Adria Calatayud et Mauro Orru,

Dow Jones Newswires

BARCELONE (Agefi-Dow Jones)--La pandémie de coronavirus a fait perdre aux entreprises européennes de 90 milliards d'euros de revenus au cours des premiers mois de 2020, les secteurs les plus touchés ayant été l'énergie, l'automobile et la mode, selon une analyse des comptes de résultats publiés jusqu'à présent qu'a réalisée Dow Jones.

Alors que les entreprises européennes s'apprêtent à entamer une nouvelle saison de résultats, l'ombre du coronavirus plane sur la plupart des secteurs. Les comptes trimestriels déjà publiés cette année font ressortir de nombreux perdants, parmi lesquels figurent les majors du pétrole Royal Dutch Shell, BP et Total, mais aussi des gagnants tels que le groupe de distribution Ahold Delhaize et des laboratoires pharmaceutiques.

Si la pandémie de coronavirus n'est pas seule en cause, les grandes entreprises européennes ont fait état d'un manque à gagner de 102,66 milliards de dollars (90,8 milliards d'euros) pour les trimestres qui se sont déroulés entre janvier et la fin mai, selon des données collectées par Dow Jones. Ce chiffre a éclipsé les 23,87 milliards de dollars (21,12 milliards d'euros) de chiffre d'affaires additionnel, tous secteurs confondus, qui ont été générés par les laboratoires pharmaceutiques - ayant bénéficié d'une demande accrue de médicaments - les industriels de l'alimentation et les groupes de grande distribution qui ont vu leurs ventes profiter de l'essor de la consommation à domicile.

Les données recueillies par Dow Jones révèlent que les groupes énergétiques européens ont perdu 41,53 milliards de dollars (36,7 milliards d'euros) en revenus trimestriels, représentant 40% du total recensé.

Shell en première ligne

A elle seule, Shell a compté pour près d'un quart de tous les revenus perdus par les groupes européens. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise a subi une chute de 29% de son chiffre d'affaires au cours de son premier trimestre, suite à l'effondrement de la demande énergétique et des prix du pétrole, alors que le confinement a restreint les déplacements et pénalisé la croissance, entraînant une perte de revenus de 23,71 milliards de dollars par rapport à l'année précédente.

"La volatilité du marché a des répercussions sur nos activités actuelles et continuera à en avoir un dans les trimestres à venir", a déclaré le directeur général de Shell, Ben van Beurden, lors de la dernière présentation de résultats du groupe. A eux trois, le français Total, le britannique BP et l'espagnol Repsol ont perdu un total de près de 14,5 milliards d'euros au cours du premier trimestre. "Shell dispose d'un très grand réseau de vente au détail et de distribution, vend environ deux fois plus de produits raffinés qu'il n'en produit et doit acheter la différence", explique Jason Gammel, analyste chez Jefferies.

L'automobile et les voyages à l'arrêt

L'industrie automobile a également été frappée de plein fouet par la pandémie. Avec une baisse cumulée de chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros au premier trimestre, les constructeurs et les équipementiers automobiles constituent le deuxième secteur le plus touché après celui de l'énergie. Volkswagen et Fiat Chrysler Automobiles figurent parmi les dix entreprises européennes dont les revenus ont le plus baissé.

Les restrictions de voyage se sont par ailleurs traduites par une baisse généralisée des revenus des compagnies aériennes européennes, un manque à gagner estimé à 3,78 milliards d'euros au total. La compagnie allemande Deutsche Lufthansa a connu la plus forte baisse d'activité en valeur absolue, soit une baisse de revenus de 1,4 milliard d'euros entre janvier et mars, et a dû avoir recours à un plan d'aide public.

La distribution en ordre dispersé

La pandémie a en revanche eu un effet contrasté au sein du secteur de la distribution. Le néerlandais Ahold Delhaize, propriétaire des supermarchés Stop & Shop et Giant Food, a profité de la cette situation exceptionnelle au début de la pandémie, dégageant la plus forte croissance des sociétés européennes entre janvier et mars. En revanche dans l'habillement, Hennes & Mauritz (H&M) et le propriétaire de Zara, Inditex, figurent parmi les dix principaux perdants de la crise en Europe.

Le chiffre d'affaires de la société suédoise H&M a diminué de moitié au cours du trimestre qui s'est terminé le 31 mai, la pandémie ayant entraîné la fermeture temporaire d'environ quatre cinquièmes de ses magasins. Pendant ce temps, l'espagnol Inditex, qui possède également Massimo Dutti et Pull & Bear, a vu son chiffre d'affaires plonger de 44% au cours du trimestre clos fin avril et prévoit de fermer 1.200 magasins.

-Adria Calatayud et Mauro Orru, Dow Jones Newswires

(Version française Thomas Varela et Eric Chalmet) ed: VLV

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