Les marchés actions ont démarré la semaine sur une note divergente, un peu sur le mode "Etats-Unis contre le reste du monde". L'Europe et l'Asie ont en effet perdu du terrain par rapport à leurs sommets récents, après la publication de statistiques économiques moins solides que prévu en Chine et l'effondrement total de l'Etat afghan après une offensive express des Talibans. Wall Street a grapillé quelques points, et un énième record au passage, en clôturant sur ses meilleurs niveaux de la séance. Il faut cependant noter que cette performance des actions américaines a été obtenue grâce à des dossiers au profil défensif, en particulier les titres des secteurs de la Santé et, dans une moindre mesure, de l'inévitable Technologie. Les compartiments plus cycliques, comme la Consommation, les Services Financiers et surtout l'Energie en ont fait les frais, un peu comme en Europe du reste.

Il n'y a pas beaucoup de conclusions à tirer de cette séance, sur des marchés qui ne baissent plus vraiment, en tout cas pas durablement. La rentrée sera presque inévitablement placée sous le signe de la banque centrale américaine, qui a annoncé dès le mois de juin le début d'une inflexion de sa politique monétaire vers un soutien en baisse, mais qui n'a pas encore communiqué sur les modalités ni sur le calendrier. Le manuel du bon banquier central version 2021 impose de paver le terrain, ce que les membres du comité de politique monétaire de l'institution s'emploient à faire malgré la période estivale. Le Wall Street Journal, sous le tampon "exclusif", titre ce matin que des officiels de la Fed "pensent à mettre fin aux rachats d'actifs d'ici mi-2022" afin de pouvoir disposer de plus de flexibilité pour relever les taux si l'inflation reste élevée pendant que le taux de chômage chute. Plusieurs banquiers centraux plaident en ce sens à chacune de leurs sorties publiques. "Les rachats obligataires sont faits pour stimuler la demande. Mais nous n'avons pas de problème de demande", a souligné le président de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, classé dans le camp des "faucons", la frange moins interventionniste de la Réserve Fédérale. Son compère de la Fed de Boston et membre de la même coterie, Eric Rosengren, juge lui aussi que le plan de soutien monétaire perd en efficacité et doit être dégonflé.

Les faucons ont de plus en plus d'arguments face aux colombes. Le chef de la basse-cour, Jerome Powell, doit s'exprimer ce soir lors d'un événement public (19h30 heure de Paris a priori). Donnera-t-il des indications ou conservera-t-il une prudente neutralité ? C'est l'une des interrogations de court terme, mais en tout état de cause, d'importantes décisions seront prises entre le symposium de Jackson Hole du 26 au 28 août (c'est la grand-messe annuelle des banquiers centraux, organisée chaque année dans le Wyoming) et la réunion du comité de politique monétaire de la Fed des 21 et 22 septembre. Les marchés font semblant de croire à un maintien des vannes à liquidités grandes ouvertes, mais cela semble à la fois impossible et contre-productif. La Fed va probablement jouer à fond la carte de la réduction progressive des rachats d'actifs comme méthode douce, avant de remettre sur le tapis la question de la hausse des taux, que les investisseurs voient d'un bien plus mauvais œil. La fenêtre de tir pour agir reste ouverte tant que les résultats des entreprises sont au rendez-vous, que la demande est forte et que le marché du travail s'améliore. Mais cela ne durera pas indéfiniment, c'est la raison pour laquelle la Fed doit abattre une partie de ses cartes sans tarder, ce qu'elle n'ignore évidemment pas.

Dans le reste de l'actualité, l'Afghanistan est partout, après la prise de pouvoir des Talibans. Entre autoflagellation dans la presse et réactions outrées sur les réseaux sociaux, je vous recommande de prendre le temps d'aller consulter les sondages réalisés depuis des années, en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou ailleurs sur l'intervention occidentale dans le pays. Gross-modo, près des trois-quarts des populations concernées étaient vent-debout contre le fait d'envoyer des soldats en Afghanistan. Pousser des cris d'orfraie maintenant ne sert plus à grand-chose et n'atténuera pas la douleur de ces pauvres gens. C'était le paragraphe hors-sujet du jour. 

Dans un registre beaucoup moins dramatique, le CAC40 a ouvert en baisse de 0,4% à 6808 points, malgré le différentiel de performance avec Wall Street. Une absence de reprise technique marquée probablement due au fait que les "futures" américains piquent du nez à l'heure où ces lignes sont écrites. En Asie, le Hang Seng décroche sous la pression des autorités chinoises, qui ont publié mardi une nouvelle réglementation pour internet, interdisant la concurrence déloyale et limitant l'utilisation des données des utilisateurs.

Les temps forts économiques du jour

Un seul indicateur important ce matin en Europe, les chiffres de l'emploi britannique dès 8h00. Le programme est bien plus riche aux États-Unis, avec les ventes de détail de juillet à 14h30, puis la production industrielle de juillet à 15h15, avant à 16h00 l'indice immobilier de la NAHB du mois d'août et les stocks d'entreprises de juin. A 19h30, Jerome Powell doit prononcer une allocution publique.

L'euro est légèrement redescendu à 1,1789 USD. L'once d'or évolue autour de 1785 USD. Le pétrole baisse un peu, à 69,50 USD le baril de Brent et 67,29 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 1,25%, tandis que celui du Bund est inchangé à -0,47%. Le Bitcoin reste en forme autour de 46 500 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 13 EUR.
  • Bell Food : Research Partners reste acheteur et relève son objectif de cours de 340 à 350 CHF.
  • Comet : Research Partners passe d'acheter à conserver en visant 330 CHF.
  • Dätwyler : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 319 à 376 CHF.
  • Domino's Pizza : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 210 à 260 GBp.
  • DSV : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1600 à 1800 DKK.
  • Endesa : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 24,50 EUR.
  • Epiroc : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 180 à 205 SEK.
  • Henkel : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 79 EUR.
  • Idorsia : Research Partners reste à conserver et réduit son objectif de cours de 28 à 25,40 CHF.
  • Kuehne + Nagel : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 250 à 300 CHF.
  • Media and Games Invest : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 8,20 EUR.
  • Norma : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 55 à 59 EUR.
  • OHB : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 51 EUR.
  • Rémy Cointreau : AlphaValue reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 137 à 144 EUR.
  • Rheinmetall : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 105,60 à 113 EUR.
  • Schweiter : Research Partners reste à conserver et relève son objectif de cours de 1600 à 1700 CHF.
  • SMA Solar : Berenberg reste acheteur avec un objectif réduit de 70 à 55 EUR.
  • Swiss Re : UBS reste vendeur avec un objectif de cours réduit de 81 à 79 CHF.
  • Varta : DZ Bank passe de conserver à acheter en visant 145 EUR.
  • Vifor Pharma : Research Partners passe de conserver à vendre avec un objectif de cours de 108 CHF.
  • Wacker Chemie : AlphaValue passe d'alléger à acheter en visant 164 EUR.

En France

Annonces importantes

  • Arianespace a mis en orbite hier Pléiades Neo 4, le deuxième satellite de la constellation d'observation de la terre Pléiades Neo, conçu par Airbus.
  • Vinci et Portugal Bridge vont racheter les parts d'Atlantia dans leur coentreprise Lusoponte.
  • Hachette Book Group (Lagardère) va racheter l'éditeur américain Workman Publishing pour 240 M$.
  • Aéroports de Paris enregistre en juillet un trafic en hausse, mais inférieur de moitié à celui de juillet 2019.
  • Gaussin signe un premier contrat pour 20 tracteurs ATM-H2 à hydrogène avec Plug Power, livrés à partir de novembre 2021.
  • Delta Drone International, filiale de Delta Drone, acquiert 60% de l'australien Arvista.
  • Atari a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Les Etats-Unis ont lancé une enquête sur le système Autopilot de Tesla.
  • Roblox perd 5% hors séance après des résultats décevants. Tencent Music gagne 3% post-séance après des chiffres meilleurs que prévu.
  • T-Mobile US confirme une vaste fuite de données, sans pouvoir encore en communiquer l'ampleur.
  • Pfizer et BioNTech font le forcing aux Etats-Unis pour l'autorisation d'une 3e dose de leur vaccin.
  • Adam Crozier va prendre les rênes de BT Group.
  • Deliveroo revient à son prix d'IPO pour la première fois depuis le mois de mars.
  • Just Eat Takeaway accuse une perte de 224 M$ au S1.
  • Pearson va payer 1 M$ à la SEC pour éteindre des poursuites sur sa communication financière en 2018.
  • Sumitomo vend ses parts dans la mine australienne de Rollestone à Glencore.
  • Airesis profite du redressement du Coq Sportif.
  • Les actionnaires de Sulzer se prononceront le 20 septembre sur la scission d'APS.
  • Carlyle va mettre en bourse Syniverse en fusionnant avec le SPAC M3-Brigade Acquisition II, pour une valorisation de 2,85 Mds$.
  • Principales publications de résultats. Walmart, The Home Depot, Sea Limited, AIA Group, BHP Group, Agilent, Fortum, Just Eat Takeaway, Komax, Pandora, Swiss Life

Lectures