Ceci dit, comme j'essayais de l'expliquer hier, des indices convergents, qui ressemblent fort à des fuites opportunes, ont commencé à apparaître çà et là. Le marché obligataire a l'air de raconter une histoire un peu moins kawaï, mais on s'en fiche pour l'instant. En parallèle, les indicateurs PMI du mois d'octobre, qui sont de bons baromètres du sentiment des professionnels, étaient presque uniformément dégueulasses, en particulier aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni. Par conséquent, les financiers se sont dit que, oui, peut-être, la Fed allait devoir lever le pied de la pédale d'accélération du rouleau-compresseur qu'elle a lancé à pleine vitesse au début de l'année.

En conséquence, les indices occidentaux ont généralement gagné entre 1 et 2% hier, ce qui est synonyme d'une poursuite de l'embellie après les points bas récents. Les nombreux résultats trimestriels d'entreprises ne cachent pas trop d'incidents de parcours, ce qui crée un petit  effet antidépresseur pas inapproprié par les temps qui courent. Il y a quand même eu un incident de parcours majuscule hier, mais qui n'a pas eu un retentissement fou. Il mérite quand même que je m'y attarde un peu ce matin, parce qu'il est quand même riche d'enseignements.

Si vous avez un peu plus de mémoire qu'un bulot narcoleptique, vous vous rappelez probablement qu'il y a quelques mois, la thématique "revenir sur les actions chinoises" était à nouveau tendance du côté des banques d'investissement et des gestionnaires d'actifs, qui cherchaient un palliatif à la soudaine méforme de leurs chères valeurs technologiques américaines. Par actions chinoises, il fallait entendre "tout ce qui est un peu hightech, un peu copié sur les stars américaines, un peu le futur Google local". Le calcul n'était pas si bête. La Chine avait l'air de se sortir de la crise covid dans un état relativement correct, les actions locales avaient manqué le rebond de leurs homologues occidentales et le parti communiste allait bien finir par réagir pour faire oublier la crise immobilière et le ralentissement de la croissance. Je pense même avoir écrit au moins une fois dans ces colonnes quelque chose en phase avec ce que je viens de raconter ou s'en rapprochant, en mode "quand la Chine se re-réveillera". J'essaie de ne pas trop proférer d'inepties par ici, mais j'échoue parfois.

Parce qu'il s'avère que le bilan d'une telle stratégie s'est révélé catastrophique. Non seulement les actions chinoises dites "offshore", c’est-à-dire celles qui sont accessibles aux investisseurs mondiaux, n'ont pas rebondi, mais encore ont-elles poursuivi leur déconfiture. Je me souviens d'une discussion animée dans l'équipe Zonebourse en fin d'année dernière au sujet de l'opportunité offerte par l'action Alibaba, "l'Amazon chinois", dont le cours venait d'être divisé par deux à Wall Street. En gros, le titre dépassait les 300 USD l'action en octobre 2020 et ne cotait plus que la moitié en octobre 2021 (pour info, il cote 63 USD actuellement). Endossant une fois de plus mon costume de contradicteur pas toujours de bonne foi, je rappelais à mon jeune public que c'était bien beau de valoriser les technologiques chinoises comme des valeurs de la Silicon Valley, mais qu'il fallait intégrer le risque politique à leur calcul. Devant les yeux de gobie neurasthénique de mon auditoire, il m'a fallu en dire un peu plus.

"Eh oui, jeunes crétins, Hong Kong c'est la Chine. Et en Chine, il n'y a pas la sécurité juridique dans laquelle vous vivez sans vous en rendre compte. Ça veut dire qu'en partant sur une hypothèse extrême, quelqu'un peut décider du jour au lendemain que votre action Alibaba ne vaut rien, ou qu'elle appartient à l'Etat". En vérité, je ne les traite pas de jeunes crétins, c'était juste pour donner du relief à la phrase. Toujours est-il que le risque politique est omniprésent. Et sans aller jusqu'aux scénarios brutaux précités, on pourrait imaginer la disparition d'un dirigeant, le démantèlement d'une société trop influente ou l'arrêt du financement d'une entreprise gênante pour le pouvoir. Comment ça, c'est déjà arrivé ?

Tout ça pour en arriver au krach qui s'est produit hier en Chine. L'indice MSCI China s'est effondré de 8%, ce qui porte son passif à 42% depuis le 1er janvier. Le Hang Seng n'a perdu, si je puis dire, que 6,4%, pour un repli de 35% en 2022. Même les indices de Chine continentale, aux variations généralement suspectes, ont reculé de 2% hier. Et je ne parle même pas de l'indice Nasdaq Golden Dragon China, qui regroupe 65 entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis, qui a fini la journée à -14%. La raison, c'est le renforcement du pouvoir de Xi Jinping à la tête du pays, avec un discours virulent contre tout ce qu'il estime être des excès.

La dimension géopolitique a toujours été une composante du risque. Elle se renforce ponctuellement puis se contracte à nouveau. Force est de constater qu'elle est revenue sur le haut de la pile des préoccupations, principalement à cause de la Chine et de la Russie. Les investisseurs doivent rester lucides et garder à l'esprit que se positionner sur les actifs financiers de ces pays n'offre pas le cadre de sécurité et de transparence dans lequel ils ont l'habitude d'évoluer. Voilà, c'est dit.

Pour en revenir à la séance du jour, il y a un nombre tout à fait déraisonnable de publications d'entreprises. En particulier Alphabet, Visa, Coca-Cola, Novartis, Texas Instruments, United Parcel Service, Lockheed Martin, HSBC, SAP, Air Liquide ou UBS. Environ 70 appartenant aux indices de grosses capitalisations S&P500 américain et Stoxx Europe 600 européen. Parmi les statistiques économiques, les indices de confiance des professionnels allemands (10h00) et des consommateurs américains (16h00) seront les plus suivies.

Les places d'Asie Pacifique sont sur des trajectoires un peu divergentes. La Corée et l'Inde baissent légèrement, la Chine progresse modestement, surtout au regard du plongeon d'hier, et la Japon reprend 1,1%. L'indice de volatilité VIX est repassé sous la barre des 30 points cette nuit, signe que la nervosité redescend (un peu). Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,6% à 6178 points.

Les temps forts économiques du jour

Comment vont les milieux d'affaires allemands ? La réponse à 10h00 avec l'indice Ifo d'octobre. Aux Etats-Unis, les investisseurs attendent l'indice des prix immobiliers de la FFHA (14h30) et deux indicateurs de confiance : le manufacturier de la Fed de Richmond (16h00) et celui des consommateurs du Conference Board (16h00 aussi). Tout l'agenda macro ici.

L'euro gagne quelques cents à 0,9886 USD. L'once d'or recule un peu à 1651 USD. Le pétrole consolide sa remontée, avec un Brent de Mer du Nord à 91,52 USD le baril et un brut léger américain WTI à 84,92 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 4,21%. Le bitcoin reste scotché dans la zone 19 000 / 19 500 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 101 EUR.
  • ASOS : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 1800 à 1200 GBp.
  • ATOSS : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 190 à 167 EUR.
  • Drägerwerk : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 42 EUR.
  • Ericsson : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 55 SEK.
  • Gurit : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 130 à 120 CHF.
  • Holmen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 450 à 380 SEK.
  • Idorsia : Baader Helvea reprend le suivi à accumuler en visant 15,90 CHF.
  • Jenoptik : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 28 EUR.
  • Lumibird : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21 à 21,60 EUR.
  • Philips : HSBC passe de conserver à alléger en visant 12 EUR.
  • Puma : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 50 EUR.
  • Schindler : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 190 à 170 CHF.
  • Seb : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif réduit de 148 à 119 EUR.
  • Sika : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 430 à 380 CHF.
  • Sinch : J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 45 SEK.
  • Wavestone : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 58 à 55 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Air Liquide : Le groupe confirme ses prévisions 2022 après les chiffres du T3.
  • Edenred : Le groupe a présenté son plan stratégique 2025.
  • Interparfums : Le groupe révise en hausse ses prévisions 2022.
  • Orange : L'opérateur confirme ses perspectives pour 2022 après un T3 en ligne avec les attentes.
  • Rémy Cointreau : Le groupe est confiant pour l'année après que les ventes du T2 fiscal ont dépassé les attentes.
  • Seb : Le groupe révise ses objectifs 2022 en baisse au niveau du chiffre d'affaires et des marges.
  • Worldline : Le groupe confirme ses objectifs pour 2022, après des revenus solides au T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • HSBC : Le bénéfice trimestriel avant impôt atteint 6,51 Mds$, au-dessus du consensus.
  • Logitech : Les revenus du T2 fiscal sont en recul de 12%.
  • Medpace : Les actions s'envolaient de 17% hors séance après la publication de résultats supérieurs aux attentes.
  • Novartis : Le laboratoire a subi une contraction de 3,7% de ses revenus trimestriels à 12,54 Mds$ et les résultats sont en baisse.
  • SAP : Le chiffre d'affaires du T3 est plus élevé que prévu.
  • UBS : Le bénéfice du troisième trimestre chute mais dépasse les attentes.
  • Warner Bros. Discovery : Le groupe s'attend à une charge de restructuration de 1,6 Md$ au troisième trimestre.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures