Vendredi  5
mars
Le point hebdo de l'investisseur
intro Dans un contexte d'amélioration des perspectives économiques et de craintes inflationnistes, les rotations sectorielles se sont poursuivies cette semaine sur les marchés, les opérateurs continuant de délaisser les valeurs technologiques au profit d'actifs plus cycliques. Faisant ainsi preuve de nervosité avec la nouvelle appréciation des marchés obligataires, les places financières gardent néanmoins un cap haussier, l'appétit pour le risque surgissant à la moindre consolidation.
Indices

Sur la semaine écoulée, les grands indices ont évolué en ordre dispersé. En Asie, le Hang Seng a grappillé 0.3% tandis que le Nikkei s'effrite symétriquement de 0.3% et le Shanghai Composite de 0.2%.

En Europe, le CAC40 engrange 1.6% avec les valeurs liées aux matières premières et aux financières. Le DAX grimpe de 1.2% et le Footsie de 2.6%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Espagne s'adjuge 1.2%, l'Italie 0.7% et le Portugal recule de 0.3%.

Aux Etats-Unis, la hausse du TBond a pesé sur le compartiment des technologiques, à l'image du Nasdaq100, qui recule de 4.6% sur les cinq derniers jours. Le S&P500 cède 1.5% alors que le Dow Jones est stable.

Correction du Nasdaq100

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Matières premières

L'OPEP+ a créé la surprise cette semaine puisque l'Organisation élargie a décidé de ne pas augmenter sa production. Le cartel se veut prudent sur l'évolution de la demande. Cerise sur le gâteau, l'Arabie Saoudite poursuit unilatéralement ses efforts et prolonge d'un mois ses coupes d'un million de barils par jour. Par conséquent, les prix du brut se sont vivement appréciés pour atteindre de nouveaux sommets annuels. Le Brent se rapproche de la barre des 70 USD tandis que le WTI s'échange autour de 65 USD le baril.

Hausse des rendements obligataires et hausse de l'or ne font pas bon ménage. Les taux d'intérêt réels des bons du Trésor américain continuent d'augmenter, ce qui pèse sur l'or. La relique barbare termine ainsi la semaine au plus bas à 1700 USD. Ce n'est pas mieux du côté de l'argent, qui perd également du terrain à 25.2 USD.

L'heure est désormais à la consolidation sur le segment des métaux industriels, une pause plus que légitime après le rallye réalisé par l'ensemble du compartiment. Le cuivre revient à 8730 USD, le nickel chute violemment à 16100 USD tandis que l'aluminium se négocie à 2160 USD la tonne.
Marchés actions

Dirigeons nous cette semaine au Japon avec Nikon Corporation dont la capitalisation boursière s'élève à 3.2 milliards de dollars et pour qui 2021 est pour l'instant synonyme de rallye haussier. En effet, le titre s'est littéralement envolé puisqu'il a gagné plus de 43% depuis le début de l'année.

Grand nom des équipements photographiques et optiques, le groupe conçoit, fabrique et commercialise lui-même ses produits. D'un point de vue géographique, ses revenus sont principalement générés aux Etats-Unis (34% de son CA en 2020), en Chine (24.3%), au Japon (16.7%) et en Europe (13%). Ses ventes dans le reste du monde génèrent 16.9% de son CA. Outre la diversité géographique de ses sources de revenus, l'entreprise est également diversifiée en termes de secteurs d'activité puisque l'optique de précision (lithographie notamment) constitue 40.6% de son CA, les "équipements vidéos" 38.2%, les équipements industriels 10.7% et les produits de santé (optique et imagerie médicale) 10.5%.

Malgré une conjoncture économique difficile et une diminution du chiffre d'affaires de 24.9% en 2020, le groupe a su conserver une trésorerie importante de près de 1.9 milliard de dollars, ce qui laisse présager de bonnes capacités d'investissement et d'une certaine résilience dans les périodes de turbulences.

Trajectoire ascendante du titre Nikon

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Marché obligataire

Le rendement du dix ans américain fait la une de l'actualité et se rapproche à nouveau de la ligne symbolique des 1.60%. Cette reprise ascendante des rendements se confirme également en Europe avec une OAT française à -0.08 % et un Bund allemand à -0.25%. Toujours sur le plan continental, la BCE vient d'annoncer qu'elle ne tolérerait pas que les taux montent trop vite et mettent en péril la stratégie de l'institut. Elle pourrait, par conséquent, augmenter les rachats d'obligations afin de faire baisser les taux. L'accentuation de la courbe des rendements semble donc être indésirable. Malgré tout, ces interventions verbales institutionnelles ont peu d'effet en cette fin de semaine sur le comportement des références souveraines obligataires. L'Italie et l'Espagne de leur côté, voient aussi le coût de leur dette s'élever respectivement à 0.70% et 0,33%.

En Asie, l'administration des taux se perpétue au Japon avec l'avertissement de la BOJ, prête s'il faut à intervenir pour défendre son objectif de rendement, si ceux-ci venaient à augmenter. Les spécialistes estiment qu'elle pourrait intervenir si le rendement de l'obligation d'Etat à 10 ans approchait les 0.20%.


Récente poussée du 10 ans américain

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Marché des changes

Après plusieurs semaines de volatilité, le marché des devises a retrouvé un peu de calme. Les traditionnelles valeurs refuges ont été délaissées par les cambistes, privilégiant une nouvelle fois les monnaies plus cycliques. C'est ainsi que le franc suisse et le yen continuent leur glissade face à leurs contreparties majeures. L'EUR /CHF se traite sur un plus haut de deux ans à 1.11 CHF et le parcours se duplique sur la parité EUR / JPY à 129 JPY.

Outre-atlantique en revanche, le dollar reste bien orienté grâce en partie à la tension sur les taux longs. Le billet vert se trouve aidé aussi par de bons chiffres économiques et des perspectives d'embellie pour l'économie des Etats-Unis. Le billet vert se ressaisit à la fois contre la monnaie unique en repassant largement sous les 1.20 USD et contre le yen à 107 JPY. Face à la livre sterling, le câble rebondit à 0.72 GBP (+200 points de base de plus que le récent plus bas).

Du côté de l'hémisphère sud, le dollar australien garde le cap haussier, trajectoire ascendante qui trouve un relais avec la publication d'un excédent commercial historique sur janvier. Le kiwi se traite sur une base de 0.789 USD.
Statistiques économiques

Que ce soient les chiffres officiels ou Caixin, les indices PMI manufacturier et services ont mis en évidence un ralentissement de la croissance de l'activité chinoise. Ils ressortent à respectivement 50.6 et 51.4 (50.9 et 51.5 pour les indices Caixin).

En zone euro, ces mêmes indices ont dépassé les attentes à 57.9 et 45.7. Le taux de chômage retombe à 8.1%, l'indice des prix à la consommation progresse de 0.9%, celui des prix à la production de 1.4%. En revanche, les ventes au détail chutent de 5.9% en janvier (-4.5% en Allemagne).

Aux Etats-Unis, l'ISM manufacturier (60.8) a dépassé les attentes, mais l'ISM services retombe à 55.3 (58.7 le mois dernier). Les dépenses de construction progressent de 1.7% et les commandes industrielles de 2.6%.
Concernant l'emploi, si l'ADP a déçu (seulement 117K créations d'emplois dans le privé), le rapport mensuel a fait état d'un taux de chômage à 6.2%, avec 379K créations d'emplois (49K le mois dernier) et un salaire horaire en hausse de 0.2%.
Inquiétudes sur les taux

La campagne de vaccination, même si elle n'est pas homogène suivant les pays, prouve son efficacité. L'épidémie recule et les économies reprennent des couleurs avec des perspectives bénéficiaires en hausse spectaculaire pour cette année.

Après une récession, caractérisée comme étant la plus violente de l'après-guerre, mais aussi la plus rapide, les espoirs de reprise ravivent les craintes inflationnistes. Le marché obligataire se tend, amorçant ainsi un virage. Chez les investisseurs, l'interrogation réside par conséquent dans le fait de savoir si les banques centrales pourront affronter ces vents contraires et continuer à administrer encore longtemps les taux, environnement qui favorise ainsi l'endettement massif des Etats.