Mais commençons par un tour d'horizon de la tendance du marché mercredi. Les indices boursiers ont marqué le pas hier, après une longue série haussière. Ce regain de prudence a abouti à un schéma assez classique : les secteurs cycliques et les valeurs de croissance ont marqué le pas, pendant que les valeurs défensives se sont redressées. En Europe, cela a conduit à un grand écart de 2% entre Zurich, qui n'a perdu que 0,02% et Francfort, en berne de -2,04%. La raison en est assez simple : les trois plus grosses capitalisations du SMI suisse sont (dans l'ordre) Nestlé, Roche et Novartis, autant dire des bastions défensifs. Les trois titres étaient en hausse hier. Le DAX est à l'inverse lesté en valeurs cycliques, que ce soit dans l'automobile, la chimie ou l'industrie. Le CAC40 français était à mi-chemin des deux indices précités, sur une baisse d'environ 1% malgré la bonne tenue des poids-lourds LVMH, L'Oréal et TotalEnergies. Le nouveau plongeon de Sanofi (-5,7%) n'a pas aidé. Le laboratoire pharmaceutique enchaîne les mauvaises nouvelles. Sa disgrâce lui a coûté près de 20% en un mois, soit plus de 20 milliards d'euros de capitalisation.

Le topo était à peu près identique aux Etats-Unis où l'énergie est le seul secteur parmi les onze principaux segments du marché à avoir tiré son épingle du jeu. Le Dow Jones a limité son recul à 0,5% quand le Nasdaq a rendu 1,2%. L'indice technologique affiche malgré tout plus de 13% de hausse en un mois. L'événement le plus notable de la séance américaine de la veille est le moment où les indices ont réduit leurs pertes peu après 20h00, lorsque la Fed a publié le compte-rendu de sa réunion de politique monétaire de mi-juillet. Le contenu n'était pas vraiment inattendu, dans le sens où l'institution a confirmé que les hausses de taux ne sont pas terminées mais qu'elles auront tendance à se modérer par la suite. Ce mignon enfonçage de porte ouverte a été jugé digne de renforcer le scénario dominant du moment, selon lequel la lutte contre l'inflation est sur la bonne voie et devrait permettre à l'économie américaine de se tirer sans trop de bobos du cycle de hausse de taux actuel. Si la géopolitique tient, si le marché de l'immobilier tient, si le la consommation tient, etc., etc.

Dans les semaines à venir, il ne sera probablement pas nécessaire de trop se prendre la tête avec des indicateurs compliqués et des théories fumeuses. Suivre les cours pétroliers pourrait suffire. C'est leur décrue qui a permis aux données sur l'inflation d'apparaître sous un jour un peu plus favorable aux Etats-Unis en juillet, à la fois directement au niveau des prix à la pompe et indirectement via les coûts supportés par les entreprises. D'ailleurs l'impact psychologique de la baisse du prix de l'essence sur les consommateurs est considérable. Si l'apaisement se poursuit ou, mieux, si le baril enfonce de nouveaux seuils symboliques, la pression continuera à s'alléger. La corrélation entre la marche des actions et les cours pétroliers est fonction des circonstances. Depuis quelques semaines, elle est assez marquée : quand le pétrole baisse, Wall Street a tendance à monter. C'est parce que les investisseurs y voient un facteur de soutien à la réduction de l'inflation, ce qui leur permet d'envisager un cycle de hausse de taux moins long et/ou moins fort.

Corrélation
Depuis quelques semaines, quand le pétrole baisse, le S&P500 monte, à quelque chose près

Pour l'Europe, où l'on découvre le vrai prix des choses, notamment celui de la dépendance énergétique, l'évolution des prix de l'énergie est évidemment et même a fortiori un facteur d'une importance capitale. Pas étonnant dans ce contexte que Bruxelles essaie de "sauver" l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran, qui permettrait de renforcer l'offre mondiale. Washington, qui sait pertinemment qu'une baisse des prix de l'énergie favoriserait une normalisation économique, a aussi ouvert la porte à la négociation avec Téhéran.

L'actualité des sociétés reste modeste, ce qui permet de mettre un coup de projecteur sur les entreprises qui publient encore leurs chiffres. Cisco hier soir par exemple. Geberit et Adyen ce matin En Europe. The Estée Lauder Companies et Applied Materials plus tard dans la journée. Dans un tout autre registre, le retour des investisseurs institutionnels sur les valeurs technologiques et cycliques a l'air de redonner des idées aux spéculateurs en herbe et aux escrocs des forums. La principale passion du moment aux Etats-Unis s'appelle Bed Bath & Beyond, mais AMC Entertainment et GameStop ne sont jamais très loin. Cela fait suite à l'épisode AMTD Digital, une société chinoise introduite à New York dont la capitalisation a dépassé 400 milliards de dollars début août, largement plus que LVMH par exemple. Pas mal, vu que l'entreprise a réalisé à peine plus de 20 M$ de chiffre d'affaires sur son dernier exercice. AMTD fait l'objet d'une enquête à Hong Kong. Ce qui ne l'a pas empêché d'entrer sur le marché américain et de faire l'objet de transactions frénétiques et insensées. D'ailleurs même si le titre s'est effondré, il pèse encore 35 milliards de dollars. La passivité incroyable des régulateurs, totalement dépassés par l'innovation et les nouveaux canaux de transmission de l'information financière (plutôt de la désinformation financière en l'occurrence), contribue à faire prendre de l'ampleur à ce type de phénomène et décrédibilise largement l'industrie dont certains pans deviennent un véritable casino.

Mais trêve de digression acide. Les indicateurs avancés européens sont positionnés dans le vert, sur ce qui ressemble plus à un sursaut technique qu'à une grosse conviction de rebond. L'Asie Pacifique a suivi Wall Street dans la baisse, avec des replis de l'ordre de 0,8% à Tokyo et Shanghai et des contractions plus modestes à Hong Kong et Sydney. Curiosité du jour, l'indice VIX de volatilité est repassé sous la barre des 20 points pour la première fois depuis le mois d'avril. Le CAC40 perdait 0,09% à 6522 points quelques minutes après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Eurostat fournira à 11h00 la seconde estimation de l'inflation européenne de juillet. Aux Etats-Unis, l'indice Philly Fed et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont attendus à 14h30 avant à 16h00 l'indice des indicateurs avancés et les ventes l'immobilier ancien. Tout l'agenda macro ici.

L'euro se négocie 1,0178 USD. L'once d'or baisse à 1763 USD. Le pétrole remonte légèrement, avec un Brent de Mer du Nord à 93,74 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,22 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 2,87%. Le bitcoin évolue autour de 23 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alcon : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif réduit de 81,30 à 78,20 CHF.
  • Arbonia : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 24 à 21 CHF.
  • Borregaard : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 150 NOK.
  • Carlsberg : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 950 à 1050 DKK.
  • Games Workshop : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 10 300 à 9700 GBp.
  • Glanbia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 14,70 à 15,80 EUR.
  • Huber+Suhner : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 90 à 100 CHF.
  • IMCD : Deutsche Bank passe de conserver à vendre en visant 116 EUR.
  • ITM Power : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 220 GBp.
  • Pierer Mobility : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 110 à 87 CHF.
  • Poste Italiane : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 12 EUR.
  • Sitowise : Inderes passe d'acheter à accumuler en visant 6,50 EUR.
  • SMA Solar : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 40 à 56 EUR.
  • Sonova : Research Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 430 à 370 CHF.
  • Swiss Life : UBS reste à l'achat avec un objectif de relevé de 557 à 656 CHF.
  • Telecom Italia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 0,44 à 0,34 GBp.
  • VP Bank : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif relevé de 96 à 98 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les frères Bouygues (Martin et Olivier) et leurs familles ont franchi à la hausse le seuil de 25% du capital du groupe Bouygues dont ils détiennent désormais 25,02% du capital et 29,37% des droits de vote.
  • Valneva a annoncé que le département américain de la Défense a décidé de ne pas exercer la deuxième option annuelle de son contrat pour la fourniture de l'Ixiaro, le vaccin contre l'encéphalite japonaise, sans impact sur les objectifs 2022.
  • Eurobio va racheter le néerlandais Genome Diagnostics pour 135 M€ en numéraire, via la trésorerie et la dette bancaire.
  • Parrot cède sa participation de 47,2% dans Planck Aerosystems.
  • CBo Territoria a publié son chiffre d'affaires semestriel.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Adyen : Le chiffre d'affaires semestriel ressort à 608,5 M€, en-deçà des attentes.
  • Cisco : Le titre gagne 4% hors séance après ses résultats trimestriels.
  • Emmi : Le fabricant de produits laitiers a enregistré une baisse de 20,8% de son bénéfice net au premier semestre. L'objectif de chiffre d'affaires est relevé mais celui de marge est abaissé.
  • Geberit : Le groupe a amélioré ses revenus de 5,5% à 1,93 MdCHF au S1, mais son bénéfice net a baissé de 12,5% à 402 MCHF.
  • Kinepolis : Le groupe a dégagé 9,1 M€ de bénéfice net au S1.
  • Zur Rose : Le pharmacien en ligne suisse a creusé sa perte nette semestrielle après une légère baisse de ses revenus. La rentabilité opérationnelle est attendue l'année prochaine.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures