"Vous êtes « product specialist » en charge du fonds EdRF Big Data (LU1244893696). Racontez-nous la genèse de ce fonds ? Pourquoi a-t-il été créé ? Pour répondre à quelle opportunité d’investissement concrète ? Comment cette opportunité a-t-elle évolué avec le temps ?
Le fonds Edmond de Rothschild Fund Big Data a été créé en 2015 pour tirer parti de la révolution des données que nous sommes en train de vivre.
90% des données existantes aujourd’hui ont été créées au cours des deux dernières années et ce volume est voué à progresser de plus de 800% d’ici 5 ans. De nombreux exemples peuvent être cités, qui ne manquent pas de nous interpeller. Toutes les minutes, 70 millions de mots sont traduits sur Google. 3 millions de vidéos sont regardées tous les jours sur Youtube. 150 millions de mails sont envoyés quotidiennement dans le monde… et on estime qu’il y aura 100 milliards d’objets connectés d’ici à 2020. Et les données disponibles liées à la santé devraient être multipliées par 50 d’ici cette date*.

Aucun secteur ne sera épargné. C’est un thème qui est destiné à prendre de l’ampleur et qui n’en est qu’à ses débuts. Nous avions donc le souhait d’accompagner ce mouvement en créant le fonds Edmond de Rothschild Fund Big Data.

Nous pensons que la création de valeur réside dans la meilleure utilisation / exploitation de ces données. C’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix d’adopter une démarche d’investissement très transversale. Le fonds sélectionne trois types de valeurs 1/ des sociétés technologiques qui fournissent ou collectent les données (les data collectors), 2/ des sociétés qui analysent les données (les data analytics), 3/ des sociétés qui utilisent ces données pour générer plus de valeur dans leur activité (les data users),

Parlez-nous de l’équipe de gestion ? Est-elle la même que celle au démarrage du fonds ? De combien de personnes se compose-t-elle ? En quoi se distingue-t-elle ?

Le fonds Big Data est un fonds global et l’équipe de gestion fait partie de l’équipe de gestion actions internationales. Le fonds est cogéré par Jacques Aurélien Marcireau et par Nan Zhang. Jacques fait partie de l’équipe de gestion depuis son arrivée chez Edmond de Rothschild Asset Management (France) en 2009. Il est en charge du suivi des valeurs technologiques depuis son arrivée dans l’équipe. Le fonds a été créé à son initiative. Nan a rejoint l’équipe il y a 3 ans.

L’équipe dispose de nombreux outils pour affiner ses analyses et se forger une opinion sur les valeurs sélectionnées pour le portefeuille : rencontres avec les dirigeants des sociétés envisagées, études approfondies réalisées par des brokers, rencontres avec des analystes sectoriels, consultations d’experts indépendants… Les synergies entre équipes de gestion (autres que les actions internationales) sont également très importantes notamment pour la sélection des sociétés non technologiques du portefeuille. Les gérants s’appuient sur l’expertise de leurs collègues pour la sélection de ces dernières. Ainsi, une société non technologique (un data user) ne sera pas sélectionnée si elle ne constitue pas, par ailleurs, la conviction d’un autre gérant au sein d’Edmond de Rothschild Asset Management.

S’agissant du processus d’investissement, où réside sa valeur ajoutée ? Qu’est ce qui fait que ce fonds est singulier par rapport aux autres fonds concurrents de la même catégorie ?

Le fonds EdRF Big Data est un fonds de gestion active, non benchmarké, qui vise à délivrer de la performance sur un cycle économique complet en contrepartie d’un risque de perte en capital. C’est un fonds de convictions.

Sa spécificité réside en premier lieu dans la transversalité de son univers d’investissement. Il s’intéresse à la thématique du Big data dans son ensemble et non pas uniquement aux entreprises technologiques. Comme expliqué précédemment nous pourrons trouver dans le portefeuille des sociétés qui organisent et stockent les données comme Google, Facebook** … ; des sociétés qui analysent et interprètent les données dans un but précis (logiciels d’analyse médicale par exemple…); ou encore des sociétés non technologiques qui ont intégré le big data comme un outil clé pour améliorer leur activité principale (sociétés d’assurances, banques, automobiles, distribution…)

C’est notamment pour ce signe distinctif, un univers d’investissement très large mais toujours en lien avec la thématique du Big Data, que le fonds a été récompensé par l’actif d’or de l’innovation en 2016 décerné par l’Agefi***.

De quelle manière comment, cette équipe de gestion combinée à ce processus d’investissement s’efforcent-ils de parvenir au meilleur couple rendement-risque ? Quels sont les leviers disponibles ? Quels sont les limites fixées ?

Selon nous, atteindre le meilleur couple rendement/risque suppose d’acheter la meilleure société au meilleur prix. Ce qui requiert une bonne analyse fondamentale et un bon timing d’investissement C’est ce à quoi l’équipe de gestion s’efforce de parvenir.

Par ailleurs, l’équipe de gestion s’est fixée des limites. Ainsi, le fonds investira au minimum 51% de l’actif dans les sociétés technologiques (sociétés d’infrastructures et sociétés d’analyse des données). Actuellement, le fonds se positionne au minimum sur 50% d’acteurs établis (plus de 5 ans d’existence, un chiffre d’affaires de plus de 500 millions de dollars, une capitalisation supérieure à 5 milliards de dollars) qui théoriquement présentent un certain track record et offrent une certaine visibilité****.

En ce qui concerne les risques, de quelle manière sont-ils appréhendés ? Pilotés ? Quels pares feux, quelles protections sont en place ?

Le risque de marché n’est pas piloté de manière quantitative. Il n’y a pas de ratios financiers établis ex ante qui servent de seuils de débouclage des positions. Hormis la proportion de liquidité que l’on peut faire varier jusqu’à 20% de l’actif, il ne s’appuie pas sur des instruments de protection pour juguler le risque.
Le risque spécifique est lié à la sélection des titres et, comme décrit plus haut, le gérant doit avoir la meilleure sélection au meilleur moment. Il fait toujours très attention aux valorisations des sociétés dans lesquelles il investit.

Attendez-vous que la technologie utilisée soit suffisamment mature et qu’elle ait produit suffisamment de résultats probants pour investir dans une société ?

Pas nécessairement. L’équipe peut considérer que la technologie présente un potentiel conséquent même si des résultats tangibles ne se sont pas encore matérialisés. L’élément-clé dans le choix d’une société est de déceler un impact positif et significatif sur la croissance bénéficiaire du groupe. Dans le cas de Randstad, par exemple, nous avons entré la société en portefeuille sur la base de son approche et de son investissement dans le digital. Randstad est l’un des leaders du marché du travail temporaire, marché qui va connaître une phase de concentration liée à l’arrivée de nouveaux concurrents en ligne, à l’essor de la robotisation… Randstad a adopté une démarche proactive dans le digital pour ne pas disparaître au profit d’une gestion totalement off-line et est l’acteur traditionnel le plus actif dans ce domaine. Nous avons validé cette démarche et investi avec la perspective d’une augmentation des marges et des parts de marché dans les zones de présence du groupe. Aujourd’hui cette stratégie porte ses fruits, la France et l’Allemagne étant pour le groupe les pays les plus avancés dans la digitalisation de l‘activité.

Qu’en est-il des spécificités relatives à la composition du fonds ? Quels biais ? Quelle concentration ? Quel turnover ? Quelle durée moyenne de détention des titres ?

Le portefeuille est relativement concentré avec une cinquantaine de valeurs en moyenne.
Le turnover est inférieur à 30%. Le fonds est aujourd’hui composé d’un peu plus de 50% de valeurs américaines, résultat d’un vivier de sociétés technologiques important. Un biais plus européen peut être relevé s’agissant des sociétés non technologiques.

Peut-il lui arriver de participer à des introductions en bourse ?

Absolument. Dans ce cas précis, nous serons particulièrement vigilants sur les valorisations.

Donnez-nous un exemple de titre qui a particulièrement bien performé dans le fonds ? Donnez-nous un exemple de valeur détenue qui a été particulièrement chahutée et dites-nous de quelle manière des ajustements ont été apportés en conséquence de ce chahut ?

Pour ce qui est d’une valeur phare qui a brillé de par son parcours boursier, je citerai la maison mère de Google, Alphabet. La société représente une des premières positions du portefeuille. Il s’agit là d’un acteur technologique incontournable tant par son poids boursier, que par ses ratios financiers très attractifs, avec une croissance du chiffre d’affaires annuel supérieur à 20%, une hausse des bénéfices de plus de 15% par an, beaucoup de liquidités au bilan. Alphabet est surtout présent dans de multiples projets d’envergure avec des dépenses annuelles de R&D qui approche 13 milliards de dollars, et a su nouer des partenariats stratégiques avec d’autres sociétés de renom comme Sanofi, Novartis… Le titre représente à ce jour 6% de l’actif du portefeuille.

Pour ce qui est d’une société détenue en portefeuille qui a été chahutée sur les marchés, je mentionnerai Hortonworks. Hortonworks est un acteur de moyenne capitalisation (capitalisation boursière de 1.4bn$) du big data. La société fournit des bases de données avec une approche en open-source***** à ses clients. Cette approche lui permet de multiplier les contrats et les clients, de générer une forte croissance organique (croissance structurelle supérieure à 25%) sans forcément être immédiatement rentable. Cette approche a entrainé de fortes variations du cours de bourse depuis que nous sommes actionnaires du titre. Nous avons été vigilants et salué les développements tout en restant patients sur la remontée du titre. Le groupe vient de publier de très bons chiffres trimestriels et un relèvement de ses perspectives annuelles, nous sommes des actionnaires confiants sur le dossier.


*Source : IBM, Gartner et Alphabet.
**Les informations sur les valeurs ne sauraient être assimilées à une opinion d’Edmond de Rothschild Asset Management (France) sur l’évolution prévisible des dites valeurs et, le cas échéant, sur l’évolution prévisible du prix des instruments financiers qu’elles émettent. Ces informations ne sont pas assimilables à des recommandations d’acheter ou de vendre ces valeurs. La composition du portefeuille est susceptible d’évoluer dans le temps.
***Les récompenses du magazine « L’Agefi » ne sont pas des classements de marché et ne sont pas assimilables à des recommandations d’acheter, de vendre ou de détenir des parts ou actions des OPC gérés par Edmond de Rothschild Asset Management (France). La référence à un classement ou à un prix de ces OPC ne préjuge pas des classements ou des prix futurs de ces OPC ou du gestionnaire. Edmond de Rothschild Fund Big Data a reçu l’Actif d’Or de l’Innovation dans la catégorie OPCVM en juin 2016.
****Le processus d’investissement décrit ci-dessus intègre différentes contraintes de gestion internes mises en place par l’équipe de gestion. il s’agit du processus actuellement en cours susceptible toutefois d’évoluer dans le temps.
*****L’Open Source est une méthode d’ingénierie logicielle qui consiste à développer un logiciel, ou des composants logiciels, et de laisser en libre accès le code source produit


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