Cinq mois après avoir levé 44M€ pour accélérer les acquisitions, Lacroix annonce monter à 62% du capital de l’américain FirstronicEn prenant le contrôle de cet EMS (Electronics Manufacturing Services) dont il détenait une participation minoritaire depuis 2017, le groupe devient le 1er EMS français et franchit une étape importante de son plan Leadership 2025. En effet, en acquérant 125 M€ de CA en croissance à deux chiffres, les 800 M€ de CA visés par le Groupe en 2025 sont maintenant envisageables à isopérimètre.

Vincent Bedouin, que va vous apporter Firstronic ?

" Nous avions pour objectif de renforcer nos implantations sur les marchés stratégiques que sont les Etats-Unis et l’Allemagne, notamment par le biais d’acquisitions. Firstronic sert de très importants donneurs d’ordre, essentiellement dans les domaines de l’automobile (80% du CA) et de l’industrie. La société s’appuie sur 2 sites de production employant près de 1300 personnes à la fois dans le Michigan où siège la société et sur son site low cost très dynamique situé au Mexique. Cette opération renforce la position mondiale de Lacroix notamment dans le secteur automobile où l’électronique embarqué ne cesse de croître. Par ailleurs, elle crée de solides fondations pour accélérer le développement des différentes activités de Lacroix dans la zone Amérique où d’autres acquisitions pourraient intervenir dans les autres activités du Groupe. " 

Pourquoi avoir fait appel à la BPI pour réaliser cette acquisition ? Le montant à mobiliser était-il trop élevé compte tenu des bonnes performances de Firstronic en 2021 ? A quel horizon comptez-vous racheter les 26% de la BPI ?

" Nous connaissons bien Firstronic avec qui nous travaillons depuis des années et l’augmentation de capital que nous avons réalisé cet été nous a permis de discuter depuis la rentrée du devenir de notre option de prise de contrôle de cette participation minoritaire. L’intégration de la BPI dans ces négociations nous permet une prise de contrôle tout en gardant des capacités d’acquisitions encore conséquentes pour les activités City et surtout Environnement, prioritairement aux Etats-Unis ou en Allemagne. Concernant le prix, nous sommes restés sur des multiples raisonnables, c’est-à-dire environ 8,5 à 10 fois l’Ebitda attendu respectivement en 2022 et 2021. Les CEO et COO de Firstronic restent engagés opérationnellement et au capital de l’entreprise et il n’y a pas de compléments de prix de prévu. Concernant la participation détenue par la BPI, nous disposons d’une option de rachat au-delà de 5 ans. Cette acquisition est instantanément relutive pour nos marges et doit nous apporter d’ici 2025 quelques dizaines de millions d’euros de ventes croisées et plusieurs millions d’euros d’économies sur les achats. "

Des ambitions 2025 confortées par l’acquisition de Firstronic (source : présentation du plan Leadership 2025) 

Quelle est la situation bilantielle de Firstronic et quand comptez-vous consolider la société dans les comptes du Groupe ?  

" Firstronic porte une dette nette de 40 M€ et nous intégrerons la cible à partir du closing qui interviendra dans les jours voire semaines à venir. Rappelons que Firstronic a réalisé en 2020 un CA de 87 M$ pour une marge d’EBITDA supérieure à 8%, et que pour 2021 les prévisions s’élèvent à 140M$ de CA et un EBITDA supérieur à 9%. Une croissance à deux chiffres est attendue pour les prochaines années. " 

Le coût et le calendrier de votre usine électronique du futur « Symbiose » près de Cholet est-il conforme aux prévisions initiales ? 

" Oui, nous sommes toujours sur un investissement initial de 25M€ avec une livraison du bâtiment prévue pour la fin 2021Le pipe commercial, à la fois lié à la dynamique de notre marché et aux atouts de cette usine ultra-moderne, se remplit fortement et nous permet d’être très confiants sur le doublement d’activité attendu de ce déménagement d’usine, à 100ME en 2027. Par exemple, nous avons signé avec Ledger pour fabriquer les cartes électroniques des clés de sécurisation de Nano, leur portefeuille de cryptoactifs. " 

En septembre dernier, Lacroix a dû revoir à la baisse ses ambitions 2021 compte tenu des tensions sur les approvisionnements et les prix des composants. Comment la situation a-t-elle évolué depuis ?  

 " Je dirais que nous sommes revenus à la situation difficile mais gérable de l’avant été après être passés par une rentrée très compliquée. Aussi, nous devrions publier des résultats annuels conformes à ce qui a été annoncé. Cela étant, nous n’attendons pas de retour à la normale avant 2023. Cette crise des composants aura permis de faire prendre conscience aux décideurs et aux pouvoirs publics de la nécessité de continentaliser davantage les capacités de production et de travailler en bonne intelligence tout au long de la filière. Nous nous réjouissons par ailleurs que les problématiques RSE et en particulier d’impact carbone des chaînes d’approvisionnement prennent davantage de place dans la réflexion au niveau des grands comptes. "

La trajectoire 2025 de Lacroix (source : présentation du plan Leadership 2025) 

L'auteur est actionnaire de la société.