PARIS (Reuters) - Wall Street devrait amplifier son repli et les Bourses européennes sont en net recul à mi-séance mardi, le retour des craintes inflationnistes favorisant un mouvement de dégagements massifs sur les valeurs de croissance, technologiques en tête.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,61% pour le Dow Jones, de 0,85% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,39% pour le Nasdaq.

Ce dernier a déjà perdu 2,55% lundi, sa pire performance quotidienne depuis la mi-mars, et accuse désormais un recul de près de 6% depuis son pic du 29 avril.

À Paris, le CAC 40, qui a touché lundi un plus haut de plus de 20 ans, perd 2,21% à 6.245,12 points à 10h45 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 2,31% et à Francfort, le Dax recule de 2,4%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,29%, le FTSEurofirst 300 de 2,16% et le Stoxx 600 de 2,24%, sa pire performance depuis décembre.

Les investisseurs européens, comme les américains la veille, réduisent leur exposition au risque avant les chiffres mensuels des prix à la consommation américains qui seront publiés mercredi, et les interventions de plusieurs responsables de la Réserve fédérale en plein débat sur le calendrier du "tapering", la réduction progressive des achats d'obligations de la banque centrale américaine.

"Avec la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grosses économies mondiales, qui montrent des signes de montée des tensions inflationnistes, les investisseurs deviennent nerveux", commente Sophie Griffiths, analyste marchés chez OANDA.

"Les résultats financiers spectaculaires publiés il y a quelques semaines seulement par les géants de la tech sont oubliés depuis longtemps et une nouvelle dynamique de marché est à l'oeuvre."

En Chine, les prix à la production, en hausse de 6,8% sur un an, affichent leur plus forte progression depuis trois ans et demi.

En Europe, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a assuré que la Banque centrale européenne (BCE) poursuivrait ses achats au moins jusqu'en mars 2022, soulignant que "toute hypothèse de réduction du volume de nos achats d'ici là (...) est purement spéculative".

Mais sur fond d'envolée des cours des matières premières (ceux du cuivre et du minerai de fer sont au plus haut), ces propos ne suffisent visiblement pas à rassurer les intervenants, qui craignent de voir une poussée inflationniste conduire à une remontée des taux d'intérêt plus rapide qu'anticipé jusqu'à présent.

VALEURS EN EUROPE

Tous les grands secteurs de la cote européenne évoluent dans le rouge mais les baisses les plus marquées touchent celui du transport et du tourisme (-5,08%) et celui des hautes technologies (-2,81%).

Le premier souffre entre autres de la chute de 4,99% d'IAG, la maison mère de British Airways et Iberia, après le lancement d'une émission d'obligations convertibles de 800 millions d'euros.

Dans le second, Capgemini perd 3,69%, SAP 2,91%, Dassault Systèmes 2,13%.

La plus forte baisse du CAC 40 à Paris est toutefois pour Renault, qui cède 5,96%, affecté par la perte annuelle record de Nissan.

Alstom abandonne 3,27% après ses résultats, plombés par une nouvelle provision liée au rachat de Bombardier Transport.

TAUX

Le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans réduit ses gains mais reste supérieur à 1,6% à la veille des statistiques mensuelles de l'inflation.

Son équivalent allemand, en hausse de plus de quatre points de base à -0,176%, est proche du pic de plus d'un an touché lundi.

Preuve que la remontée des anticipations d'inflation ne concerne pas uniquement les Etats-Unis, le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans" dans la zone euro a dépassé 1,60% pour la première fois depuis décembre 2018.

CHANGES

Le dollar limite ses pertes face aux autres grandes devises (-0,07%) mais reste proche du plus bas de deux mois et demi touché lundi.

L'euro reste ainsi bien orienté face au billet vert (+0,21%) même s'il n'a pas retrouvé son pic de lundi à 1,2176. Il n'a que brièvement profité du chiffre supérieur aux attentes de l'indice ZEW du sentiment des investisseurs en Allemagne.

PÉTROLE

Le marché pétrolier recule avec le reflux des craintes de perturbations durables liées à la cyberattaque visant l'exploitant américain d'oléoducs Colonial Pipeline, tandis que la situation sanitaire en Inde continue de peser sur les perspectives de demande.

Le Brent abandonne 0,83% à 67,75 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,92% à 64,32 dollars.

(Marc Angrand, édité par Patrick Vignal)