reculé hier, tout en restant dans une zone d'inconfort qui montre que la volatilité est toujours présente. A la fois à cause des dégâts provoqués par l'inflation un peu partout et à cause de l'incertitude entourant la crise en Ukraine. Le CAC40 gagne 0,3% à 7000 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Gros programme aux Etats-Unis avec les ventes de détail (14h30), la production industrielle (15h15), l'indice immobilier de la NAHB (16h00), les stocks d'entreprises (16h00), les stocks pétroliers (16h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00). La Chine a annoncé ce matin une inflation de 0,9% en janvier, pour un consensus positionné à 1%. Les prix à la production affichent pour leur part une croissance annuelle de 9,1%, pour 9,5% attendu.

La paire euro / dollar est stable à 1,1348 USD. L'once d'or perd de l'altitude à 1852 USD, le pétrole aussi avec un Brent à 93,12 USD et un WTI à 92,02 USD. Le rendement du T-Bond remonte à 2,03% sur 10 ans. Le bitcoin consolide son rebond de la veille à 44 128 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
  • AstraZeneca : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 9100 à 8800 GBp.
  • BAE Systems : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 642 GBp.
  • Basic-Fit : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 56 EUR.
  • Basilea : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 67 à 64 CHF.
  • British American Tobacco : Cowen reste la performance de marché avec un objectif de cours relevé de 2850 à 3500 GBp.
  • Clariant : CFRA passe d'acheter à conserver en visant 17 CHF.
  • Coface : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 13,30 EUR.
  • Delivery Hero : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 80 EUR.
  • Evraz : Citigroup reprend le suivi à l'achat en visant 490 GBp.
  • Exel Composites : Inderes passe d'accumuler à alléger en visant 7,50 EUR.
  • Fraport : Bank of America passe de neutre à achat en visant 75 EUR.
  • Home24 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 17,30 à 15,90 EUR.
  • Idorsia : Citigroup reste à l'achat avec un objectif relevé de 224 à 25 CHF.
  • Ipsen : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 92 à 95 EUR.
  • Michelin : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 156 à 158 EUR.
  • Rovio : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 8,80 à 9 EUR.
  • Segro : Goodbody passe de conserver à acheter en visant 1400 GBp.
  • Straumann : Credit Suisse réduit son objectif de cours de 2235 à 1870 CHF.
  • Telenet : Citigroup passe de neutre à achat en visant 37 EUR.
  • Thales : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 98 EUR.
  • The Gym Group : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 340 GBp.
  • Tod's : Intesa passe de conserver à accumuler en visant 53,30 EUR.
  • Zeal : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 47 EUR.
  • Zurich Airport : Bank of America passe de neutre à sousperformance en visant 173 CHF.

En France

Résultats de sociétés importantes

  • Air Liquide : le groupe vise une progression de ses résultats cette année, après avoir engrangé 2,57 Mds€ de bénéfice net en 2021. Le dividende est relevé à 2,90 EUR. Une journée investisseurs est organisée le 22 mars pour les objectifs de moyen terme.
  • La Française des Jeux : le groupe relève ses objectifs à horizon 2025 après un exercice 2021 supérieur aux attentes.
  • Neoen : le groupe a confirmé son objectif d'Ebitda 2025 après la publication de ses résultats annuels.
  • Nexans : les résultats 2021 dépassent les attentes. Le groupe vise un Ebitda en hausse compris entre 500 et 540 M€ cette année (consensus 527 M€).

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus finalise un contrat pour vendre 7 A350 en version fret à Singapore Airlines.
  • Solvay et Veolia lancent le projet de transition énergétique "Dombasle Énergie".
  • Sodexo et Microsoft poursuivent leur collaboration.
  • Gecina précommercialise 80% du programme " Boétie " à Paris 8ème.
  • Eiffage vend cinq de ses partenariats public privé à Quaero Capital.
  • Elis acquiert la société Textilservice Jöckel en Allemagne.
  • Quadient lance sa solution d'automatisation des comptes fournisseurs Beanworks en France et au Royaume-Uni.
  • Exel Industries finalise l'acquisition de la société Italienne GF Garden.
  • Latecoere et Airbus collaborent sur trois projets spatiaux en Europe
  • L'OPA à 4 EUR sur Itesoft repoussée pour faciliter les travaux de l'expert indépendant.
  • Hydrogène de France franchit une étape importante pour son projet de la Barbade.
  • Kerlink et Clickie déploient des systèmes de magasin intelligent pour la plus grande chaîne de commerces de proximité d'Amérique Latine.
  • Boostheat signe avec le CETIAT un contrat de collaboration d'un an renouvelable dans le but d'accompagner la mise au point de la Pompe à Chaleur Thermique (PAC) BOOSTHEAT dans différentes applications.
  • Biosynex détient 3% de Novacyt.
  • Bic, Coface, Haulotte, M6 Métropole Télévision, Musée Grévin, Olympique Lyonnais, Poujoulat, Madvertise, Ashler, ont publié des résultats et/ou des prévisions.

Dans le monde

Résultats de sociétés importantes

  • Ahold Delhaize : les résultats du T4 sont supérieurs aux attentes du marché.
  • Airbnb : le titre gagne 3,6 % post-séance après la publication de résultats convaincants.
  • Heineken : les volumes écoulés en 2021 sont légèrement supérieurs aux attentes. Mais la société prévient que l'inflation aura des conséquences sur ses résultats.
  • Schindler : les résultats du T4 sont en baisse mais supérieurs aux attentes de la place.

Annonces importantes (et autres)

Lectures