Alors que la guerre en Ukraine entre dans son troisième mois et que le confinement de 25 millions de personnes à Shanghai est sur le point d'entrer dans son deuxième mois, le sentiment des investisseurs se retrouve fragilisé dans un contexte de craintes que la hausse des prix à la consommation n'entraîne une augmentation rapide des taux d'intérêt mondiaux.

Ces craintes ne font que renforcer le billet vert américain, retrouvant ainsi son plus haut niveau par rapport à d’autres devises depuis deux ans. Par rapport à un panier de ses rivaux, le dollar a gagné 0,6% dans les premiers échanges à Londres pour atteindre 101,62, un niveau qu'il a testé pour la dernière fois en mars 2020 et qui est en passe de connaître sa plus forte hausse quotidienne depuis le 11 mars.

Le dollar index retrouve des niveaux atteints pour la dernière fois il y a deux ans

"La semaine commence avec un ton fermement négatif sur les marchés mondiaux, qui escomptent une combinaison de a) nombreuses banques centrales accélérant leurs plans de resserrement, b) la Russie et l'Ukraine s'éloignant d'une solution diplomatique, c) la crise du Covid de la Chine qui force une réévaluation des attentes de croissance dans la région", ont déclaré les stratèges d'ING dans une note.

Les minuscules gains de l'euro après l'annonce de la confortable victoire électorale du président français Emmanuel Macron sur sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen se sont rapidement dissipés, la monnaie unique perdant 0,8% à 1,0729 dollar.

Les devises liées aux matières premières ont été particulièrement punies par l'envolée du dollar, le dollar australien et le dollar néo-zélandais étant les principaux perdants.

L'Aussie, qui a été l'un des plus grands gagnants en devises au premier trimestre 2022 grâce à la flambée des prix des matières premières, a largement chuté. Il s'est affaibli de plus de 1% par rapport au dollar américain et a chuté d'une marge similaire par rapport au franc suisse.

Les commentaires belliqueux de divers responsables politiques la semaine dernière ont également accru les risques d'un resserrement agressif des politiques par les banques centrales mondiales. Les marchés monétaires s'attendent à ce que la Fed relève ses taux d'intérêt d'un demi-point lors des deux prochaines réunions et à ce que la Banque centrale européenne augmente ses taux d'intérêt de 25 points de base en juillet.

Le yuan chinois est tombé à son plus bas niveau en un an, étendant ses pertes après avoir enregistré sa pire semaine depuis 2015, alors que les investisseurs s'inquiètent de la détérioration des perspectives de croissance économique en raison des mesures strictes COVID-19 et des confinements à travers le pays.