Selon que vous êtes investisseur américain ou français cette année, vous n'avez probablement pas les mêmes performances boursières, alors que les deux économies sont réputées avancées et soumises à des mécaniques cycliques à peu près identiques. Pour parler plus crûment, votre portefeuille franco-centré accuse probablement une perte en 2020, alors que celui du cousin Bill qui vous gonfle depuis des années avec sa Silicon Valley et son amour des pickups, gagne 15% (voire même 30% si Bill aime vraiment beaucoup la Silicon Valley). La séance du 1er septembre est à l'image de ce constat : les indices américains ont poursuivi leur ascension tandis que le CAC40 végétait à -0,2%.

Alors que les technologiques emportent tout sur leur passage, comment ne pas s'interroger sur le destin paradoxal des télécoms, illustré par une petite phrase de Stéphane Richard, le patron d'Orange, lundi. "Nous gagnons de l'argent, nous distribuons des dividendes, nous produisons des flux de trésorerie, nous avons des revenus qui tiennent le coup, et pourtant nous sommes massacrés en bourse", se lamentait l'intéressé (ce qui lui a d'ailleurs valu une volée de bois vert si l'on en croit les commentaires vus çà et là sur internet). Sans les "tuyaux" des opérateurs, point d'échanges numériques. Et sans échanges numériques, pas de révolution économique. Pourtant, alors que les Apple, Amazon.com, HelloFresh et Adyen flambent, les opérateurs télécoms font du surplace, quand ils ne s'effondrent pas. Pour couronner le tout, ils sont en queue de peloton des performances 2020 alors qu'ils constituaient a priori des choix naturels pour se prémunir contre l'environnement pandémique.

Comment expliquer cette situation ? Il faut évoquer les fondamentaux bien sûr : croissance étique, concurrence féroce et échec permanent à faire progresser les revenus par abonnés ("Vous verrez avec la 3G… Vous verrez quand la 4G arrivera. C'est fois, c'est la bonne, c'est la 5G qui changera la donne…"). On peut aussi parler de "commoditisation" du secteur, un barbarisme synonyme de spirale déflationniste sur les prix, à la manière d'une matière première. Certains évoquent la concurrence à venir des réseaux satellitaires en orbite basse, directement détenus par des géants technologiques qui pourraient ainsi s'affranchir des "tuyaux" terrestres. Rappelons que la force de frappe d'un Apple (68 Mds$ de free cash-flow attendus cette année) est un peu plus significative que celle d'un Orange (2,7 Mds$ de free cash-flow prévus pour 2020, soit 25 fois moins) s'il fallait déployer un réseau.

Plus globalement, les investisseurs acceptent de payer (fort) cher pour des bilans légers, des marges élevées et des promesses de progression des bénéfices fondées sur les services. Mais pas pour ceux qui les rendent possibles. Pauvre Stéphane Richard.

Le CAC40 gagnait 0,5% à 4961 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Après les ventes de détail allemandes (8h00) et les prix à la production européens (11h00), les investisseurs s'intéresseront aux statistiques américaines : l'enquête ADP sur l'emploi (14h15), les commandes de biens durables (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30). Ce matin, l'Australie a fait état d'une contraction de 7% de son PIB au second trimestre.

L'euro est ferme à 1,1903 USD. L'once d'or recule à 1963 USD. Le pétrole est stable à 43,10 USD pour le baril de WTI et à 45,94 USD pour le baril de Brent.

Les principaux changements de recommandations

  • Aggreko : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 400 GBp.
  • Bankinter : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 3,85 EUR.
  • Brewin Dolphin : Panmure Gordon démarre le suivi à conserver en visant 280 GBp.
  • Eiffage : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 83 EUR.
  • Freenet : Kepler Cheuvreux reste neutre avec un objectif de cours relevé de 17 à 19 EUR.
  • Kingspan : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 68 EUR.
  • Securitas : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 135 SEK.
  • Siemens Gamesa : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 25,40 EUR.
  • Siltronic : Jefferies démarre le suivi à la vente en visant 250 NOK.
  • Tomra : Arctic Securities reprend le suivi à la vente en visant 250 NOK.  

L’actualité des sociétés

En France

Pernod Ricard a subi une baisse d'activité de 8,5% au terme de son exercice 2019/2020, pour un bénéfice net en retrait de 13% à 1,44 Md€ et un dividende proposé à 2,66 EUR. S&P confirme la note "BBB" de la dette de Veolia après l'offre lancée sur Suez. BioMérieux a amélioré ses revenus de 15,8% au 1er semestre et ses résultats de plus de 20%, en évoquant une dynamique qui va se poursuivre au second semestre, mais sans la chiffer. Groupe ADP envisage de supprimer jusqu'à 700 postes via des départs volontaires, pour faire face à la chute d'activité liée à la Covid-19, a fait savoir le syndicat Unsa Sapap ADP au sortir d'une réunion. Vallourec va demander à certains de ses créanciers leur feu vert à la nomination d'un mandataire ad hoc chargé d'orchestrer une restructuration intégrale de la dette, aval requis pour éviter qu'une telle demande ne constitue un cas de défaut. Colas a remporté un contrat de 145 M€ part du groupe pour l'extension de l'aéroport international de Bangkok. Vétoquinol finalise le rachat de Profender et Drontal auprès de Bayer Animal Health pour 140 M€, hors ajustements finaux. BigBen et sa filiale Nacon ont relevé leurs objectifs 2020/2021, malgré le décalage d'un titre. Unit-T (Solutions 30) retenu comme partenaire principal du déploiement des compteurs intelligents en Flandre. Gaussin étend son partenariat avec Bolloré avec un contrat de distribution mondial du Bluebus électrique hors de France. Archos poursuit ses négociations avec la BEI sur la restructuration d'un prêt de 6 M€ et tire une nouvelle tranche d'OCA YA. Neoen met en service l'extension de la centrale australienne HPR. Poxel lance une étude de phase II avec PXL065 chez des patients atteints de NASH confirmée par biopsie. Nicox boucle le recrutement des patients pour la cohorte du design adaptatif de sa phase III avec NCX 470 dans le glaucome. Delfingen finalise le rachat des actifs européens et africains du groupe Schlemmer. PlanetArt (Claranova) s'offre CafePress, un spécialiste des produits personnalisés en ligne, dans des conditions financières qui n'ont pas été divulguées. Plant Advanced Technologies et BigBen ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Unilever veut retirer d'ici 2030 les combustibles fossiles de ses produits d'entretien. Une enquête parlementaire a officiellement été ouverte en Allemagne sur l'effondrement de Wirecard. LafargeHolcim soupçonné de rejets sauvages dans la Seine. Roche va lancer un test rapide d'antigène SARS-CoV-2 dans l'UE en septembre. Facebook a dénoncé une opération, attribuée à la Russie pour influencer l'électorat de gauche aux Etats-Unis et au Royaume-Uni par le biais d'un faux média baptisé Peace Data. Barbara Whye promue des RH à la vice-présidence corporate d'Intel. Bien que sous protection de la loi des faillites, Intelsat s'offre les services de connexion en vol Gogo pour 400 M$. La fin d'une époque : Wells Fargo va fermer 11 des 12 musées racontant son histoire, pour ne conserver que celui de San Francisco. AT&T songe à se séparer de son activité dans la publicité numérique Xandr. L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA a ouvert une procédure d’enforcement à l’encontre de Credit Suisse dans le contexte de l’affaire dite des filatures.

Ça publieCostco WholesaleFast RetailingPernod RicardBioMérieuxBarratt DevelopmentWizz AirAedificaSacyrJungfraubahn

Lectures