Tokyo (awp/afp) - Le Japon a accusé l'an dernier son premier déficit commercial depuis 2015, affecté par la hausse en valeur des importations de pétrole et un moindre dynamisme des exportations qui ont même reculé en décembre sur fond de tensions sino-américaines.

Le solde des échanges de marchandises s'est établi à -1203,3 milliards de yens (-9,2 milliards d'euros), contre un excédent de 2907 milliards en 2017 et de 3993,8 milliards en 2016, selon des statistiques publiées mercredi par le ministère des Finances.

Auparavant, de 2011 à 2015, la troisième économie mondiale avait enchaîné des années négatives à cause de la catastrophe nucléaire de Fukushima, qui avait porté un coup d'arrêt au nucléaire et conduit l'archipel à intensifier ses importations d'hydrocarbures.

Moins de 10 réacteurs ont été relancés depuis, sur un parc de 54 avant l'accident atomique.

En 2018, le Japon a subi un renchérissement des achats de pétrole brut, de produits dérivés et de gaz naturel liquéfié, qui ont contribué à accroître ses importations totales de 9,7%.

Il a aussi pâti d'un "essoufflement des exportations", explique Takeshi Minami, économiste à l'institut de recherche Norinchukin. Elles n'ont augmenté que de 4,1% sur la période, après une hausse de 11,8% en 2017.

Outre les répercussions des désastres naturels qui ont frappé le Japon au cours de l'été, "les expéditions de divers composants et pièces japonaises vers l'Asie, notamment la Chine, ont ralenti et les tensions commerciales entre Pékin et Washington sont à blâmer pour cela", a-t-il dit à l'AFP.

Plus largement, la conjoncture mondiale se dégrade, a-t-il souligné, alors que le Fonds monétaire international (FMI) vient d'abaisser, pour la deuxième fois en quelques mois, ses projections quant au rythme d'expansion de l'économie.

Coup de pouce du pétrole

Par grandes zones géographiques, le Japon a réduit son excédent commercial avec les Etats-Unis (-8%, à 6.454,7 milliards de yens). Le surplus du Japon reste un sujet de discorde avec Donald Trump qui veut rééquilibrer les échanges entre les deux pays.

Concernant l'Asie, le solde est aussi excédentaire malgré un déséquilibre toujours important avec la Chine (-3.284 milliards de yens), même s'il s'est atténué.

Le déficit enregistré avec l'Union européenne a au contraire bondi, passant de près de 100 milliards à 487 milliards de yens.

Sur le seul mois de décembre, le Japon a affiché un solde négatif de 55,3 milliards de yens (contre un excédent de 356 milliards un an plus tôt), tandis que les exportations ont décliné de 3,8% et les importations ont augmenté de 1,9%.

"Le récent recul des prix du pétrole devrait engendrer un déclin des importations à court terme, et donc réduire le déficit commercial", a commenté dans une note Toru Suehiro, chez Mizuho Securities. "Cependant, le Japon pourrait encore être dans le rouge en 2019 si les exportations continuent à ralentir du fait du ralentissement économique mondial".

Quelques heures après la publication de ces statistiques, la Banque du Japon (BoJ) a fortement abaissé sa projection d'inflation pour 2019/20 sur fond de modeste croissance. Outre les nombreux risques extérieurs, la BoJ, qui oeuvre de concert avec le gouvernement pour tenter de revigorer l'économie depuis 2013, craint l'effet négatif sur la consommation d'une hausse de TVA prévue en octobre prochain.

afp/ol