Vendredi  8
janvier
Le point hebdo de l'investisseur
intro L'année 2021 commence en fanfare, avec des records tous azimuts, sur fond d'espoir de reprise économique lié aux campagnes de vaccination à travers le globe mais aussi aux vastes plans de relance budgétaire et au soutien des banquiers centraux. Cette semaine, les opérateurs ont notamment salué la victoire des démocrates au Sénat et la certification de Joe Biden par le Congrès, ce qui ouvre la voie à de nouvelles mesures de soutien aux ménages américains.
Indices

Sur la semaine écoulée, on assiste à une cascade de records.
En Asie, le Nikkei a terminé sur un plus haut de 30 ans (meilleure clôture depuis août 1990), enregistrant une performance hebdomadaire de 2.5%. Le Hang Seng s'est adjugé 2.3% et le Shanghai Composite 2.8%.

En Europe, à l'heure de la rédaction de ce point, le CAC40 grimpe de 2.6% sur les cinq derniers jours, tandis que le Dax évolue sur ses plus hauts historiques, engrangeant 2.5%. Avec l'accord de dernière minute post-Brexit, le Footsie s'envole de 6.2%, reléguant au second plan les nouvelles mesures de confinement national. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal performe de 7.8%, grâce aux valeurs liées à l'énergie et aux banques. L'Espagne s'adjuge 3.9% et l'Italie 2.4%.

Outre-Atlantique, les points hauts absolus s'enchaînent. Le Dow Jones enregistre une performance hebdomadaire de 1.5%, le S&P500 gagne 1.6% et le Nasdaq100 seulement 1%, les opérateurs redoutant un durcissement de la réglementation pour les géants technologiques.

Indice Euro Stoxx bancaire

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Matières premières

Le pétrole débute l'année sur les chapeaux de roue. L'optimisme perdure grâce à l'Arabie Saoudite, qui entend soutenir les marchés pétroliers en abaissant volontairement sa production sur les prochains mois. De quoi rassurer le marché alors que la reprise de la demande reste fragile. Dans ce contexte, le prix du Brent caracole au-dessus de 54 USD le baril tandis que le WTI s'échange au-dessus de 51 USD.

L'ambiance n'est pas à l'euphorie sur le compartiment des métaux précieux. L'or enchaîne une troisième séance consécutive de baisse à 1885 USD, pénalisé par l'appétit pour le risque des investisseurs. La dynamique est similaire pour l'argent, qui se traite à 26.5 USD l'once.

A l'instar du pétrole, le vert est aussi de vigueur sur le compartiment des métaux de base, qui se maintiennent sur leur plus haut niveau de 2020. Le cuivre progresse à un peu plus de 8000 USD la tonne métrique, le zinc revient à 2840 USD tandis que le nickel tutoie les 18.000 USD.
Marchés actions

Albemarle Corporation, est une entreprise mondiale de chimie dont le siège est à Charlotte, en Caroline du Nord. Sa capitalisation boursière dépasse 19.5 milliards de dollars. Elle occupe une position de leader sur les marchés du lithium, du brome et des catalyseurs de raffinage.

En 2019, ces trois secteurs d'activités se partageaient respectivement 37.8%, 28.0% et 29.6% du chiffre d'affaires de l'entreprise, mais le plus gros contributeur aux résultats est indubitablement le lithium, qui génère 50.6% de l'EBITDA. Il tient donc une place importante dans le processus opérationnel et dans la capacité d'Albemarle à générer de la trésorerie.
Cette semaine, le titre s'est envolé, affichant des performances cumulées de 23%, porté par l'augmentation de la demande de lithium. La société a d'ailleurs annoncé le 7 janvier qu'elle prévoyait d'investir entre 30 et 50 millions de dollars d'ici 2025 afin de doubler la capacité de production de son site de Silver Peak dans le Nevada. De plus, le groupe prévoit également de lancer un programme d'évaluation des argiles et autres ressources du Nevada pour la production commerciale de lithium.

Albemarle pourrait bien surfer sur les mégatendances de la mobilité verte et du stockage de l'énergie. En effet, le lithium constitue une ressource stratégique dans ces deux domaines. Les caractéristiques techniques du titre sont d'ailleurs haussières à court, moyen, et long terme, comme l'atteste le Screener Zonebourse.

Forte poussée du titre Albemarle Corporation

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Marché obligataire

Le rendement à 10 ans américain progresse sensiblement à 1.08%, une première depuis mars. Le marché s'attend à de plus grands stimuli avec le contrôle du Sénat par les démocrates.
En revanche, les rendements des emprunts souverains dans le reste du monde connaissent une stabilisation. L'Union Européenne et le Royaume-Uni ont réussi à conclure un accord commercial au dernier moment, mettant apparemment un terme à une tragicomédie qui s'éternisait. Cet accord, même partiel, vient freiner les velléités de hausse de taux. Le bund se négocie avec une rémunération de -0.52% et l'OAT française de -0.32%, malgré les inquiétudes concernant la rapidité de la mise en place des vaccins en Europe et la menace d'un blocage prolongé en Allemagne.

La dette italienne se traite sur une base de 0.52% alors que le Portugal et l'Espagne voient leur référence à 10 ans se prolonger sur la ligne symbolique du zéro.
La Suisse emprunte toujours sur une base très avantageuse à -0.53%. Enfin, la dette grecque est rémunérée à 0.58%.
Marché des changes

La pression sur le dollar persiste. La victoire des démocrates sur le contrôle du Sénat ouvre la voie à davantage de dépenses pour relancer l'économie, ce qui permet d'anticiper un risque plus accru d'inflation. Cette perspective a tendance à affaiblir davantage le billet vert qui se trouve sur la défensive contre toutes les monnaies principales. Le dollar revient ainsi sur des zones jamais traitées depuis plusieurs années comme l'EUR/USD à 1.23 ou encore l'USD/CHF à 0.88. Au niveau macroéconomique, le recul des créations d'emplois dans le secteur privé en décembre n'a pas favorisé la reprise du billet vert.

Le retour au confinement de toute l'Angleterre pour lutter contre la propagation de la nouvelle souche du coronavirus réduit l'enthousiasme de la part des investisseurs pour la livre, qui descend légèrement à 1.36 contre le dollar ou à 0.90 face à l'euro.
La décision, par les principaux pays exportateurs de pétrole, de réduire l'offre a contribué à faire grimper les devises liées aux matières premières, comme le dollar canadien et le rouble. Dans l'hémisphère sud, les monnaies australiennes et néo-zélandaises continuent d'être recherchées par les cambistes, grâce aux signes de reprise dynamique de la Chine.

Dans le domaine des cryptomonnaies, difficile de ne pas évoquer les records aussi bien sur le bitcoin que sur les milliers d'alcoins. Le bitcoin atteint des niveaux stratosphériques, qui ont frôlé les 40 000 USD, portant ainsi sa "market cap" à plus de 700 milliards de dollars. La hausse atteint 75% en 1 mois.

La parité USD/JPY évolue sur une zone charnière

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Statistiques économiques

En Chine, les indices PMI manufacturier et services Caixin ont tous deux raté le consensus, ressortant respectivement à 53 et 56.3 (contre 54.7 et 57.8). Ils confirment néanmoins la solidité de l'activité chinoise.

Concernant la zone euro, ces mêmes indices ont reculé à 55.2 et 46.4 (contre 55.5 et 47.4 attendu). Les autres publications macroéconomiques étaient globalement décevantes, à l'image de la chute de 6.1% des ventes au détail, de la baisse de 0.3% de l'indice CPI. L'indice PPI est en revanche ressorti en hausse de 0.4% alors que le marché anticipait 0.2%. Le taux de chômage se réduit à 8.3%.

Aux Etats-Unis, les chiffres étaient positifs. Les indices ISM manufacturier et services remontent à 60.7 et 57.2. Les commandes industrielles progressent de 1%. Au niveau de l'emploi, l'ADP a fait état de 123K destructions de postes dans le secteur privé et les données mensuelles font état d'un taux de chômage à 6.7%, avec 140K destructions d'emplois (consensus +60K) et un salaire horaire en hausse de 0.8% (consensus 0.2%).
2021 une année particulièrement "challenging"

Les investisseurs ont rarement débuté l'année avec autant d'interrogations en tête. Néanmoins, ces appréhensions ne transpirent guère dans les trajectoires ascendantes des indices, qui atteignent de nouveaux zéniths au quotidien. Les soutiens monétaire et budgétaire inédits, doublés du potentiel de rebond économique en vue, propulsent les actions. Certaines touchent de nouveaux sommets, tandis que les segments les plus cycliques de la cote profitent d'un fort élan de rattrapage.

L'itinéraire qui se dessine devant nous pour les douze prochains mois semble aventureux et génère de nombreuses questions. Les banques centrales vont-elles injecter autant de liquidités sur cette nouvelle année ? Les extensions budgétaires vont-elle continuer à faire baisser le billet vert et pourront-elles entraîner un retour de l'inflation ? Les vaccins constitueront-ils une réelle solution pour retrouver notre liberté ? Enfin, les tensions commerciales sino-américaines s'apaiseront-elles ?