Les marchés actions ont réduit leurs pertes annuelles la semaine dernière, après avoir touché le fond plus tôt dans le mois. L'indice large européen Stoxx Europe 600 a repris 3,7%, pendant que son homologue américain S&P500 gagnait près de 4%. Les deux indices abandonnent encore respectivement 16% et 18% depuis le 1er janvier. La séance de vendredi a encore été surprenante à Wall Street, où les indices ont été pénalisés par les valeurs technologiques, avant de remettre la marche avant pour ne plus la quitter jusqu'à la clôture. Tout cela ne respire pas la sérénité, mais les investisseurs sont indubitablement passés de la bouteille à moitié vide à la bouteille à moitié pleine depuis quelques jours, quand il s'agit d'évoquer l'avenir. La preuve, même le Nasdaq s'est envolé malgré la gadins mémorable de Meta Platforms, Amazon, Alphabet et Microsoft après des chiffres décevants. Si les investisseurs arrivent à trouver le nord quand les boussoles sont déréglées, c'est qu'il se passe quelque chose.

Et ce quelque chose, c'est que le marché a le sentiment que les banques centrales sont proches du moment où elles s'autoriseront à parler à nouveau de politiques monétaires plus favorables à l'économie, rendant possibles quelques plans sur la comète post-récession. J'ai quand même l'impression que tout s'enchaîne très vite par rapport aux cycles économiques "classiques". Dans l'ancien monde, il fallait pas mal de temps pour se débarrasser des gros accidents macroéconomiques. Mais cette époque a l'air révolue. Le coronavirus ? Un flash-krach (mais quel flash-krach !) et ça repart. L'inflation galopante ? Une série de hausse de taux XXL et c'est géré. Peut-être est-ce l'époque qui veut ça ? Ou le quoi qu'il en coûte généralisé depuis la crise financière de 2007/2008 ?

L'avantage de ce monde qui va à 100 à l'heure, c'est que les investisseurs vont pouvoir mettre à l'épreuve leur théorie toute fraîche du "pivot" dans la stratégie de la Fed dès cette semaine. La banque centrale américaine annoncera sa prochaine décision de politique monétaire dès mercredi. Les pronostics du marché donnent 81,3% de chances pour une hausse de taux de 75 points de base. Illustration de la nouvelle vague d'optimisme des investisseurs, une hausse de taux limitée à 50 points de base recueille 18,7% des suffrages, contre 5% une semaine plus tôt. On reste dans de la hausse de taux de bourrin, pour reprendre l'expression de l'un de mes collaborateurs, puisque je vous rappelle que jusqu'à une date récente, les banques centrales faisaient leurs pimpesouées pour 25 points de base.

L'enjeu de mercredi est assez clair, toutes choses égales par ailleurs. Si la Fed envoie le message que le marché attend ("attention on est encore méchants, mais on pourrait redevenir gentils"), les actions devraient continuer à rebondir. Si la Fed surprend par sa fermeté ("ah ah, on vous a bien eus, on reste très méchants"), l'embellie risque de tourner court. Je précise ici que la Fed n'est pas méchante ou gentille pour de vrai. C'est juste que les investisseurs aiment les taux bas et l'abondance de liquidités et pas les taux élevés et les conditions financières plus strictes.

Comme chaque lundi, je complète avec quelques informations importantes, surfaites ou inutiles pour démarrer la semaine :

  • Lula remporte l'élection présidentielle brésilienne d'une courte tête contre Bolsonaro, dans un pays extrêmement polarisé. Polarisation qui a tendance à se propager partout, si vous êtes un peu attentifs.
  • Elon Musk a racheté Twitter et je suppute qu'il ne se passera pas une semaine à partir de maintenant sans controverse. Quand le milliardaire américain le plus polémique du monde s'offre le réseau social le plus polémique du monde, les choses peuvent difficilement bien se terminer.
  • Le conflit russo-ukrainien est aussi une guerre de l'information. Moscou a suspendu l'accord permettant l'export de céréales ukrainiennes après une attaque de drones sur la flotte de la Mer Noire. Le Kremlin accuse les Britanniques d'y être mêlés. Il a aussi affirmé que Londres a joué un rôle dans le sabotage des gazoducs Nord Stream. Le Royaume-Uni pourra toujours se défendre en prétendant qu'il était plutôt en train de se saborder lui-même et qu'il n'avait pas le temps. Le cours du blé rebondit de 7% depuis ce weekend.
  • Russie toujours, avec des informations des services secrets néerlandais selon lesquelles le pays est passé maître dans la création de sociétés-écrans aux Pays-Bas pour accéder aux composants de haute-technologie qui lui sont interdits. L'histoire ne dit pas si la Chine utilise des stratagèmes identiques pour les semiconducteurs.
  • L'indice PMI manufacturier chinois d'octobre est descendu à 49,2 points pour un consensus à 49,8 points. Cela signifie qu'il est dans une zone de contraction économique et que les directeurs d'achats chinois sont prudents. L'augmentation des cas de Covid, une nouvelle contraction de la construction et une possible contraction de la demande d'exportation signifient que cette faiblesse va probablement se poursuivre, estiment les économistes d'ING.
  • A moins d'un rebond aujourd'hui, l'or se dirige vers un septième mois consécutif de baisse, ce qui constituerait sa plus longue série du genre depuis au moins 60 ans.
  • Jerry Lee Lewis est mort. Pas forcément une belle personne, mais quelques titres d'anthologie.
  • On a changé d'heure, mais les Américains pas encore : les horaires de Wall Street sont donc décalés (ouverture à 14h30 au lieu de 15h30 heure de La Compôte-en-Bauges).

Il y aura encore beaucoup de résultats d'entreprises tout au long de la semaine. Trop pour tous les citer ici mais vous pouvez les retrouver dans l'agenda Zonebourse. Et pour patienter jusqu'à l'annonce de la Fed mercredi, l'Allemagne publiera son PIB à 10h00 et Eurostat annoncera les chiffres de l'inflation dans la zone euro en octobre à 11h00.

Les marchés boursiers du Japon, de l'Australie, de l'Inde et de la Corée du Sud profitent tous de la vive hausse de Wall Street vendredi pour démarrer la semaine en hausse de plus de 1%. C'est toujours compliqué en Chine, où Shanghai et Hong Kong sont plus hésitants. Le CAC40 perdait 0,16% à 6262 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Le PIB allemand du T3 (10h00) et l'inflation européenne d'octobre (11h00) animeront le marché avant l'indice PMI de Chicago (14h30). Tout l'agenda macro ici. Ce matin, le PMI manufacturier chinois d'octobre est descendu à 49,2 points pour un consensus à 49,8 points.

L'euro se négocie en légère baisse à 0,9948 USD. L'once d'or perd du terrain à 1641 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 92,87 USD le baril et un brut léger américain WTI à 87,20 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 4,03%. Le bitcoin se négocie 20 500 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • BASF : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 60 EUR.
  • Believe : HSBC abaisse son objectif de cours de 21 à 14 EUR.
  • Drax : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 600 GBp.
  • EMS-Chemie : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 590 CHF.
  • Essity : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 266 à 254 SEK.
  • Genuit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 480 à 313 GBp.
  • Hermès : Citigroup relève son objectif de cours de 1393 à 1470 EUR.
  • Holcim : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 46 à 50 CHF.
  • Kering : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 605 à 565 EUR.
  • Maisons du Monde : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 12,90 EUR.
  • Mediobanca : Jefferies reste à conserver avec un objectifs relevé de 9,20 à 9,70 EUR.
  • Nemetschek : DZ Bank reste à vendre avec un objectif réduit de 50 à 45 EUR.
  • Piaggio : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3,40 à 3,50 EUR.
  • Prosus : Investec passe de conserver à acheter en visant 76 EUR.
  • Reckitt : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 5620 GBp.
  • Remy Cointreau : Morgan Stanley abaisse son objectif de cours de 155 à 145 EUR.
  • Safran : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 140 à 160 EUR. Citigroup passe d'achat à neutre en visant 127 EUR.
  • Schibsted : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 270 à 277 NOK.
  • Sodexo : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 94 à 105 EUR.
  • STMicroelectronics : Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif réduit de 65 à 61 EUR.

En France

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Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

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