Washington (awp/afp) - Les membres de la Fed, qui ont décidé en septembre une nouvelle baisse des taux, étaient "plus inquiets" des tensions commerciales et des risques géopolitiques, certains craignant la probabilité d'une "récession" à moyen terme, selon le compte rendu de cette réunion monétaire publié mercredi.

Le Comité monétaire de la banque centrale américaine (FOMC) est apparu divisé au cours de cette réunion, une majorité trouvant "prudent" d'adopter une politique monétaire plus accommodante, certains se prononçant contre tandis qu'au moins deux voulaient abaisser les taux plus fortement d'un demi-point de pourcentage au lieu d'un quart (0,25%).

Outre "l'escalade" des tarifs douaniers avec la Chine citée plusieurs fois dans ces minutes, les membres de la Fed se sont aussi inquiétés de la perspective d'un Brexit sans accord, des tensions à Hong Kong et au Moyen Orient.

"Plusieurs participants ont estimé que la probabilité d'une récession à moyen terme a considérablement augmenté ces derniers mois", dit le rapport.

Aux yeux d'une majorité de participants, les risques économiques ont augmenté par rapport à l'été: "les incertitudes commerciales sont plus fortes, les perspectives de croissance mondiale sont plus fragiles et plusieurs événements ont intensifié les risques géopolitiques", dit le compte-rendu évoquant notamment les frappes contre des installations pétrolières saoudiennes ou les manifestations à Hong Kong.

Face à la faiblesse des taux à long terme, parfois plus bas que les taux à court terme, faisant apparaître ce qui est appelé une inversion de la courbe des taux souvent vue comme un signe précurseur de récession, la Fed a noté que les bas taux à l'étranger "avaient une importante influence" sur les taux américains.

Ce compte rendu paraît à trois semaines de la prochaine réunion monétaire prévue le 30 octobre. Les acteurs financiers s'attendent à une troisième baisse des taux d'un quart de point de pourcentage.

Cette anticipation gêne un peu une minorité de participants au Comité qui ont souhaité que la Banque centrale cherche à "mieux tempérer" les attentes des marchés.

Plus de clarté s'il vous plaît

Plusieurs ont suggéré que le communiqué de la Fed "fournisse plus de clarté sur quand prendrait fin ce +recalibrage+ de la politique monétaire en réponse aux incertitudes commerciales".

Le 18 septembre, la Fed avait décidé une baisse des taux d'un quart de point, la deuxième en deux mois, pour les établir entre 1,75% et 2%. Trois membres du Comité ont voté contre la décision, deux parce qu'ils estimaient que les taux devaient rester inchangés, un autre parce qu'il voulait les baisser davantage.

"En un mot, ces minutes montrent que les membres du FOMC sont bien plus soucieux des risques qui pèsent sur la croissance que de l'inflation (...). Bien plus de colombes que de faucons", a commenté Ian Shepherdson, économiste en chef pour Pantheon Macroeconomics.

Depuis cette décision sur les taux le 18 septembre, Jerome Powell, le président de la Fed, a récemment fait une description un peu moins sombre de la conjoncture, estimant mardi que la situation de l'emploi et de l'inflation était "positive" et que les membres de la Fed continuaient de prévoir "une expansion durable", même si les risques persistent.

Entre temps en effet, des chiffres sur l'emploi ont été très positifs, le taux de chômage tombant à 3,5%, son plus faible niveau en un demi-siècle, même si le secteur manufacturier, sensible au tensions commerciales et au ralentissement mondial, montre des signes de faiblesse.

Le FOMC a aussi évoqué comment remédier aux tensions sur les taux interbancaires (repo) intervenues quelques jours avant la réunion monétaire.

Depuis, la Fed a décidé d'injecter des liquidités régulièrement et son patron Jerome Powell a annoncé de probables achats de bons du Trésor pour regonfler les réserves.

afp/rp