La mauvaise réputation du mois de septembre en bourse n'était pas galvaudée cette année. Surtout aux Etats-Unis, où le S&P500 a cédé près de 5%. Soit la plus forte baisse enregistrée par l'indice large américain depuis le mois de mars 2020, lorsqu'il avait perdu 12,5%. Tiens, et puisqu'on en est à parler de chiffres, il faut souligner que septembre 2020 s'était soldé par une marche arrière de 4% pour le S&P500, qui avait encore perdu 2,8% en octobre. L'année dernière à la même époque, la baisse était à mettre au passif des répliques de la pandémie. Mais les investisseurs s'accrochaient à l'espoir vaccinal, qui offrait des perspectives d'embellie durable. A juste titre d'ailleurs puisque la première annonce de découverte vaccinale avait eu lieu quelques semaines plus tard.

Cette année, la baisse du marché en septembre est multifactorielle, j'ai eu l'occasion d'en parler plusieurs fois. S'il fallait citer la cause principale, elle serait probablement à chercher du côté de l'articulation entre le changement de paradigme de la politique monétaire et la trajectoire généralisée de hausse des prix. Les investisseurs ont du mal à en appréhender les conséquences, car ils subodorent, de mon point de vue avec raison, des désordres à venir. Pas des désordres insurmontables, mais des désordres qui appelleront des réponses économiques complexes et par essence expérimentales. Et comme l'économie est une science à peu près aussi exacte que le sondage politique ou la prévision météo à cinq jours, les expériences passées ne préjugent pas des expériences futures, pour paraphraser la décharge de responsabilité la plus célèbre du monde.

Reste que pendant que les spécialistes se déchirent sur les conséquences des dernières péripéties financières, des pénuries qui forcent les constructeurs automobiles à cesser la production à l'agonie d'Evergrande, en passant par la flambée des cours énergétiques, les données macroéconomiques sont plutôt solides. Heureusement d'ailleurs, sinon d'autres problèmes s'annonceraient. Sur la seule journée d'hier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont ajusté en légère hausse leurs PIB du second trimestre et l'UE a confirmé un reflux du chômage. Ces statistiques sont de nature à conforter la stratégie des banques centrales, qui consiste à alléger leurs dispositifs de soutien très progressivement. Même s'ils ruent un peu dans les brancards à l'idée que la liquidité va se réduire, les financiers apprécient aussi que le plan prévu par les grands argentiers se déroule sans accroc, pour paraphraser cette fois Hannibal Smith. C'est un signal positif pour la stabilité globale (la prévisibilité des scénarios macroéconomiques, pas Hannibal Smith).

A l'inverse, le plan Biden ressemble à un voyage en Trabant sur un chemin vicinal. La Maison Blanche, à cause d'une majorité minimaliste au parlement et de dissensions au sein du parti démocrate, est continuellement acculée au compromis. Or un bon compromis laisse toujours tout le monde frustré. Hier, un accord a été trouvé pour éviter une fermeture partielle des administrations faute de budget – ce que les américains appellent un "shutdown" – mais il faut encore trouver une solution au plafond de la dette d'ici à la mi-octobre. Dans le même temps, l'adoption finale du plan d'infrastructures a encore été décalée et, je rabâche, l'énorme plan social est en grand danger. Ces incertitudes pèsent nécessairement sur Wall Street et par conséquent sur les autres places mondiales.

Si on mélange tout cela, on obtient une ambiance assez peu folichonne pour démarrer octobre. Le CAC40 démarre la séance en baisse de 1,59% à 6416 points. Manifestement, il faudra un peu plus de temps que prévu pour que le marché fasse son deuil de la politique monétaire ultra-accommodante et qu'il intègre les conséquences d'une inflation qu'il juge de moins en moins transitoire.

Les temps forts économiques du jour

Encore une séance bien remplie au niveau macroéconomique, avec les indices PMI manufacturiers définitifs de septembre pour les principales économies européennes en matinée, plus la première estimation de l'inflation de septembre en zone euro (11h00), avant aux Etats-Unis les revenus et dépenses des ménages (14h30) puis à 16h00 les dépenses de construction, l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan et l'ISM Manufacturier. Ce matin, le Japon a publié un bon indice manufacturier Tankan.

La pression reste forte sur l'euro, à 1,15759 USD. L'once d'or est stable autour de 1750 USD. Sur le marché pétrolier, le baril recule un peu, à 78,14 USD le Brent et à 74,86 USD le WTI. Le bitcoin consolide ses gains récents à 43 660 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 31 à 32 CHF.
  • Acacia Pharma : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 8 à 7 EUR.
  • Adevinta : Citigroup reprend le suivi à neutre en visant 160 NOK.
  • Allianz : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 254 EUR.
  • BMW : J.P. Morgan reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 88 à 90 EUR.
  • Covestro : UBS passe de vendre à neutre en visant 61 EUR.
  • Hydrogen Refueling Solutions : Portzamparc reste acheteur avec un objectif relevé de 31,80 à 35,60 EUR.
  • Juventus : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 0,80 EUR.
  • Molecular Partners : Kempen passe de neutre à achat en visant 24 CHF.
  • Nokia : AlphaValue passe d'alléger à acheter en visant 5,68 EUR.
  • Sartorius AG : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 579 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 500 EUR.
  • Schibsted: Citigroup reprend le suivi à l'achat en visant 490 NOK.
  • Smith & Nephew : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20 200 à 18 800 GBp.
  • Sulzer : Vontobel passe d'acheter à conserver en visant 94 CHF.
  • The Restaurant Group : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 130 à 110 GBp.
  • The Swatch Group : Oddo BHF réduit son objectif de cours de 288 à 260 CHF.
  • Universal Music Group : J.P. Morgan passe de souspondérer à surpondérer en visant 28 EUR.
  • Vivendi : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif ajusté de 45 à 13 EUR.
  • Wizz Air : Wood & Cie passe d'acheter à conserver en visant 5700 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • BMW relève sa prévision d'Ebit 2021 pour la division automobile.
  • Elliott et Starboard prennent pied au capital de Willis Towers Watson.
  • Nippon Steel cède le solde de ses actions Acerinox.
  • Zoom Video Communications et Five9 renoncent à fusionner
  • Exxon s'attend à ce que la hausse des prix du gaz et du pétrole augmente ses bénéfices trimestriels de 1,5 Md$.
  • Sage va supprimer 800 emplois.
  • Hon Hai Precision va investir 280 M$ dans la start-up américaine de véhicules électriques Lordstown Motors et acquérir son usine.
  • Intel lance la puce Loihi 2 et le cadre logiciel open-source Lava.
  • La SEC s'intéresse aux opérations de Morgan Stanley et Interactive Brokers au Venezuela, selon le Wall Street Journal.
  • Sony acquiert le studio de jeux vidéo Bluepoint Games.
  • Laura Miele devient COO d'Electronic Arts.
  • CoolBlue, le rival de Bol.com (Ahold Delhaize) vise une IPO à Amsterdam en octobre.
  • Paradox Interactive prend 135 MSEK de dépréciations sur plusieurs projets de jeux non annoncés que le groupe annule.
  • La société suédoise de sextoys LELO envisagerait une IPO à Londres, selon Bloomberg.
  • Nio commence à livrer des véhicules électriques en Norvège, alors que les constructeurs automobiles chinois font leur entrée en Europe.
  • Walt Disney et l'actrice Scarlett Johansson ont résolu leur différend juridique découlant de la sortie du film "Black Widow", dans des conditions non divulguées.
  • Le PDG d'International Flavors & Fragrances prend sa retraite.
  • Tata Sons serait retenu pour la reprise d'Air India, selon Bloomberg.
  • Qiagen reçoit un contrat de 3,4 M$ du gouvernement américain pour la production de tests COVID-19 pour NeuMoDx.
  • Principales publications de résultats : EMS-Chemie, Danske Bank, Argan

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