Il suffit de regarder un graphique de cours à Wall Street hier pour comprendre que la publication des minutes de la Fed à 20h00 a permis aux indices américains de clôturer près de l'équilibre, alors qu'ils étaient assez mal embarqués. En réalité, le compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale américaine n'a pas apporté grand-chose de nouveau, mais les investisseurs ont décidé de l'interpréter à leur sauce, c’est-à-dire comme un point d'ancrage valable face aux informations contradictoires en provenance de la frontière ukrainienne. La Fed rend publique la teneur des débats de sa réunion précédente trois semaines après sa tenue, ce qui permet d'avoir plus de détails sur la position de ses membres et donc sur les trajectoires de politique monétaire. En l'occurrence, le contenu de la réunion des 25 et 26 janvier contient l'habituel langage tiédasse selon lequel les banquiers centraux pensent qu'il sera "bientôt approprié" de relever les taux. Comprendre en mars. Mais que le calendrier sera réexaminé à chaque réunion. Comprendre personne n'est monté sur la table en hurlant qu'il fallait relever les taux de 2% en trois réunions.

Le marché en a conclu que le message est peut-être un peu moins offensif que prévu et donc que la Fed a peut-être un peu moins peur de l'inflation que prévu. D'où des pertes qui se sont réduites en fin de parcours hier à Wall Street, avec un Nasdaq à -0,16% à la cloche et un S&P500 qui a grappillé 0,09%. Pour l'Europe, l'affaire était déjà pliée puisque les minutes de la banque centrale américaine ont été publiées après la clôture. Paris, Londres et Francfort ont cédé moins de 0,3%, tandis que le Bel20 montait de près de 1%, tracté par son géant Anheuser-Busch Inbev et son outsider Umicore. Le SMI suisse tenait bon grâce à sa tribu Santé.

Même si les politiques monétaires constituent toujours la toile de fond principale pour les marchés financiers, c'est bien l'inconnue russo-ukrainienne qui dicte les mouvements à court terme. Les informations contradictoires se succèdent et Vladimir Poutine doit boire du petit lait (avec une larme de vodka ?) en constatant qu'il est revenu au centre du jeu. Avec l'appui des médias occidentaux réputés sérieux, qui lui déroulent souvent le tapis rouge sans le vouloir. Il y a des papiers très intéressants dans Le Temps ou The Spectator sur le sujet. Pour couronner le tout, la stratégie américaine est assez difficile à décrypter : Washington fait fuiter à intervalle régulier des informations sur les mouvements des troupes russes. Elles sont reprises servilement un peu partout sans qu'il soit possible d'en tirer des conclusions. Les dernières 48h00 ont été particulièrement grotesques sur ce point, avec le fameux retour en casernement d'une partie des soldats russes en manœuvre.

Cette confusion est encore visible dans les tendances boursières du matin, puisque les indicateurs avancés américains et européens étaient orientés dans le rouge à l'aube. Des provocations réelles ou supposées dans le Donbass, où les séparatistes accusent l'armée ukrainienne de les avoir visés au mortier, n'ont rien arrangé. Par la suite, les indices européens se sont toutefois retournés pour ouvrir dans le vert. Tant que la situation n'est pas clarifiée en Ukraine, il faut s'attendre à cette sorte de cyclothymie, ponctuée des dernières publications de résultats d'entreprises, notamment ce matin Airbus, Orange, Nestlé, Schneider, Commerzbank ou Repsol en Europe. Il faudra aussi surveiller le discours que doit prononcer le banquier de la Fed James Bullard en fin d'après-midi. Bullard est dans le camp des "faucons", partisans d'une action vigoureuse de la banque centrale américaine.

Les indicateurs avancés européens, baissiers jusqu'à 8h30, ont commencé à grignoter leur retard. Finalement, le CAC40 gagne 0,6% à 7010 points peu après l'ouverture, soit un retournement de plus de 100 points en moins d'une heure. 

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, l'indice Philly Fed et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont programmés à 14h30. Deux banquiers centraux, dont le volubile James Bullard, doivent prononcer des allocutions.

L'euro perd un peu de terrain à 1,13446 USD. L'once d'or est remontée à 1874 USD. Le pétrole rebondit à 93,80 USD le baril de Brent et 92,63 USD le baril WTI. Après avoir repassé le cap des 2% hier, le rendement du T-Bond 10 ans recule à 1,97% ce matin. Le Bitcoin se négocie autour de 43 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ASM International : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 350 EUR.
  • ASML : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 700 EUR.
  • Aixtron : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 16 EUR.
  • Aker Carbon Capture : HSBC passe de conserver à acheter en visant 20 DKK.
  • AMS-OSRAM : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 16 CHF.
  • BMW : Crédit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 127 EUR.
  • British Land : Jefferies passe de neutre à sousperformance en visant 455 GBp.
  • Carrefour : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21,75 à 22 EUR.
  • Continental : Crédit Suisse démarre le suivi à sousperformance en visant 85 EUR.
  • EDP Renovaveis : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 17,40 EUR.
  • Equinor : HSBC passe de conserver à acheter en visant 294 NOK.
  • Fastned : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 90 à 92 EUR.
  • Genmab : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3035 à 2500 DKK.
  • Heineken : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 120 à 25 EUR.
  • Hexagon : HSBC démarre le suivi à l'achat en visant 158 SEK.
  • ID Logistics : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 375 à 420 EUR.
  • Infineon : Jefferies démarre le suivi à sousperformance en visant 26 EUR.
  • Ipsen : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 108 EUR.
  • Land Securities : Jefferies passe de neutre à sousperformance en visant 620 GBp.
  • Melexis : Jefferies démarre le suivi à sousperformance en visant 65 EUR.
  • Mercedes : Erste Group démarre le suivi à l'achat. Crédit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 90 EUR.
  • MTU Aero : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 225 à 235 EUR.
  • Novartis : Liberum reste à conserver avec un objectif réduit de 87 à 85 CHF.
  • Orsted : Fearnley passe de conserver à acheter en visant 770 DKK.
  • STMicroelectronics : Jefferies reprend le suivi à sousperformance en visant 30 EUR.
  • Umicore : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 25 à 26 EUR.
  • Volkswagen : Crédit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 225 EUR.
  • Wacker Chemie : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 135 EUR.

En France

Résultats de sociétés importantes

  • Air France-KLM : les revenus annuels sont plus élevés que prévu. Le cash-flow libre d'exploitation ajusté se redresse à 225 M€.
  • Airbus : les résultats ont quasiment triplé en 2021 et devraient encore progresser cette année. Le dividende est relancé.
  • Carrefour : les bénéfices sont doublés en 2021. Les objectifs d'économies sont relevés et 750 M€ d'actions vont être rachetées. Un plan stratégique sera annoncé à l'automne prochain.
  • Klépierre : l'ANR EPRA s'élève à 31,20 EUR par action à fin décembre 2021, contre 31,40 EUR un an avant.
  • Orange : la marge se tasse en 2021. Un dividende 0,70 EUR sera proposé.
  • Schneider : le groupe table sur une marge d'Ebita ajusté comprise entre 17,6% et 17,9% en 2022 (17,3% en 2021).

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats de sociétés importantes

  • Cisco : l'action gagne 7% après la clôture dans le sillage de ses trimestriels et d'une augmentation du programme de rachat d'actions.
  • DoorDash : le titre flambe de 28% post-clôture après ses trimestriels.
  • Nestlé : la croissance organique 2021 est montée à 7,5%, alors que le marché visait 7%.
  • Nvidia : les résultats sont solides mais le titre perd 2,5% après la clôture.
  • Standard Chartered : double son bénéfice annuel et commence à racheter 750 M$ d'actions.

Annonces importantes (et autres)

Lectures