Londres (awp/afp) - L'inflation et les pénuries pesaient déjà sur la reprise britannique, Omicron l'a fait trébucher: de nombreuses entreprises ont raté leur saison de Noël, sur laquelle elles comptaient pour se relever de la pandémie, après l'apparition du nouveau variant.

"Une grande partie des progrès réalisés au cours des quatre derniers mois a été anéantie en décembre" par l'augmentation des cas d'Omicron et le télétravail qui "ont dissuadé de nombreuses personnes de faire leurs achats en magasin", déplore Helen Dickinson, directrice de la fédération de commerçants BRC.

La fréquentation des magasins britanniques était ainsi en baisse de 18,6% en décembre comparé à 2019, avant la pandémie, selon le British Retail Consortium (BRC).

Ces chiffres "clôturent une année difficile pour les magasins physiques, qui ont vu leur fréquentation baisser d'un tiers par rapport aux niveaux pré-pandémie, même s'ils se sont significativement redressés par rapport à 2020", poursuit Mme Dickinson, citée dans le communiqué du BRC.

Malgré les difficultés de décembre, la fréquentation des magasins au Royaume-Uni "est restée supérieure aux niveaux des autres grandes économies européennes" comme la France, l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne "en évitant des restrictions plus sévères mises en oeuvre ailleurs", note la fédération de commerçants.

Et tandis que le pays connaît un nombre record d'infections, le gouvernement assouplit à partir de vendredi les exigences de tests Covid pour les voyageurs arrivant en Angleterre, une façon de donner un coup de pouce au secteur du voyage lui aussi durement touché.

Annulations de décembre

Mais la fin de l'année a vu les annulations de clients se multiplier au Royaume-Uni, touchant de plein fouet le secteur des coiffeurs et soins de beauté et celui de l'hôtellerie-restauration, selon des données de l'Office national des Statistiques (ONS).

"Dans de nombreux cas, les annulations ont été plus difficiles à gérer que des fermetures. Le manque de certitude a rendu impossible la planification des effectifs et des fournitures, ce qui a entraîné un énorme gaspillage", selon Sarah Coles, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Traditionnellement, "beaucoup d'entreprises comptent sur Noël pour traverser les mois plus maigres de début d'année, et même avant cette vague d'annulations beaucoup tournaient à vide", poursuit l'analyste, qui prévoit que les commerces "encaisseront le choc pendant des mois".

Selon une enquête des Chambres de commerce britanniques (BCC), la reprise montrait en réalité déjà des signes de faiblesse, avant même l'apparition du nouveau variant, et 2022 s'annonce d'autant plus difficile pour le PIB britannique, qui se trouve au bord de la contraction.

Les entreprises se débattaient déjà fin 2021 avec "les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, l'inflation qui monte en flèche et les coûts de l'énergie qui augmentent", explique Shevaun Haviland, directeur général des BCC.

Inflation

Selon l'enquête des Chambres de commerce, 66% des entreprises sont préoccupées par l'inflation, qui atteint des niveaux plus vus depuis dix ans dans le pays et pourrait dépasser 6% cette année, selon les économistes.

De fait, 58% des entreprises s'attendent à augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois, pointant surtout du doigt la hausse du prix des matières premières.

Les craintes sont particulièrement vives pour le secteur de l'hôtellerie-restauration, très affecté par la pandémie et qui commençait tout juste à voir "le début d'une reprise potentielle" avant l'arrivée d'Omicron, selon les BCC.

Leurs difficultés se cumuleront en outre en avril à la hausse de certaines taxes et à la révision d'un plafond des prix de l'énergie qui viendront peser lourdement sur le pouvoir d'achat des ménages.

La croissance du Royaume-Uni avait stagné en octobre à 0,1% et l'indice PMI Flash composite, un baromètre avancé de la croissance, mettait déjà en lumière qu'Omicron avait mis un coup de frein à l'activité au Royaume-Uni en décembre.

"Omicron a pesé sur les dépenses des consommateurs dans les services ces dernières semaines", ce qui aura un impact sur la reprise du pays fin 2021, abonde Gabriella Dickens, de Pantheon Macroeconomics.

Mais "on ne peut exclure une augmentation du PIB en janvier si les consommateurs ont moins peur de contracter le Covid-19 maintenant que Noël est passé et que l'on sait qu'Omicron est moins susceptible d'entraîner une maladie grave", ajoute-t-elle.

afp/ck