New York (awp/afp) - Le bitcoin faisait les montagnes russes mardi: après être passée sous les 30.000 dollars pour la première fois depuis fin janvier, lestée par les efforts chinois pour réguler ce marché décentralisé, la cryptomonnaie remontait en fin de journée.

Vers 20H35 GMT (22H35 à Paris), le bitcoin s'échangeait pour 32.674 dollars (+0,17%), après avoir touché son plus bas depuis cinq mois à 29.334 dollars vers 12H45 GMT.

La très volatile cryptomonnaie reste en hausse de plus de 12% depuis le début de l'année mais est très loin son plus haut historique, atteint mi-avril à 64.870 dollars.

"Les inquiétudes sur le serrage de vis du gouvernement chinois et la peur que l'acceptation du bitcoin et des autres cryptomonnaies soit retardée par leur impact environnemental pèse sur le marché", a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez ThinkMarkets.

Le gouvernement chinois mène un campagne active pour freiner l'industrie des mines de bitcoin, comme ce marché appelle les ordinateurs qui font fonctionner la cryptomonnaie décentralisée en validant les transactions et en créant de nouveaux bitcoins.

Selon d'anciens producteurs de cryptomonnaie, les fournisseurs d'énergie de la province du Sichuan ont reçu ordre de cesser de fournir de l'électricité à ces entreprises avant dimanche.

"Cette position est un nouveau coup dur pour le marché", estime Timo Emden, analyste spécialisé dans les cryptomonnaies, qui juge que "l'importance de la Chine pour l'industrie est désormais susceptible de diminuer rapidement".

Wall Street séduite

La première cryptomonnaie a connu un ascension fulgurante au cours des derniers mois.

Créé en 2008 par un anonyme caché derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto pour contrer les abus de la finance après la crise financière, le bitcoin a ensuite séduit de plus en plus d'investisseurs institutionnels.

Depuis fin 2020, des plateformes de paiements comme Paypal aux banques de Wall Street, en passant par des groupes industriels comme le constructeur de véhicules électriques Tesla, de plus en plus d'acteurs de premier plan s'intéressent au bitcoin.

Certains investisseurs individuels voient également dans la cryptomonnaie un bon moyen de placer une partie de leurs économies accumulées pendant la pandémie.

Résultat, le marché des cryptomonnaies, où le bitcoin reste encore de loin le plus gros actif, a gonflé jusqu'à atteindre près de 2.500 milliards de dollars mi-mai.

Mais depuis, outre le durcissement de ton en Chine, le bitcoin a souffert de critiques sur l'utilisation importante d'électricité de son réseau.

Le fantasque multimilliardaire Elon Musk, qui chante régulièrement les louanges des cryptomonnaies et avait investi une partie de la trésorerie de son groupe Tesla en bitcoin, a annoncé que ses voitures électriques ne seraient plus achetables en cryptomonnaie tant que l'industrie ne se tournerait pas plus vers les énergies renouvelables, moins de deux mois après avoir dit les accepter comme moyen de paiement.

Les régulateurs se méfient

Le bitcoin renoue avec la volatilité qui l'avait rendu célèbre: en 2017, il avait commencé l'année à moins de 1.000 dollars avant de frôler les 20.000 dollars en décembre, pour mieux s'écraser en 2018 jusqu'à moins de 4.000 dollars.

Cette volatilité, ainsi que sa décentralisation qui rend difficile la régulation des échanges, poussent les gendarmes du marché à s'inquiéter de l'intérêt croissant du public pour les cryptomonnaies.

Aux Etats-Unis comme en Europe, les régulateurs appellent les investisseurs à la prudence, leur rappelant régulièrement qu'ils risquent de perdre tout leur argent en investissant dans les cryptomonnaies.

"Les banques centrales réfléchissent aussi à émettre leurs propres monnaies numériques, ce qui ferait rentrer les cryptomonnaies dans le rang", commente Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

D'autres pays se montrent cependant plus positifs vis-à-vis des cryptomonnaies: le Salvador a ainsi pris le monde par surprise en adoptant le bitcoin comme devise officielle, même si en pratique, de nombreuses questions restent ouvertes sur l'applicabilité de la mesure.

afp/rp