Belle petite séance pour les actions européennes hier, avec des gains dépassant 1% un peu partout. Le marché star de la journée était belge, avec un bond de 2,1% pour le Bel20, dopé par KBC et Anheuser-Busch Inbev. A la banque et à la bière, si vous voulez à laquelle on pourrait ajouter un petit fond musical entêtant comme on en trouve outre-quiévrain. Plus globalement, ce sont les valeurs bancaires et immobilières qui ont pris les commandes sur le vieux continent. Avec en guest-star les semiconducteurs, grâce aux perspectives favorables annoncées coup sur coup par l'américain Micron et l'allemand Infineon. L'effet de traction n'a pas eu de frontière puisque des dossiers comme STMicroelectronics en France (et en Italie) et ASML (aux Pays-Bas) ont brillé.

La poursuite du rebond des valeurs financières est une manifestation du fait que les investisseurs parient de plus en plus sur la stabilité financière contre la stabilité des prix. Dit autrement, ils misent sur une attitude plus conciliante des banques centrales vis-à-vis de leurs politiques de taux, en calculant qu'elles préféreront mettre en sommeil la lutte contre l'inflation pour éviter de mettre en péril le grand équilibre financier. C'est ce que nous dit l'indice technologique américain Nasdaq, dont nous reparlerons juste en-dessous. Une anecdote chiffrée pour illustrer ce changement radical de perception. Bloomberg a mis en lumière hier soir le gain important sur une position qui était totalement hors de la monnaie il n'y a pas si longtemps. "Hors de la monnaie", cela signifie que le produit concerné était tellement loin du scénario lui donnant de la valeur qu'il aurait dû mourir de sa belle mort au plancher. En gros, un investisseur avait parié en janvier, via des options, que la Fed abaisserait son taux directeur à 1,5% d'ici la fin de l'année. Inutile de dire que le pronostic a eu du plomb dans l'aile jusqu'à la fin du mois de février, puisque la Fed avait affermi son discours et que la surchauffe inflationniste ne s'était toujours pas fait la malle. Mais les faillites bancaires de mars ont complètement bouleversé le scénario de base du marché, si bien que les options ont largement décalé à la hausse. Alors pas au point de faire du pari des taux directeurs à 1,5% dans neuf mois la nouvelle norme, mais suffisamment pour que l'investisseur en question empoche 10 M$ pour une mise de 3,75 M$. Pour information, les options décembre 2023 concernées laissent désormais entrevoir un taux des Fed Funds d'un peu plus de 4% en fin d'année, contre 5,5% au début du mois. On est loin de 1,5%, mais la tendance est clairement à la baisse. Actuellement, les taux directeurs américains sont dans la fourchette "4,75 à 5%" et la Fed a guidé sur une autre hausse de 25 points de base.

Ce qui a permis aux indices d'accélérer hier aux Etats-Unis, entraînant le Nasdaq 100 dans un "marché haussier", c'est-à-dire un gain d'au moins 20% par rapport à son dernier plancher, qui date du mois de décembre. L'indice technologique américain a gagné 1,9% à 12 846 points, pendant que le S&P500, largement consanguin mais plus généraliste, s'est adjugé 1,4% à 4028 points. Il faut noter que le Nasdaq Composite, qui comprend beaucoup plus de valeurs que le Nasdaq 100, a moins progressé. La raison ? Les investisseurs se sont certes reportés sur les valeurs technologiques, qui profitent traditionnellement d'un environnement de taux plus favorable, mais ils ont privilégié des dossiers offrant de bonnes garanties, donc souvent des gros acteurs. Apple a ainsi repris plus de 20% depuis le début de l'année, Tesla 53% et Meta Platforms 66%. La palme revient à Nvidia avec 80%.

Donc schématiquement, les actions montent parce que le risque bancaire recule parce que les investisseurs pensent que la Fed va devoir baisser ses taux. En un sens, ils continuent donc à "combattre la Fed", alors que l'adage leur déconseille de le faire. La banque centrale américaine est dans une situation clairement délicate, parce qu'elle doit concilier plusieurs intérêts pas franchement convergents de prime abord, notamment la lutte contre l'inflation, la stabilité du système financier, la dynamique économique et la confiance des investisseurs, pour n'en citer que quelques-uns. Le marché, lui, a tranché : la politique de taux va devoir s'adapter aux tensions financiaro-récessionistes.

Dans l'actualité du jour, la FDIC, l'organisme qui garantit les dépôts aux Etats-Unis, a prévu de faire appel aux grandes banques de Wall Street pour combler le trou de 23 Mds$ hérité des dernières faillites. De quoi renforcer le fonds d'assurances doté de 128 Mds$ en faisant peser la charge sur le haut du panier, histoire d'alléger la pression qui pèse sur les établissements plus petits. Plusieurs dizaines d'experts de l'intelligence artificielle ont demandé hier une pause dans la frénésie du développement des IA, pour aborder un certain nombre de problématiques majeures, notamment éthiques. Elon Musk lui-même est signataire de cette demande de moratoire, ce qui est un peu cocasse vu la façon dont il a traité la question chez le constructeur automobile. Les mauvaises langues pensent qu'il cherche peut-être à freiner les projets en cours parce que les siens n'avancent pas assez vite.

En Europe, il y a pas mal de publications de valeurs moyennes en cette fin de semaine parce que la plupart des marchés réglementés imposent l'annonce des résultats annuels avant l'expiration de la journée du 31 mars, qui tombe vendredi. Pour les marchés aux règles plus souples, comme Euronext Growth, la date-butoir est au 30 avril.

L'Asie Pacifique a un peu de mal à s'enthousiasmer au même niveau que Wall Street. Tokyo reperd 0,8% ce matin, pendant que Hong Kong est quasiment inchangé à mi-parcours. En revanche, la hausse continue en Inde, en Corée du Sud et en Australie. L'Europe en revanche se met dans le sillage des actions américaines avec des indicateurs de préouverture positionnés dans le vert. Les futures de Wall Street, plutôt baissiers à potron-minet, sont repassés dans le vert pendant que j'écrivais. Le CAC40 gagnait 0,6% à 7228 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'inflation allemande préliminaire de mars est attendue à 14h00, juste avant, aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et la dernière estimation du PIB du T4 2022. Tout l'agenda ici.

L'euro et le dollar se neutralisent toujours à 1,0836 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1960 USD. Le pétrole reste ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 77,26 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,71 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,58%. Le bitcoin évolue autour de 28 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 24 à 25 EUR.
  • Aena : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 130 à 160 EUR.
  • Anglo American : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 2710 GBp.
  • BE Semiconductor : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 55 à 80 EUR.
  • Boliden : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 335 SEK.
  • CMC Markets : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 190 GBp.
  • Ericsson : DNB passe de conserver à acheter en visant 80 SEK.
  • Eurazeo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80 à 90 EUR.
  • Givaudan : Barclays reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 2850 à 2800 CHF.
  • Infineon : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 25 à 28 EUR.
  • KPN : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 3,50 EUR.
  • Novartis : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 105 CHF.
  • Proximus : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 9,50 EUR.
  • Reply : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 144 EUR.
  • Salzgitter : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 34,60 EUR.
  • Spie : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 33 à 34 EUR.
  • SSAB : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 67 SEK.
  • Stadler Rail : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 33 à 35 CHF.
  • Telefonica : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 4,40 EUR.
  • Telefonica Deutschland : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 2,50 EUR.
  • Xior : KBC passe d'accumuler à acheter en visant 44 EUR.
  • Zur Rose : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 45 à 40 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Qantas et Airbus investissent dans une raffinerie australienne de biocarburants.
  • Saint-Gobain réalise la première production de verre plat avec plus de 30% d'hydrogène.
  • Le patron de Vinci Autoroutes veut des panneaux solaires le long des infrastructures.
  • Valeo annonce deux nouveaux contrats majeurs pour son LiDAR de troisième génération.
  • SES confirme des discussions avec Intelsat en vue d'un rapprochement.
  • Quadient revendique 20 000 clients à sa plateforme de courrier en ligne sécurisée.
  • Antin Infrastructure et Scandinavian Enviro Systems créent une JV de recyclage de pneus.
  • Linedata accélère le développement de son activité Crédits & Financements en Europe du Sud.
  • Réalités et Keys REIM créent une coentreprise de 40 M€ pour financer des projets immobiliers à impact.
  • Smart Good Things et les Enseignes Casino renforcent leur partenariat.
  • Biosynex prolonge son OPA sur Chembio en attendant de recevoir plus des 38,5% déjà apportés.
  • Valneva fera une présentation sur son candidat vaccin contre le chikungunya lors du 23ème World Vaccine Congress à Washington.
  • Le petit coin de la dilution : Navya, en redressement judiciaire, reporte la publication de ses comptes annuels.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Claranova, Munic, LNA Santé, Bassac, Roche Bobois, Nextedia, Vranken, Don't Nod, Xilam, Enogia, Abionyx, Compagnie Lebon, Inventiva, MAAT Pharma, PCAS, Bilendi

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Basler : un programme d'économies est lancé après une baisse significative de son chiffre d'affaires.
  • Hennes & Mauritz : le suédois était bénéficiaire au dernier trimestre, alors que les analystes attendaient une perte, grâce à des bénéfices exceptionnels malgré une faible demande, les consommateurs ayant réduit leurs dépenses dans un contexte d'inflation galopante.
  • Poste Italiane : les résultats 2022 sont en baisse, avec un dividende ramené à 0,45 EUR.
  • SMA Solar : le groupe confirme la solidité de ses résultats préliminaires et relève ses prévisions.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures