par Laetitia Volga

Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi et l'euro grimpe à un plus haut de trois mois après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) sur une nouvelle augmentation de son soutien à l'économie de la zone euro face au choc provoqué par la pandémie de coronavirus.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,21% à 5.011,98 points, se maintenant de justesse au-dessus du seuil des 5.000 points franchi mercredi pour la première fois en trois mois.

Le Footsie britannique a cédé 0,64% et le Dax allemand a perdu 0,45%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,24%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 0,73% et le Stoxx 600 de 0,72%.

Les places européennes s'accordent une pause après un début de semaine très positif qui les ont portées à des plus hauts depuis début mars.

Elles ont fait un bref passage dans le vert pour saluer la décision de la BCE d'augmenter de 600 milliards d'euros, pour le porter à 1.350 milliards, le montant du "Programme d'achats d'urgence pandémique" (PEPP), un plan d'achats de dettes sur les marchés visant à faire baisser les coûts de financement des Etats, des entreprises et des ménages.

La BCE n'a ainsi pas déçu les fortes attentes des investisseurs, au contraire. "Les marchés s'attendaient à une augmentation de 500 milliards", a déclaré à Reuters Valentin Bissat, économiste senior chez Mirabaud. "On vit une situation extraordinaire (...) qui appelle une réponse exceptionnelle à la fois de la BCE et des gouvernements européens et c'est ce à quoi s'attelle la banque centrale actuellement. Les marchés d'actions sont bien soutenus, même s'ils marquent un peu le pas aujourd'hui, mais ce programme de rachats d'actifs va dans la bonne direction."

De son côté, le gouvernement allemand a annoncé que les partis membres de la coalition avaient conclu un accord sur un plan de relance de 130 milliards d'euros, qui prévoit entre autres une baisse temporaire de la TVA sur de nombreux produits.

VALEURS

Le secteur bancaire, qui perdait plus de 2% en séance, a terminé à l'équilibre (-0,09%) après les annonces de la BCE tandis que des prises de bénéfice ont particulière affecté l'automobile, dont l'indice Stoxx a reculé de 1,64%.

Les spécialistes de l'immobilier commercial, qui avaient profité à plein de la reprise progressive de l'activité dans plusieurs pays, ont souffert: Hammerson a perdu 13,65% et Unibail-Rodamco-Westfield 4,27%.

A la hausse, Rémy Cointreau a bondi de 11,27%, la meilleure performance du Stoxx 600, après avoir relevé sa prévision de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours en évoquant une évolution "plus favorable" de la consommation de spiritueux aux Etats-Unis.

Vivendi a pris 2,79%, le bon accueil réservé à l'américain Warner Group Music pour son retour à Wall Street étant perçu comme un signal positif pour l'entrée en Bourse de sa filiale musicale Universal Music prévu en 2023.

En tête du CAC, Airbus a gagné 5,22%

A WALL STREET

Au moment de la clôture européenne, la Bourse de New York reculait, victime également de prises de profit après une belle séquence haussière : le Dow Jones ,le S&P-500 et le Nasdaq perdaient entre 0,03% et 0,34%.

Aux valeurs, American Airlines avançait de 24,64% après avoir annoncé une nette augmentation du nombre de vols le mois prochain pour les liaisons domestiques et internationaux.

En tête du Dow Jones, l'avionneur Boeing gagnait 6,95%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont reculé aux Etats-Unis la semaine dernière pour tomber sous la barre des deux millions, une première depuis la mi-mars, bien qu'elles restent encore très élevées.

CHANGES

Sur le marché des changes, l'euro enchaîne une huitième séance consécutive de hausse. La monnaie unique (+0,72%) bondit à 1,1315 dollar, après un pic de trois mois à 1,1361, en réaction à l'augmentation par la BCE de son soutien déjà massif à l'économie du bloc, malmenée par la pandémie de coronavirus.

"Cette décision met en évidence l'engagement de la BCE à renforcer la reprise. S'il reste des obstacles à surmonter, notamment pour parvenir à un accord unanime sur le fonds de relance, la réponse européenne a fait d'énormes progrès en très peu de temps. La zone euro pourrait bien sortir de récession plus rapidement que les États-Unis et le Royaume-Uni et avoir fait dans le même temps des progrès significatifs dans sa cohésion structurelle", a commenté Jai Malhi, stratégiste chez JPMorgan Asset Management.

TAUX

Les annonces de la banque centrale européenne a favorisé une nette détente sur les rendements des pays du sud de l'Europe: les dix ans espagnol et portugais, ont perdu environ six points de base et le dix ans italien est tombé jusqu'à 1,382%, un creux de plus de deux mois.

L'écart de rendement entre les 10 ans italien et allemand avoisine les 170 points de base, au plus bas depuis fin mars.

Le rendement du Bund allemand est monté à plus haut de deux mois à -0,303%.

PÉTROLE

Les cours pétroliers reculent en raison de doutes sur la capacité des pays producteurs à se mettre d'accord sur une prolongation des réductions de la production après le report de la réunion de l'Opep+, initialement prévue ce jeudi.

Le baril de Brent cède 0,63% à 39,54 dollars et le brut américain (West Texas Intermediate, WTI) abandonne 1,18% à 36,85 dollars le baril.

A SUIVRE :

Le marché suivra avec attention le rapport sur l'emploi de mai, prévu vendredi. Les économistes anticipent huit millions de suppressions de postes non-agricoles et un taux de chômage à 19,8%, un record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

(avec Patrick Vignal, édité par)