Sao Paulo (awp/afp) - Le Brésil est entré en récession au 3e trimestre, avec une contraction de 0,1% de son PIB largement imputable à la chute de la production agricole, secteur clé de la première économie d'Amérique latine.

Il s'agit du deuxième trimestre consécutif de baisse, après la contraction de 0,4% du Produit intérieur brut au trimestre précédent, enrayant la reprise constatée après le choc de la crise sanitaire. Ce chiffre a été révisé après une estimation initiale de -0,1%.

Le PIB brésilien a progressé de 4,0% par rapport au 3e trimestre de 2020, a ajouté l'IBGE et de 5,7% de janvier à septembre derniers.

Le recul trimestriel s'inscrit dans la fourchette établie par un panel d'analystes qui escomptaient une variation de +0,3% à -0,6%, et dont la majorité optaient pour une contraction.

La contraction du PIB au 3e trimestre est en partie imputable à une baisse marquée de la production agricole (-8% par rapport au trimestre précédent et -9% par rapport à la même période de 2020), sous l'effet d'une dramatique sècheresse notamment.

Ainsi la production de café a chuté de -22,4%, celle de coton de -17,5% et de maïs de -16,0% par rapport au 3e trimestre 2020, précise l'IBGE.

"La chute est attribuable à la sécheresse et à la crise hydrique, qui ont entraîné des pertes de récoltes", a expliqué Alex Agostini, des consultants Austin Rating.

L'industrie est restée stable (0,0%) et les services ont augmenté de 1,1% par rapport au trimestre précédent, a précisé l'institut officiel dans un communiqué.

Pour Fabio Astrauskas, économiste et directeur associé des consultants Siegen, le trimestre "a été fortement sous l'impact de la hausse du dollar, de l'inflation qui est arrivée au niveau de 10% par an" et des incertitudes pesant sur un creusement des finances publiques.

Le marché a rabaissé ses prévisions de hausse de la croissance cette année de 5,3% en juillet à 4,78% actuellement.

Chances limitées de reprises

Le PIB brésilien avait chuté de 4,1% l'an dernier, le pays réussissant à limiter la casse par rapport à ses voisins latino-américains. Ceci malgré la dramatique épidémie de Covid-19 qui a fait quelque 615.000 morts à ce jour dans le pays, le deuxième le plus endeuillé du monde après les Etats-Unis.

Mais le Brésil est toujours aux prises avec un chômage qui, s'il baisse régulièrement, touchait encore 13,5 millions de personnes et s'élevait à 12,6% au 3e trimestre.

Par ailleurs, l'inflation sur les 12 derniers mois dérape au-dessus des 10%, avec des hausses marquées des prix du combustible et des denrées alimentaires, qui accroissent encore les difficultés des plus pauvres et la grande précarité.

Pour tenter d'enrayer la hausse des prix, la banque centrale a relevé en octobre de 1,5 point à 7,75% son taux directeur, la hausse la plus forte en 19 ans.

Le marché attend une nouvelle forte hausse, d'au moins 1,5 point à 9,25% du taux directeur la semaine prochaine pour la dernière réunion de l'année du comité Copom de la Banque centrale.

Mais ces hausses de taux obèrent les chances de reprise, soulignent les analystes, et la croissance devrait être quasi atone, à 0,58%, en 2022, année où le président d'extrême droite Jair Bolsonaro remettra son mandat en jeu.

L'évolution de la situation économique dépendra également du comportement du nouveau variant du covid-19, Omicron, dont trois cas importés d'Afrique ont été détectés cette semaine au Brésil.

afp/rp