Vendredi 24
mai
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont subi un retour de l'aversion au risque cette semaine, avec le regain de tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Les opérateurs ont ainsi effectué de nets dégagements, redoutant un impact substantiel sur la croissance mondiale.
Quelques achats à bon compte interviennent ce vendredi. D. Trump a indiqué qu'il restait confiant quant à la signature rapide d'un accord, lequel pourrait par ailleurs englober le contentieux Huawei.
Indices

Sur la semaine écoulée, le rouge domine des deux côtés de l'Atlantique.
En zone euro, le CAC40 a perdu 2.3%, le Dax 1.9% et le Footsie 1%.
Pour les pays périphériques, le Portugal, l'Espagne et l'Italie cèdent respectivement 0.5%, 1.1% et 3.4%.

Aux Etats-Unis, les valeurs technologiques et les pétrolières ont pesé sur la tendance. A l'heure de ce point, le Dow Jones enregistre une perte hebdomadaire de 0.9%, le S&P500 recule de 1.2% et le Nasdaq100 de 2.5%.

En Asie, le Nikkei perd 0.6%, le Hang Seng 2.2%, ce dernier revenant à seulement +5% depuis le 1er janvier. Quant au Shanghai composite, il cède 1%. Il enchaîne 5 semaines consécutives de baisse et vient de retracer 50% de son mouvement de reprise initié fin décembre (voir graphique). Il reste néanmoins en progression de près de 15% depuis le début de l'année, l'une des meilleures performances des grands indices, au coude à coude avec les indices suisse et allemand.

Indice Shanghai Composite

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Matières premières

Les cours du baril de brut ont fortement décroché cette semaine, lestés par le retour des inquiétudes sur l'équilibre offre/demande du marché. L'enlisement des négociations sino-américaines sur le front commercial, couplé à une série de statistiques macroéconomiques en demi-teinte, fait craindre à un ralentissement de l'économie mondiale, synonyme d'une moindre demande en hydrocarbure. Les problèmes structurels reviennent ainsi sur le devant de la scène, éclipsant les facteurs haussiers de plus court terme comme les tensions géopolitiques. Le cours du WTI chute de près de 8% à 58.5 USD.

Les métaux précieux se stabilisent et reprennent quelques couleurs malgré la nouvelle poussée du dollar américain. Le regain de volatilité sur les marchés actions profite au compartiment, à l'image de la progression de l'or et de l'argent qui gagnent respectivement 0.6% et 1.8% à 1285 et 14.5 USD.
Montée du protectionnisme, dégradation des PMI manufacturiers et hausse du billet vert ne font pas bon ménage sur le segment des métaux de base. Le cuivre perd 2.7% à 5860 USD la tonne. L'aluminium emprunte la même trajectoire à 1740 USD.

Graphique du Brent et du WTI

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Marchés actions

Under Armour

Basée à Baltimore, la compagnie américaine évolue dans le secteur de l'habillement sportif ou "sportwear". Elle fut fondée en 1996 par un ancien footballeur américain, Kevin Plank, d'où le nom Under Armour, signifiant sous l'armure. Cela prend tout son sens pour un pratiquant de football américain.
Débarquant en Europe au début des années 2000, la société sponsorise désormais des grands clubs ou des sportifs, notamment en France, avec le « Clermont Auvergne » en rugby et le judoka, Teddy Riner.

L'action a progressé de 13% sur les cinq derniers jours, ne subissant aucunement les déboires des indices. Cette performance récente porte l'avancée 2019 à 37% et place le titre dans les 20 meilleurs scores du S&P500.
Le titre possède d'excellentes notations Surperformance qui mettent en avant des récentes révisions haussières des bénéfices et une situation financière qualitative.

Forte résilience du titre Under Armour

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Marché obligataire

Le marché des emprunts d'Etats connaît une baisse supplémentaire des rendements. Les taux s'affichent au plus bas, à l'image du Tbond américain qui se traite sur une base de 2.37%. Cette tendance se vérifie sur l'ensemble des références obligataires souveraines. Le Bund tombe à -0.11%, s'établissant depuis plus de trois semaines sous le zéro symbolique, avec la montée du stress sur le commerce mondial et le Brexit. L'OAT en profite également, avec un taux de 0.28%. Les dettes espagnole et italienne en tirent profit aussi, enregistrant des taux respectifs à 0.83% et 2.59%. Les derniers propos conciliants de le ministre italien des finances permet le resserrement du spread avec le Bund.
Fortement inscrit en territoire négatif, le 10 ans suisse affiche un record à -0.45%. Inversement en Chine, et de manière légitime, la même référence se tend à 3.29%.
Marché des changes

Les cambistes gardent un oeil sur les tensions commerciales existantes. Dans ce contexte, il n'y a guère de monde pour parier sur une direction claire, pas même pour le dollar (le dollar index bloque à 98 points).
En parallèle, l'échec de Theresa May pèse sur la livre qui cède du terrain face à toutes ses contreparties (-500 points de base contre le dollar à 1.27 USD, un plus bas annuel). Les investisseurs craignent toujours un « Hard Brexit ».

L'euro a repris le chemin de la baisse au début des élections européennes. La monnaie unique se négocie sous les 1.12 face au billet vert.
Le yuan est au plus bas depuis 6 mois face au dollar à 6.90 CNY, le conflit commercial sino-américain continue à faire fuir les investisseurs en yuan. Dans ce contexte, le vice-gouverneur chinois a tenu à rassurer le marché, annonçant que la Chine disposait d'importants moyens pour faire face aux fluctuations non désirées de leur monnaie.
Enfin, le dollar australien était le grand perdant de la semaine, après le compte-rendu de la banque centrale qui a montré que l'institution tablait sur une baisse des taux d'intérêt en juin. L'Aussie se négocie à 0.69 USD, soit une baisse de 200 points de base.
Statistiques économiques

La confiance des consommateurs s'est légèrement redressée en zone euro, passant de -7.3 en avril (chiffre révisé) à -6.5 en mai. Néanmoins, les indices provisoires des directeurs d'achats ont déçu et plus particulièrement le secteur manufacturier qui se contracte davantage (47.7 contre 48.2 attendu). L'indice PMI des services a été moins affecté (52.5 contre 53.0 anticipé). L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne est également ressorti sous les attentes. Les bureaux de vote ont ouvert jeudi dans certains pays, pour les élections européennes.
Aux Etats-Unis, les ventes de logements neufs (673K) et existants (5.19M) ont reculé en avril, tout comme les commandes de biens durables (-2.1%) et les indices flash PMI (manufacturier 50.6, service 50.9). Les inscriptions hebdomadaires au chômage se sont établies à 211K et les stocks de pétrole brut à 4.7 millions (consensus -1.2M).

La semaine prochaine aucune statistique majeure ne sera publiée en zone euro. Outre-Atlantique, nous prendrons connaissance de la confiance des consommateurs (Conference Board), des promesses de ventes de logements, du PIB trimestriel et de l'indice Case Shiller. Comme chaque semaine, les stocks de pétrole et les inscriptions au chômage seront dévoilés. Puis, pour clôturer la séquence hebdomadaire, les indices PCE (inflation), les dépenses et revenus des ménages, l'indice PMI de Chicago et l'indice du Michigan, seront publiés.
Il y a des lignes à ne pas franchir

La guerre commerciale commence à fortement exaspérer les investisseurs. Concentré dans un premier temps sur les droits de douanes appliqués aux produits industriels, le conflit prend une autre dimension. Si l'inquiétude s'est manifestée sur le marché des changes avec la baisse du yuan, une nouvelle ligne a été franchie par Trump en amenant le conflit sur le plan technologique, avec l'interdiction au géant Huawei d'accéder au marché américain des télécoms. Chaque annonce pèse lourdement sur les indices, les opérateurs réagissant intensément aux répliques des américains ou des chinois, ces derniers pouvant jouer sur la consommation de terres rares puisqu'ils sont à l'origine de 90% de la production mondiale.

La phase de consolidation des marchés actions transpire donc cette inquiétude de la surenchère des sanctions pouvant entraîner à terme, comme le souligne le FMI, un ajustement baissier de la croissance planétaire.