A Paris, le CAC 40 a clôturé sur une baisse de 1,48% (80,43 points), la plus marquée depuis le 25 juin, à 5.353,93 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 1,3% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,53%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,47%, le FTSEurofirst 300 1,27% et le Stoxx 600 1,26%, mettant fin à une séquence de six séances de hausse.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones abandonnant 0,75% et le Nasdaq Composite 0,57%.

Le repli avait débuté sur les marchés asiatiques après la publication par l'administration américaine d'une liste de produits chinois représentant 200 milliards de dollars (171 milliards d'euros) d'importations américaines que Washington pourrait taxer à 10% dans deux mois en l'absence d'accord avec la Chine.

Comme lors des épisodes précédents du bras de fer commercial entre les deux premières économies du monde, la Chine a assuré ne pas souhaiter une guerre commerciale ouverte mais être prête à riposter le cas échéant.

L'indice CSI 300 des principales capitalisations chinoises a fini la journée en baisse de 1,74% et le yuan a cédé plus de 0,6% face au dollar sur le marché "offshore", au plus bas depuis 11 mois.

"Le problème de la Chine, c'est qu'elle est incapable d'égaler les Etats-Unis du point de vue des importations auxquelles s'appliquent les droits de douane, puisque les Etats-Unis importent plus de biens et de services chinois que la Chine n'en importe des Etats-Unis", note Tom Milson, directeur général de GWM Investment Management.

"La Chine devra donc être imaginative dans sa riposte en utilisant sa monnaie pour renforcer le dollar américain, donc faire monter les coûts du crédit aux Etats-Unis et rendre les produits chinois moins chers."

Le retour de la menace commerciale a aussi pesé sur les cours des matières premières: celui du cuivre, au plus bas depuis près d'un an, a chuté de 3,01%, celui du nickel de 0,99%.

LES DÉBATS AU SEIN DE LA BCE, UN SOUTIEN POUR L'EURO

Côté actions en Europe, l'indice Stoxx des ressources de base a logiquement subi le repli le plus marqué (-3,30%). Parmi les autres secteurs sensibles aux tensions commerciales, l'automobile a cédé 1,8% et les hautes technologies 1,49%.

Le compartiment du pétrole et du gaz (-2,30%) a quant à lui souffert de la chute des cours du brut, malgré l'annonce d'une baisse de 13 millions de barils des stocks aux Etats-Unis la semaine dernière, la plus forte depuis près de deux ans.

Le brut léger (West Texas Intermediate, WTI) n'a que brièvement réduit ses pertes et cède 2,37% à 72,35 dollars.

Le pétrole avait auparavant souffert d'une part du regain de tension sur le commerce international, d'autre part de l'annonce par la Libye de la réouverture de quatre terminaux pétroliers dont la fermeture avait divisé de plus de moitié la production quotidienne du pays.

Le regain d'aversion au risque lié au commerce a aussi pour effet un mouvement de repli sur les emprunts d'Etat, donc une baisse des rendements: celui des obligations du Trésor américain à dix ans est revenu sous 2,86% contre 2,875% au plus haut mardi. Il a toutefois légèrement réduit son recul après les chiffres mensuels supérieurs aux attentes des prix à la production aux Etats-Unis.

Les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro et la monnaie unique ont par ailleurs repris du terrain après les informations de Reuters sur les divisions au sein de la Banque centrale européenne (BCE) sur le calendrier de la première hausse de taux attendue en 2019.

L'euro, tombé à mi-séance sous le seuil de 1,17 dollar, est reparti de l'avant et se traitait autour de 1,1721 au moment de la clôture des marchés européens après un pic à 1,1758.

Le rendement du Bund allemand à dix ans s'affichait alors à 0,31% après un plus bas à 0,292% en matinée.

Parallèlement, le dollar canadien s'appréciait après le relèvement du taux d'intervention de la Banque du Canada. Cette dernière a dit envisager une poursuite du resserrement de sa politique monétaire tout en évoquant "l'incertitude" liée aux tensions commerciales.

CARREFOUR SANCTIONNÉ À L'APPROCHE DE SES SEMESTRIELS

Aux valeurs, Carrefour, lanterne rouge du CAC 40, a cédé 4,87%. Barclays, neutre sur la valeur, a abaissé son objectif de cours en disant s'attendre à ce que les ventes à données comparables et les marges du groupe aient de nouveau reculé au premier semestre. Le distributeur doit publier ses résultats semestriels le 26 juillet.

A Londres, Burberry a perdu 4,05%. Si ses ventes trimestrielles sont conformes aux attentes, le groupe de luxe s'est contenté de confirmer ses prévisions, ce qui a favorisé les prises de bénéfice après un gain de près de 40% depuis les plus bas de début février.

Burberry a entraîné dans son sillage plusieurs autres valeurs du secteur: Kering a cédé 3,81%, LVMH 2,46% et Hermès 2,75%.

La baisse la plus spectaculaire du jour est toutefois pour le groupe pharmaceutique britannique Indivior, qui a perdu 29,52% après un avertissement sur ses résultats.

A la hausse à Paris, Spie (+5,12%) et Lagardère (+2,48%), les deux meilleures performance du SBF 120, ont profité de recommandations d'achat, de Kepler Cheuvreux pour le premier, et de Goldman Sachs pour le second.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)

par Marc Angrand