SINTRA, Portugal (Reuters) - Le futur programme d'achats d'obligations de la Banque centrale européenne permettra d'empêcher un creusement excessif des écarts de rendements au sein de la zone euro tout en maintenant la pression sur les gouvernements pour qu'ils assainissent les finances publiques, a déclaré mardi Christine Lagarde, la présidente de la BCE.

La BCE a annoncé son intention de relever ses taux d'intérêt à partir de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 21 juillet, quelques semaines seulement après avoir arrêté ses achats d'obligations sur les marchés.

Cette double évolution de sa stratégie a eu pour effet ces dernières semaines une forte remontée des rendements obligataires des pays les plus endettés de la zone euro, à commencer par l'Italie.

Pour mettre fin à ce mouvement susceptible de provoquer une "dislocation" du bloc monétaire, la BCE a accéléré les travaux d'élaboration d'un nouveau programme d'achats de titres censé limiter le creusement des écarts de rendements entre pays membres.

"Le nouvel instrument devra être efficace tout en étant proportionné et en incluant des dispositifs de garanties suffisants pour préserver la dynamique des Etats membres vers une politique budgétaire saine", a dit Christine Lagarde au Forum annuel des banques centrales organisé par la BCE à Sintra, au Portugal.

Ces propos suggèrent que le nouveau programme inclura des contraintes pour les pays qui en bénéficieront, comme plusieurs sources l'avaient expliqué à Reuters ces dernières semaines.

Selon ces sources, ces conditions devraient toutefois rester relativement souples; elles pourraient par exemple porter sur le respect des recommandations économiques de la Commission européenne déjà en vigueur pour l'accès aux financements de l'Union.

Deux sources ont parallèlement déclaré à Reuters que la BCE prévoyait de retirer des liquidités du système bancaire de la zone euro pour compenser l'impact de ses futurs achats d'obligations, afin de ne pas augmenter le montant global des liquidités en circulation.

Concernant la remontée annoncée des taux d'intérêt, Christine Lagarde a expliqué qu'elle devrait se faire par petits paliers successifs "mais avec la possibilité d'agir de manière décisive en cas de détérioration de l'inflation à moyen terme, notamment si des signes de désancrage des anticipations d'inflation apparaissent".

La BCE prévoit de relever les taux d'un quart de point le 21 juillet mais elle n'exclut pas une hausse plus importante en septembre si ses prévisions d'inflation à moyen terme ne permettent pas d'envisager un retour à son objectif de 2%.

(Reportage Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)