Vendredi, les marchés boursiers européens ont eu la bonne idée de fermer leurs portes avant que la situation ne se dégrade vraiment à Wall Street. Cela leur a valu une semaine somme toute assez calme, du moins si l'on se réfère aux variations. Le Stoxx Europe 600 affiche un bilan hebdomadaire de -0,09%. Le CAC40 français s'est même offert le luxe de remonter de 1,1%, et j'utilise l'expression à dessein puisque LVMH a envoyé un signal positif en publiant une insolente croissance de son activité au troisième trimestre. Pas de quoi apaiser la querelle entre ceux qui pensent que le propriétaire de Louis Vuitton est l'arbre qui cache la forêt et ceux qui estiment que les entreprises vont encore passer entre les gouttes des tensions économiques en essorant leurs clients.

Mais je m'égare : si l'Europe a bien tenu le choc, la semaine a été bien plus heurtée aux Etats-Unis, où le bilan est clairement négatif. Le S&P500 a perdu -1,55% et le Nasdaq 100 encore -3,15%. Le resserrement des conditions de crédit continue à peser sur les valeurs de croissance, c’est-à-dire les entreprises qui vendent beaucoup mais ne gagnent rien. Les plus coquins diraient "ne gagneront jamais rien". Quand l'argent coulait à flots, cela n'avait pas tellement de conséquences. Maintenant qu'il y en a moins, c'est plus compliqué. Ces dernières années, beaucoup d'investisseurs pensaient sincèrement avoir placé leurs économies dans des entreprises innovantes. Mais ils avaient en fait investi dans des taux d'intérêts bas, pour reprendre une image utilisée par Morgan Housel. Avec des taux en hausse, le pari devient désastreux.

J'ai noté quelques actualités qui méritent que l'on s'y attarde ce matin. A commencer par la liste des personnes que je n'aimerais pas être cette semaine :

  • Liz Truss : parce que la première ministre britannique est prise entre le marteau et l'enclume depuis ses premiers pas catastrophiques à Downing Street. Passera-t-elle la semaine ? C'est la question qui agite la presse britannique. Son nouveau ministre des finances, Jeremy Hunt, a commencé par se rapprocher du gouverneur de la Banque d'Angleterre histoire de repartir sur de meilleures bases. Il doit annoncer dès aujourd'hui un programme fiscal qui s'annonce moins chimérique que celui de son éphémère prédécesseur.
  • Raphael Bostic : parce que le président de la Réserve fédérale d'Atlanta a révélé qu'il n'avait pas correctement déclaré ses transactions financières pendant cinq ans. L'explication d'une mauvaise interprétation des règles de la Fed régissant les investissements personnels est un peu pathétique. Quand l'exemple vient d'en haut…
  • La Commission européenne : parce qu'elle doit proposer de nouveaux mécanismes de fixation des prix énergétiques alors que les Etats Membres se déchirent sur la meilleure stratégie à adopter. Les dernières fuites laissent penser que l'exécutif va proposer un système de réduction de la volatilité des prix du gaz mais sans rompre son lien avec le prix de l'électricité. Je rappelle qu'une "fuite" en est rarement une et qu'elle sert le plus souvent à l'entité qui détient l'information pour se faire une idée de son impact.

Au niveau macroéconomique, la semaine sera marquée par l'annonce de la première estimation de la croissance du PIB chinois au 3e trimestre (mardi) et par les derniers chiffres de l'inflation britannique (mercredi). Sans compter les interventions diverses et (peu) variées de banquiers centraux sur la politique monétaire, les cours de diplomatie et de libre-pensée d'Elon Musk, le drama politico-financier britannique et les enseignements du 20e congrès du parti communiste chinois, qui a démarré hier et s'achèvera le 22 octobre. Xi Jinping, en piste pour un 3e mandat, a réaffirmé sa volonté de faire de la Chine la première puissance mondiale, tout en éludant les questions qui fâchent.

Le rythme des annonces de résultats trimestriels accélère singulièrement cette semaine avec notamment Johnson & Johnson, Roche, Netflix, Tesla, Nestlé, ASML, International Business Machines et L'Oréal parmi les plus gros acteurs. Pour vous donner un ordre de grandeur, le calendrier compte 59 entreprises de l'indice S&P500 américain et 34 de l'indice Stoxx Europe 600 européen.

L'Asie Pacifique boursière est partagée ce matin. On perd un peu plus de 1% à Tokyo, à Sydney, à Hong Kong à l'heure où j'écris ces lignes, mais on grappille quelques points à Bombay et à Séoul. Tout cela est plutôt négatif quand même. Les indicateurs avancés européens sont orientés en baisse, ne serait-ce que parce qu'il faut gérer la divergence de vendredi avec Wall Street. Mais la baisse est modérée. Finalement, le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,25% à 5947 points.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Empire Manufacturing américain d'octobre sera publié à 14h30 (enquête mensuelle sur les conditions commerciales d'environ 200 industriels de l'Etat de New York). Tout l'agenda macro ici.

L'euro reflue légèrement à 0,9736 USD. L'once d'or se négocie 1648 USD. Le pétrole a gommé une partie de ses gains récents, avec un Brent de Mer du Nord à 92,27 USD le baril et un brut léger américain WTI à 86,19 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté aux portes de 4%. Le bitcoin reste proche de 19 200 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Aperam : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 30 à 26 EUR.
  • Applus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 8,50 à 8 EUR.
  • ArcelorMittal : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 33 EUR.
  • BNP Paribas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 72 à 73 EUR.
  • Bolloré : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 5,44 EUR.
  • Bureau Veritas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 31 à 28 EUR.
  • Crédit Agricole : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 10,50 à 9,50 EUR.
  • Eurofins Scientific : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 82 à 70 EUR.
  • Fielmann : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 33 EUR.
  • Intertek : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4700 à 4200 GBp.
  • Klöckner : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 14,90 à 12,40 EUR.
  • Leroy Seafood : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 60 NOK.
  • Lloyds Banking Group : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 58 GBp.
  • Munters : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 64 à 78 SEK.
  • Norsk Hydro : SpareBank passe de neutre à vendre en visant 55 NOK.
  • Orsted : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 750 à 600 DKK.
  • Salmar : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 427 NOK.
  • Salzgitter : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 26 à 22 EUR.
  • SGS : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2400 à 2200 CHF.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 37 à 41 EUR.
  • Sodexo : JPMorgan relève son objectif de cours de 74 à 93 EUR.
  • Sonova : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 370 à 340 CHF.
  • Standard Chartered : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 797 GBp.
  • SSAB : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 75 à 72 SEK.
  • Superdry : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 250 à 125 GBp.
  • Temenos : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 60 CHF.
  • Tenaris : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20 à 22 EUR.
  • ThyssenKrupp : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 13,80 à 11,50 EUR.
  • Tryg : HSBC passe de conserver à acheter en visant 185 DKK.
  • Vallourec : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 17 à 19 EUR
  • Vantage Towers : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 36 à 32 EUR.
  • Voestalpine : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 22 à 20 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La France fait passer de 6000 à 7000 EUR la prime à l'achat d'un véhicule électrique pour les ménages les plus modestes.
  • Crédit Agricole va racheter les activités de services aux investisseurs de Royal Bank of Canada en Europe.
  • Stellantis ne fermera pas d'usine en France à moyen terme, a déclaré lundi son directeur général, Carlos Tavares sur RTL.
  • TotalEnergies et Electricité de France touchés par des grèves du personnel.
  • La cession par Thales de ses activités ferroviaires à Hitachi pour 1,66 Md€ dans le collimateur de l'antitrust britannique.
  • Technip Energies et Shell Catalysts & Technologies renforcent leur alliance sur la technologie Cansolv pour répondre à la demande de captage et de stockage du carbone.
  • Alstom signe un accord de coopération stratégique avec la Hongrie.
  • Quadient lance une nouvelle solution de mise sous pli compacte, accompagnée d'un logiciel cloud de suivi et de garantie d'intégrité.
  • Dominique Marcel va quitter la présidence de la Compagnie des Alpes le 1er novembre.
  • Hydrogène de France sécurise du foncier en Afrique du Sud.
  • Cabasse Group veut scinder et faire coter Cabasse en distribuant des titres à ses actionnaires.
  • Groupe Parot va céder sa concession de Châteauroux.
  • Navya va utiliser deux de ses navettes pour une expérience de quatre jours à l'aéroport JFK de New York.
  • Manutan, Olympique Lyonnais et Thermador ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • News Corp et Fox Corp discutent d'un rapprochement.
  • Prosus vend Avito en Russie à Radio Reklama Vologda et Infrastructure Holding-2 pour 2,4 Mds$.
  • Le Crédit Suisse pourrait céder aussi des actifs en Suisse, selon le Financial Times.
  • Selon Bloomberg, la cession de Toshiba prendrait du retard à cause de la frilosité des banques sur le financement.
  • Broadcom espère une approbation rapide par l'UE du rachat de VMware pour 61 Mds$.
  • Vodafone et Altice signent un accord pour déployer la fibre en Allemagne.
  • Goldman Sachs va combiner ses activités de banque d'investissement et de trading, a rapporté le Wall Street Journal.
  • Cevian a cédé la majeure partie de ses titres Vodafone jusqu'en juin dernier, selon le Financial Times.
  • Apple gèle son projet d'utiliser les puces chinoises YMTC, indique Nikkei.
  • Recruit va racheter 2,55% de son capital.
  • L'activiste Starboard prend une participation importante dans Splunk.
  • Le fondateur de Nikola, Trevor Miton, jugé coupable d'avoir induit les investisseurs en erreur.
  • Principales publications du jour : Bank of America, Charles Schwab, Rio Tinto, Sandvik, Barratt Development… Tout l'agenda ici.

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