Comme on s'y attendait, la banque centrale a laissé en l'état une politique monétaire ultra-accommodante en vigueur depuis maintenant plus de cinq ans.

Elle a également confirmé qu'à son sens le Japon, troisième économie mondiale, poursuivrait une croissance à un rythme modéré mais beaucoup d'analystes sont sceptiques, en raison du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, ses principaux partenaires commerciaux.

"L'économie japonaise poursuivra sans doute sur la voie de la croissance tout au long de l'exercice 2020", explique la BoJ dans son rapport trimestriel. "Dans l'ensemble, la croissance des économies externes devrait rester solide, encore que divers événéments récents méritent d'être suivis de près, telles les frictions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine".

L'institut d'émission a dressé une liste de risques auxquels l'économie japonaise est confrontée, que ce soit le protectionnisme, le Brexit ou encore la politique économique de Washington.

"De tels risques baissiers relatifs aux économies externes se sont sans doute accrus ces derniers temps et il faut étudier soigneusement leur impact sur la confiance des ménages et des entreprises au Japon", écrit-elle.

Une enquête de Reuters publiée voici deux jours montre que le risque que le Japon entre en récession au cours de l'exercice fiscal 2019-2020, qui débute le 1er avril, s'est accentué au cours des trois derniers mois, sous le coup du ralentissement mondial et du conflit commercial sino-américain.

En outre, le Fonds monétaire international a réduit lundi ses prévisions de croissance dans le monde, tandis qu'un rapport du consultant PwC révèle que les chefs d'entreprise sont de plus en plus pessimistes dans un contexte de tensions commerciales internationales.

Au terme de sa réunion de politique monétaire, la BoJ a conservé un objectif de -0,1% pour les taux courts et a confirmé qu'elle continuerait de piloter le rendement de l'emprunt d'Etat à 10 ans autour de 0%.

Dans la mesure où l'inflation persiste à rester faible, la BoJ est obligée de maintenir plus longtemps que prévu sa politique monétaire ultra-accommodante mais elle y a apporté quelques changements en juillet, comme permettre au rendement obligataire d'évoluer de façon plus souple autour de l'objectif.

"Il sera difficile pour la BoJ d'évoquer une normalisation de sa politique moéntaire ou une stratégie de sortie pour le moment car les risques émanant des économies internationales sont en hausse", observe Hiroaki Mutou, chef économiste de l'institut d'études Tokai Tokyo, ajoutant que la banque centrale examinera les décisions que prendra la Réserve fédérale et ses répercussions probables pour le yen.

LA PRÉVISION D'INFLATION RÉVISÉE QUATRE FOIS

Dans son rapport de perspectives publié mercredi, le conseil de neuf membres de la BoJ analyse l'économie japonaise, par le biais de nouvelles projections de croissance et d'inflation, jusqu'au terme de l'exercice budgétaire 2020-2021, clos le 31 mars de cette dernière année.

La banque centrale a réduit sa prévision de croissance sur l'exercice en cours, clos le 31 mars prochain, mais elle a relevé celles des deux exercices suivants, les dépenses publiques étant sensées amortir les effets d'une hausse de la TVA prévue en octobre.

La tâche du gouvernement japonais s'annonce ardue, comme en témoigne une statistique commerciale publiée mercredi et suivant laquelle les exportations du Japon ont subi en décembre leur baisse la plus prononcée depuis deux ans.

La BoJ a révisé en baisse sa projection d'inflation mesurée par les prix de détail hors produits alimentaires frais à 0,9%, contre 1,4% auparavant, sur l'exercice débutant le 1er avril prochain, conséquence du tassement des prix pétroliers et des éventuelles retombées du ralentissement de la croissance mondiale.

C'est la quatrième fois que la banque centrale revoit à la baisse cette prévision.

Les économistes interrogés par Reuters, qui pensent que la prochaine mesure que prendra la BoJ sera de lancer le cycle de normalisation de sa politique monétaire, n'anticipent eux qu'une inflation de 0,7%.

Pour l'exercice suivant, la prévision d'inflation est elle ramenée de 1,5% à 1,4%.

S'exprimant lors d'une conférence de presse, le gouverneur de la BoJ Haruhiko Kuroda a souligné que les anticipations d'inflation représentaient l'un des risques baissiers et nécessitaient de ce fait d'être suivies de près.

Il a ajouté qu'à son sens la hausse future de la TVA ne devrait pas avoir de fortes répercussions sur l'économie locale, le gouvernement s'employant à en amortir l'impact.

(Avec Kaori Kaneko et Kiyoshi Takenaka Arthur Connan et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Tetsushi Kajimoto et Daniel Leussink