PARIS (Reuters) - La tendance est hésitante sur les marchés d'actions américains dans l'attente des chiffres mensuels de l'emploi vendredi tandis que les Bourses européennes, Londres exceptée, reculent face à une nouvelle poussée des rendements obligataires en réaction aux déclarations jugées décevantes du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, et que le pétrole poursuit sa hausse.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais préfigurent pour l'instant une hausse d'environ 0,2% pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 et de 0,1% pour le Nasdaq, mais la tendance s'est déjà inversée à plusieurs reprises.

À Paris, le CAC 40 perd 0,26% à 5.815,49 points vers 11h45 GMT et à Francfort, le Dax recule de 0,5%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,26%, le FTSEurofirst 300 de 0,07% et le Stoxx 600 de 0,08%.

A Londres, le FTSE 100 gagne 0,46% grâce entre autres à la hausse des valeurs pétrolières.

Jerome Powell a certes pris acte jeudi de la remontée des rendements des emprunts d'Etat, reflet des craintes d'une accélération de l'inflation, mais il s'est refusé à y voir un mouvement "désordonné" et a laissé entendre que la Fed n'interviendrait pas sur les marchés pour l'interrompre.

La déception qu'il a provoquée à Wall Street s'est traduite par une remontée du rendement des bons du Trésor à dix ans à près de 1,57% et par un repli marqué des actions, le Nasdaq passant en territoire de correction, soit 10% en dessous de son plus haut de clôture du 12 février.

"Les marchés sont devenus accros à la stimulation monétaire et les remarques de Powell leur donnent amplement l'occasion de tester la persistance de la Réserve fédérale", commente Jeroen Blokland, gérant de Robeco pour qui "l'incertitude entourant la politique monétaire s'est accrue, ce qui exige une attitude plus prudente à court terme".

La prudence est aussi dictée par l'imminence de la publication du rapport mensuel du département du Travail sur l'emploi aux Etats-Unis. Les marchés tablent sur un redémarrage des créations d'emploi après le passage à vide de décembre et le redémarrage timide de janvier.

En Europe, les marchés ont à peine réagi aux chiffres meilleurs qu'attendu des commandes à l'industrie en Allemagne en janvier.

Le Stoxx 600 affiche pour l'instant une progression de près de 1,6% sur l'ensemble de la semaine alors que le S&P-500 accuse une baisse de 1,12%.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

La majorité des grands secteurs de la cote européenne évoluent dans le rouge à la mi-journée, les replis les plus marqués étant pour le transport et les loisirs, dont l'indice Stoxx cède 1,35%.

A Paris, la lanterne rouge du SBF 120 est Air France-KLM (-3,12%).

Faurecia abandonne 2,56% après l'annonce par Stellantis (+0,30%) de la distribution conditionnelle à ses actionnaires de sa participation dans l'équipementier automobile.

Dassault Aviation cède quant à lui 0,69% après ses résultats annuels.

A Londres, la sanction est plus sévère pour les résultats de London Stock Exchange Group, qui chute de 9,53%. Citigroup se dit déçu par le bénéfice et l'absence de révision des objectifs financiers.

A la hausse, les banques profitent de la remontée des rendements obligataires, un facteur clé de leur rentabilité: l'indice du secteur gagne 1,2% et à Paris, Société générale (+0,49%), BNP Paribas (+0,39%) et Crédit agricole (+0,62%) figurent dans le peloton de tête du CAC 40.

TAUX

Le choix de Jerome Powell de réaffirmer la position de la Fed en dépit des tensions sur les marchés obligataires a pour l'instant ravivé celles-ci: le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, reste proche de -0,3% tandis que son équivalent américain, à 1,5609%, amplifie légèrement la hausse de huit points de base enregistrée jeudi.

Au-delà de l'impact des propos du président de la Fed, la progression des cours du pétrole favorise le mouvement en alimentant les tensions inflationnistes.

La tendance est toutefois moins marquée sur le marché européen à moins d'une semaine de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE).

CHANGES

Le dollar continue de profiter des déclarations de Jerome Powell, dans lesquelles les cambistes voient la promesse que la Fed n'accroîtra pas ses interventions pour faire retomber les rendements des Treasuries.

L'indice qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence est en hausse de 0,34% après un gain de 0,75% jeudi. Il a inscrit un plus haut de neuf mois face au yen et de trois mois face à l'euro, qui retombe non loin de 1,19 dollar.

PÉTROLE

Le prix du baril a atteint son plus haut niveau depuis près de 14 mois après l'accord conclu par l'Opep et ses alliés pour renoncer à toute augmentation de l'offre en avril dans l'attente d'une reprise plus soutenue de la demande.

Le Brent gagne 2,49% à 68,40 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,19% à 65,23 dollars.

Ils ont atteint, respectivement à 68,60 et 65,48 dollars, leur plus haut niveau depuis le 8 janvier 2020.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand