Après avoir été un peu reléguée au second plan, la narration entourant la politique monétaire de la banque centrale américaine est en train de revenir sur le devant de la scène, même si le conflit en Ukraine et ses ramifications occupent toujours une large part du décor. Les investisseurs s'emploient à déterminer le degré de motivation de la Fed pour éteindre l'incendie inflationniste. La position de pompier pyromane de l'institution dirigée par Jerome Powell la place dans une situation délicate, qui la force à prendre des mesures radicales pour combler le retard accumulé. Car malgré l'insolente santé de l'économie américaine, c'est bien la crainte d'un atterrissage violent provoqué par un assèchement de la liquidité qui préoccupe actuellement les milieux d'affaires.

Dans ce contexte, la publication hier soir du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine (c'était celle de la mi-mars) a conforté les craintes du marché sur la détermination de la Fed. Un marché toujours bipolaire qui sait que la Fed doit faire quelque chose pour reprendre le contrôle de la situation mais qui se met en PLS dès que des mesures en ce sens sont en passe de se concrétiser. L'économiste d'ING James Knightley estime que les "minutes" du dernier comité de politique monétaire montrent une volonté accrue de reprendre le contrôle de l'inflation par une série de hausses de taux agressives et une réduction rapide du bilan. "Nous nous attendons à ce que le taux des fonds fédéraux atteigne 3% au début de l'année prochaine, mais les risques de récession augmentant, des réductions de taux seront à nouveau envisagées avant la fin 2023", pronostique le spécialiste.

Justement, l'évolution du cours des actions pourrait largement dépendre de la capacité des investisseurs à se projeter sur le moyen terme. Dans le scénario optimiste, que nous appellerons "le contrat de confiance" même si la formule appartient déjà à une marque française bien connue, ils estiment que la Fed va tenir ses objectifs malgré une passe plus compliquée pour le financement, et qu'elle aura la capacité d'inverser la vapeur le moment venu pour relancer la machine. C'est en substance le plan décrit par Knightley juste au-dessus et c'est celui que suggèrent les incursions ponctuelles des courbes de taux dans les zones d'inversion entre les échéances plus courtes et les échéances plus longues.

Mais il existe bien sûr aussi une version pessimiste, que l'on pourrait baptiser "sortie de route". Dans ce scénario, les chocs externes, par exemple les conséquences de la guerre en Ukraine, limitent les effets de la politique volontariste de la Fed, qui est aussi confrontée à des pressions internes consécutives aux effets de sa politique, en particulier sur le marché du crédit. Elle ne parvient pas à rattraper son retard et la croissance reste inférieure à la hausse des prix. Les marchés boursiers entrent dans le dur avec la réduction des liquidités disponibles, qui pèse sur la libido de la grande famille FOMO / TINA.

Je n'ai bien sûr pas la prétention de savoir vers quel extrême vont tendre les investisseurs dans les mois à venir, d'autant que les réalités financières sont souvent des entre-deux. Mais l'incertitude fait monter la nervosité et il faut souvent un peu de temps aux marchés pour prendre la pleine mesure des bouleversements en cours. Hier, les actions ont eu à encaisser une seconde séance de doute. Les indices comprenant une majorité d'actions richement valorisées ou cycliques ont beaucoup souffert. Le Nasdaq 100 américain a ainsi enchaîné une seconde séance de baisse supérieure à 2% et le CAC40 français a cédé 2,2%, emporté par ses stars du luxe (Kering, LVMH) et de l'industrie (Schneider, Stellantis). Aux Etats-Unis, les Utilités, la Santé et la Consommation de base évoluaient dans le vert hier : un signe clair de levée de boucliers.

Dans l'actualité du jour, il faut retenir la poursuite des tensions autour du conflit ukrainien, en particulier le durcissement des sanctions financières visant les intérêts russes. En Chine, les autorités ont laissé filtrer des éléments sur des outils de soutien aux entreprises financières, constitutifs d'un filet de protection contre les risques systémiques. Du côté des marchés actions, Warren Buffett a lourdement investi sur HP Inc et des rumeurs circulent d'offres concurrentes sur le géant des infrastructures italien Atlantia. Sur l'agenda macro, les statistiques hebdomadaires américaines sur l'emploi (14h30) précéderont deux allocutions publiques, l'une du membre de la Fed James Bullard et l'autre de la patronne du trésor et ex-présidente de la banque centrale américaine Janet Yellen.

Les indicateurs avancés sont baissiers ce matin en Europe et aux Etats-Unis. L'Asie a semble-t-il aussi perdu sa boussole haussière. Le Nikkei cède 1,6% en clôture, pendant que les places chinoises sont en repli d'environ 1%. Le CAC40 gagne finalement 0,4% à 6532 points à l'ouverture après s'être retourné après 8h00.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle allemande (8h00) et les ventes de détail de l'UE (11h00) permettront de se faire une idée des tendances économiques sur le vieux continent. Aux Etats-Unis, ce sont les données hebdomadaires sur l'emploi (14h30) qui donneront le ton. Tout l'agenda macro ici.

L'euro se négocie 1,0908 USD. L'once d'or hésite autour de 1920 USD. Le pétrole est plutôt proche de ses planchers récents, avec un Brent de Mer du Nord à 102,20 USD et un brut léger américain WTI à 97,34 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule légèrement à 2,58% sur 10 ans. Le bitcoin baisse à 43 300 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 47 à 40 CHF.
  • Brewin Dolphin : LBBW passe de surperformance à performance de marché en visant 515 GBp.
  • Euronext : Credit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 96 EUR.
  • Flatexdegiro : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 30 EUR.
  • Hays : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 205 à 160 GBp.
  • Julius Bär : Société Générale passe de conserver à achat en visant 67,50 CHF.
  • Nanobiotix : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 22 à 12,50 EUR.
  • PageGroup : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 570 GBp.
  • Orange Belgium : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 19,50 à 19,80 EUR.
  • Proximus : Jefferies reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 14,30 à 14 EUR.
  • Raiffeisen Bank : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 14 EUR.
  • Randstad : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 49 à 43 EUR.
  • Shop Apotheke : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif réduit de 125 à 100 EUR.
  • Sthree : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 500 à 430 GBp.
  • Société Générale : AlphaValue passe d'accumuler à acheter en visant 32,30 EUR.
  • Telenet : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 42,50 à 40 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'avionneur européen Airbus a livré entre 140 et 142 avions au cours du premier trimestre, soit une hausse de près de 13 % par rapport à la même période l'année dernière, selon des sources industrielles mercredi.
  • L'UE approuve le Dupixent de Sanofi pour l'asthme sévère des enfants.
  • Vinci prend le contrôle de TollPlus (télépéage) aux Etats-Unis.
  • Gaztransport & Technigaz et Deltamarin reçoivent une approbation de principe de DNV pour un nouveau concept de navires rouliers propulsés au GNL.
  • Voltalia remporte un projet solaire flottant de 33 MW au Portugal.
  • Cybertrust déploie les solutions de sécurité IoT de Verimatrix pour le compte de ses clients au Japon.
  • Delta Drone regroupe 10 000 actions anciennes en 1 nouvelle.
  • Rallye va racheter 242,3 M€ de dettes non garanties dans le cadre d'une offre publique d'achat globale.
  • Erytech annonce la publication des résultats positifs de l'essai de phase II évaluant eryaspase dans la LAL hypersensible au British Journal of Haematology.
  • Abivax obtient des résultats solides après un an de traitement dans l'étude de maintenance de phase IIb d'ABX464 dans la rectocolite hémorragique.
  • Hybrigenics obtient le marquage CE de son nouveau dispositif médical Macrofill vacuum.
  • Fleury Michon, Energisme, Onxeo, Cogra, Don't Nod, Gevelot, Bio-UV, Imprimerie Chirat et Advini ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures