PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes creusent leurs pertes à mi-séance lundi, l'annonce par l'Otan de l'envoi de renforts en Europe de l'Est accentuant l'aversion au risque des investisseurs, déjà marquée à deux jours des décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais, qui étaient orientés à la hausse en tout début de journée, signalent désormais un recul de 0,17% pour le Dow Jones, de 0,14% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,23% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 1,78% à 6.942,60 points vers 11h55 GMT, au plus bas depuis le 21 décembre. A Londres, le FTSE 100 cède 1,17% et à Francfort, le Dax recule de 1,84%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,05%, le FTSEurofirst 300 de 2,02% et le Stoxx 600 de 2,1%.

L'indice de volatilité VIX américain bondit de 4,75%, au plus haut depuis un mois et demi.

Le secrétaire général de l'Otan a annoncé en début de matinée l'envoi en Europe de l'Est de renforts incluant des navires de guerre et des avions de combat, en soulignant que l'alliance prendrait "toutes les mesures nécessaires pour protéger et défendre tous ses alliés".

De son côté, le Kremlin a accusé les Etats-Unis et leur alliés de contribuer à l'escalade dans la région, ajoutant que la probabilité d'un conflit armé dans l'est de l'Ukraine était plus élevée que jamais.

Cette nouvelle poussée de tension entre l'Occident et la Russie incite beaucoup d'investisseurs à se replier au moins temporairement sur les valeurs refuges, ce qui se traduit par une hausse du dollar comme de l'or et une baisse des rendements des emprunts d'Etat.

Elle s'ajoute ainsi à la liste déjà longue des motifs de prudence sur les marchés, jusqu'alors dominée par les anticipations de resserrement monétaire aux Etats-Unis et les interrogations sur l'impact du variant Omicron du coronavirus.

Les indicateurs économiques du jour n'ont guère rassuré: les premiers résultats des enquêtes mensuelles PMI d'IHS Markit montrent un ralentissement de la croissance de l'activité en Europe, une évolution qui conforte le scénario d'un ralentissement de la croissance au premier trimestre.

VALEURS EN EUROPE

Le secteur du transport et des loisirs (-3,93%) est le plus touché par le repli général des actions, conséquence de la chute des cours de plusieurs valeurs du transport aérien comme IAG, qui cède 4,44%, Ryanair (-4,12%) ou Wizz AIr (-4,85%).

Les technologiques poursuivent par ailleurs leur correction après le repli marqué du Nasdaq vendredi: leur indice Stoxx abandonne 3,65%, l'allemand Infineon 4,04%, le français Worldline 5,73%, le néerlandais ASML 4,43%.

Le compartiment des matières premières recule quant à lui de 3,37% avec la baisse marquée des cours des métaux de base (-4,5% pour le nickel, -1,9% pour le cuivre).

En hausse, Vodafone gagne 6,01% après les informations de Reuters sur des discussions avec Iliad en Italie et Orange prend 1,65% après les informations du week-end sur la nomination désormais quasiment assurée de Christel Heydemann à la direction générale.

TAUX Stables à l'ouverture, les rendements des emprunts d'Etat de référence européen ont piqué du nez après les annonces de l'Otan, qui favorisent les achats de valeurs sans risque.

Celui du Bund allemand à dix ans recule ainsi de près de trois points de base à -0,083%, au plus bas depuis dix jours et son équivalent américain revient à 1,7404%.

La baisse est plus marquée pour le dix ans italien, qui cède plus de quatre point à 1,33% alors que débute le processus d'élection du nouveau président de la République à Rome.

CHANGES Le dollar profite de son statut de valeur refuge et s'apprécie de 0,27%, au plus haut depuis deux semaines, face à un panier de devises de référence, un mouvement qui fait reculer l'euro sous 1,1310 et accentue le repli de la livre sterling.

L'aversion générale au risque nuit nourrit par ailleurs la chute du bitcoin, tombé sous 34.000 dollars, au plus bas depuis juillet dernier et plus de 50% sous son pic de novembre.

PÉTROLE

Orienté à la hausse en début de séance après l'annonce par les Emirats arabes unis de la destruction de deux missiles visant leur territoire, tirés selon leur armée par les Houthis du Yémen, le marché pétrolier s'est ensuite retourné avec l'appréciation du dollar.

Le Brent abandonne ainsi 0,02% à 87,87 dollars le baril après un pic à 88,90 et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,09% à 85,06 dollars.

(Reportage Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand