Vendredi 17
décembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro La semaine s'achève sur une note baissière, alors que la décision de la Fed semblait bien accueillie mercredi. Les places financières subissent finalement des dégagements dans le sillage des valeurs technologiques, plus sensibles à la conjoncture et au loyer de l'argent.
Malgré l'approche de la trêve des confiseurs, la volatilité pourrait persister au gré des annonces sur la crise sanitaires, et ce après un cru 2020 d'exception.
Indices

Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei grappille 0.4% alors que le Shanghai Composite cède 0.9% et le Hang Seng 3.2%.

En Europe, le rouge domine également. Le CAC40 qui réalise à ce jour la meilleure performance annuelle, cède 0.93% sur les cinq derniers jours. Le Dax recule de 0.59% et le Footsie de 0.3%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal perd 1.4% sur la semaine, l'Espagne 0.8% et l'Italie 1.2%.

A l'heure de la rédaction de ce point hebdo, aux Etats-Unis, le Nasdaq100 signe la plus mauvaise performance (-3.30%). Le S&P500 recule de 1.50% et le Dow Jones cède 1.27%.



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Matières premières

Les investisseurs qui s'attendaient à ce que le ton plus austère de la Réserve Fédérale s'accompagne d'un rallye du dollar et d'une baisse des matières premières se sont mis le doigt dans l'?il cette semaine. Le marché s'est au contraire détendu après les clarifications de la Fed sur sa politique monétaire, permettant aux cours pétroliers de se stabiliser après un épisode de volatilité. Relevons par ailleurs que l'OPEP a rappelé qu'elle est prête à agir si la situation l'exige, même si le cartel qualifie l'impact du variant Omicron comme éphémère et de courte durée sur la demande mondiale de pétrole. Le Brent s'échange autour de 73.5 USD le baril tandis que le WTI se négocie au-dessus de 71 USD.

Fin de semaine presque parfaite pour l'or, qui repasse au-dessus de la ligne des 1800 USD l'once. Le métal doré profite à première vue de la baisse du billet vert mais également d'une hausse de la volatilité sur les marchés actions, où se succèdent de brèves séquences d'euphorie et de confusion. L'argent remonte également et se traite au-dessus de 22 USD.

Du côté des métaux de base, ces derniers ont fini la semaine en ordre dispersé. Le zinc et le plomb progressent légèrement à 3395 et 2355 USD tandis que le nickel et l'étain inscrivent une performance hebdomadaire négative à 19580 et 38700 USD la tonne métrique.
Marchés actions

- Elmos Semiconductor (+33%) : l'action a flambé cette semaine après l'annonce de la vente d'une usine de fabrication située à Dortmund à Silex Microsystems, pour 85 M€. Les analystes ont accueilli très positivement la nouvelle.

- Vifor Pharma (+30%) : le groupe de biotechnologie australien va déposer une offre amicale pour racheter son homologue suisse pour 10,9 MdsCHF. La proposition, libellée en dollars, correspond à environ 167 CHF par action. Le principal actionnaire du groupe de Saint-Gall, fort de 23,2% du capital, soutient le projet.

- Oracle (+16%) : l'action a bondi lundi après des résultats trimestriels très convaincants et le renforcement de son programme de rachat d'actions. Jeudi soir, une rumeur a commencé à circuler sur un intérêt pour l'éditeur de santé Cerner, qui pourrait être valorisé 30 Mds$.

- Rentokil (-17%) : le marché accueille avec prudence l'acquisition de l'américain Terminix pour 6,7 Mds$. La transaction sera en effet rémunérée pour 1,3 Md$ en numéraire et pour le solde en actions nouvelles Rentokil, provoquant une dilution élevée. Terminix est spécialisée dans la lutte contre les parasites.

- KE Holdings (-20%) : La société chinoise cotée à New York subit de sévères dégagements après avoir été brocardée par le fameux fonds baissier Muddy Waters, qui l'accuse de fraude. L'entreprise a démenti. Muddy Waters juge que KE gonfle artificiellement ses activités.

- Electricité de France (-20%) : douche froide pour les actionnaires, après un avertissement lancé par le groupe. EDF a découvert des défauts dans une centrale nucléaire et a fermé une autre centrale utilisant le même type de réacteurs, ce qui l'a conduit à réduire ses objectifs financiers 2021.




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Macroéconomie

Les principales banques centrales occidentales avaient placé une réunion de politique monétaire lors de la semaine du 13 au 20 décembre, histoire de passer tranquillement les fêtes de fin d'année. Mais n'allez pas croire que l'exercice s'annonçait de tout repos, puisqu'elles avaient à composer avec une équation fort complexe faite d'inflation, de taux plancher, de coronavirus, de marchés du travail en surchauffe, de croissance mondiale et que sais-je encore.

C'est la Fed, la banque centrale américaine, qui suscitait le plus d'attentes comme il se doit. Jerome Powell a expliqué que l'économie américaine est suffisamment vigoureuse pour se passer du plan de rachat d'actifs mis en place pour soutenir l'économie, qui sera achevé en mars prochain. En parallèle, la Fed a présenté un calendrier précis de hausse de taux. Il y en aura trois en 2022, puis trois autres en 2023 et enfin deux en 2024. La banque centrale accélère donc la cadence pour juguler l'inflation. En septembre dernier, elle songeait encore à ne donner qu'un tour de vis l'année prochaine. La réaction initiale des marchés a été positive, mais la nervosité l'a emporté à nouveau dès le lendemain, notamment sur le Nasdaq où les valeurs richement valorisées n'apprécient guère la perspective d'une liquidité moins abondante.

En parallèle, la Banque d'Angleterre a surpris le marché en relevant ses taux directeurs, alors que le variant Omicron submerge le Royaume-Uni. La BCE s'est pour sa part contentée d'un statu quo, en annonçant toutefois la fin progressive du programme de rachats d'actifs destiné à contrer la pandémie. Pour ne pas trop perturber les marchés, le programme de rachat préexistant sera toutefois renforcé. Ces décisions n'ont pas provoqué de mouvements de grande ampleur sur les taux. La dette américaine à dix ans se négocie autour de 1,4% et le Bund à -0,38%. L'OAT française reste en territoire légèrement négatif (-0,03%).

Sur le marché des changes, la débâcle de la livre turque continue face aux autres devises, notamment l'euro et le dollar. La banque centrale turque a encore réduit ses taux sous la pression du président Erdogan, à contre-courant d'une inflation galopante. L'euro est remonté à 1,13143 USD malgré la fermeté de la banque centrale américaine. La paire EUR/CHF s'échange à 1,04135 CHF, tandis qu'il faut 113,362 JYP pour 1 USD. La Banque du Japon a, elle aussi, tenu une réunion de politique monétaire cette semaine, sans changer ses taux mais en réduisant son plan de soutien à l'économie.
Sur le marché des cryptomonnaies, les fêtes de fin d'année s'annoncent moins joyeuses que prévues avec une percée dans le rouge qui a définitivement du mal à résorber. Une chute de plus de 30% depuis les sommets est venue semer le doute chez les acteurs du marché concernant la poursuite haussière pourtant bien installée depuis le début de l'année. Bitcoin n'arrive pas à reprendre son souffle lui non plus en se rapprochant dangereusement des 45 000$ à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Sur la semaine écoulée, les indices PMI manufacturier et des services de novembre ont marqué le pas par rapport aux attentes, sans doute affectés par la résurgence de la pandémie. Dans les jours qui viennent, le programme sera nettement moins chargé, Noël approchant. Les investisseurs garderont toutefois un ?il mercredi sur la lecture finale du PIB américain du T3 et surtout jeudi sur l'inflation PCE et les commandes de biens durables de novembre aux Etats-Unis.




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2021 restera un bon millésime

Ce jour des quatre sorcières marque donc la clôture de l'année boursière 2021.

Si vous hésitez actuellement entre voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, tâchons de garder à l'esprit que cette année restera un très bon millésime pour les investisseurs. A l'exception de certains indices asiatiques, les places boursières du globe affichent de copieux gains au compteur, avec des scores flatteurs pour le S&P500 (+24.30%), l'EuroStoxx50 (+18.2%) ou encore le CAC40 (+26.2%).

Et si vous rêvez d'un rallye de Noël sous le sapin, alors ne perdons pas de vue que les indices actions nous ont offert des records en pagaille cette année, que les entreprises réalisent des marges et des chiffres d'affaires record et que les banquiers centraux se plient en quatre pour paver le terrain aux financiers sur la trajectoire de leur politique. Finalement, nous avons peut-être eu notre Noël avant l'heure, ce qui aide à relativiser les derniers mouvements d'accordéon du marché.

Fêtes de fin d'année oblige, votre point hebdomadaire prend une pause pour reprendre le vendredi 7 janvier. Joyeux Noël et bonne année à tous !