FRANCFORT (Reuters) - Les responsables de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ont encore des divergences concernant la stratégie à mener en matière d'inflation mais espèrent parvenir à un compromis avant de débattre en septembre de l'avenir des mesures prises face à la pandémie, a-t-on appris de plusieurs sources informées des débats au sein de l'institution.

Lors de leur séminaire le week-end dernier, les membres du Conseil des gouverneurs se sont accordés sur certaines questions annexes, comme la prise en compte des enjeux liés au climat dans leurs décisions et celle des coûts de logement des propriétaires occupants dans la mesure de l'inflation, ont précisé ces trois personnes.

Mais ils ont fait le constat de divergences persistantes concernant le coeur de la stratégie de la banque centrale, à savoir la définition de la stabilité des prix et les moyens de l'atteindre, ont-elles ajouté.

L'une de ces trois personnes a expliqué que le séminaire avait abouti à un consensus sur la possibilité de laisser l'inflation dépasser l'objectif de la BCE, qui devrait être fixé à 2%, un niveau sous lequel elle a évolué pendant la majeure partie des dix dernières années.

Mais, a poursuivi cette source, les responsables de l'institution doivent désormais s'accorder sur la manière de formuler ce nouveau message concernant la tolérance à l'inflation et sur l'ampleur comme la durée du dépassement qu'accepterait la BCE.

Le sujet devrait être abondamment débattu au cours des semaines à venir.

"Il y a beaucoup de projets qui vont circuler au cours des prochaines semaines", a dit l'une des sources.

ÉCHÉANCE CLÉ LE 9 SEPTEMBRE

Deux sources ont expliqué que la BCE espérait boucler ce débat avant la réunion de politique monétaire du 9 septembre, lors de laquelle le Conseil des gouverneurs pourrait décider de l'avenir du Programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP), devenu depuis mars 2020 son principal instrument.

Un porte-parole de la BCE s'est refusé à tout commentaire.

La présidente de l'institution, Christine Lagarde, a déclaré dimanche qu'elle et ses collègues avaient réalisé de "bons progrès" lors du séminaire qui a duré trois jours.

Selon les trois sources interrogées, les débats ont permis d'aboutir à la conclusion que l'exposé de la nouvelle stratégie devait être aussi clair que possible et éviter le recours au jargon économique, comme l'emploi des termes "symétrie" et "asymétrie" à propos de l'inflation.

Autre décision tranchée: la prise en compte dans le calcul de l'inflation des coûts de logement des propriétaires occupants, un changement non négligeable dans les pays où les prix immobiliers ont fortement augmenté comme la France, l'Allemagne ou les Pays-Bas, ont dit les sources.

Cette modification devrait avoir pour effet de rapprocher l'inflation de l'objectif de la BCE comme de la perception de l'évolution des prix par les particuliers mais elle nécessitera une coopération avec Eurostat et les instituts nationaux des statistiques, un processus qui pourrait prendre quatre ou cinq ans, ont-elles précisé.

Un accord a aussi été trouvé sur la prise en compte des enjeux climatiques, qui doit désormais être exprimé en mots par la BCE et les banques centrales nationales, ont ajouté les sources.

(Avec la contribution de Robert Muller, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)

par Francesco Canepa et Balazs Koranyi